Le Guide - Législatives 2024

Économie : le FMI remet une couche sur la pension et la dette publique

À l’agenda, un relèvement de l’âge de la retraite pour la BRP de 60 à 65 ans, avec en complément le « targeting of benefits to the most vulnerable elderly »

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Le FMI doute de la capacité de Maurice de réduire la dette publique de 80% à 65% d’ici à juin 2026

À moins d’une semaine de la présentation du budget 2024/25, soit la baguette magique politique du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avant les prochaines élections générales, le Fonds monétaire international (FMI) est venu jeter un pavé dans la mare. Les deux volumes du Mauritius Country Report (Nos 2024/139 et 2024/140, découlant des Article IV Consultations du 9 au 18 janvier dernier menées par la cheffe de mission Mariana Colacelli et publiés officiellement en début de soirée d’hier, ont projeté en première ligne des sujets Electorally-Hot Potatoes. Mais tout semble indiquer que les recommandations de la mission du FMI et endossées par le Board de cette dernière institution le 15 mai dernier ne devront pas être retenues pour le cinquième et ultime budget de la présente législature. En gros, le FMI remet une couche au chapitre de la pension de retraite, avec l’âge de la qualification pour la Basic Retirement Pension (BRP) relevé de 60 à 65 ans avec un complément de ciblage pour l’assistance sociale aux plus vulnérables. Au titre de la dette publique, le FMI ne partage nullement l’approche du gouvernement ayant pour objectif de réduire de 80% à 65% du Produit intérieur brut (PIB) d’ici à juin 2026. Et le troisième volet concerne une révision de la politique fiscale avec un « lowering of the minimum income tax paying threshold and increasing the top rates ».

En tout cas, compte tenu de la conjoncture politique, avec les prochaines élections législatives devenues incontournables, le rapport du Fonds monétaire international ne devra pas trouver preneur aux yeux du ministre des Finances. Ces recommandations pourraient être enterrées dans un tiroir le temps de la campagne électorale, vu leur dimension politique extrêmement toxique.

D’abord, au chapitre du volet de la Basic Retirement Pension, le FMI revient à la charge avec la nécessité d’une réforme alors que du côté de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, ce thème de la révision à la hausse des barèmes de pension est un argument majeur dans le discours électoral. Cette prise de position du FMI pourrait également être retournée, le gouvernement réaffirmant que « nou defann ou pansion, ki FMI pa dakor. »

Le Staff Report du FMI note que « Pension system reform remains key to support fiscal sustainability, especially given the ageing of Mauritius’ population. Reforms to shore up the sustainability of the system should be considered, such as:

« gradually increasing the Basic Retirement Pension (BRP) eligibility age from 60 to 65—entailing potential savings of about 1.4 percent of GDP while targeting benefits to the most vulnerable elderly;

 » keeping the Contribution Sociale Généralisée (CSG) pension benefits fixed at the current level over the medium term for those aged between 65 and 75—with potential savings of 0.4 percent of GDP, while keeping the BRP benefit fixed until it reaches 20 percent of average wage; and

reforming the CSG to collect contributions from workers and provide benefits only to contributors. »

Par ailleurs, la question de la dette publique a également été commentée dans ce dernier rapport du FMI, passant en revue l’état de l’économie, notamment avec la reprise post-Covid mise en exergue. Toutefois, la mission Colacelli souligne que « over the medium term, fiscal policy should pursue growth-friendly fiscal consolidation to reduce public debt. »

Le FMI affiche la prudence, voire le doute, devant la politique déclarée du gouvernement de réduire la dette publique de 80% du Produit intérieur brut (PIB) à 65% d’ici à juin 2026. « The fiscal space is at risk and the authorities aim to reduce public debt to about 65 percent of GDP by mid-2026. While this level of public debt could be an appropriate anchor to ensure medium-term macroeconomic stability in the context of elevated global interest rates, achieving it within two years looks challenging—including due to its potential growth impact—as it would require fiscal adjustment of about 6,7 percent per year », fait ressortir le FMI.

En contrepartie, le Staff Report est plus en faveur de « a more gradual path, targeting achieving 65 percent in the public debt-to-GDP ratio by mid-2029, could be feasible and more growth friendly—implying a fiscal adjustment in the overall primary balance of about 2.3 percent of GDP per year on average, relative to staff baseline where debt ratio is close to 80 percent. » À cet effet, la gamme de mesures préconisées par le MIO comprend, entre autres: « an increased tax revenue (+1 percent of GDP yield) and cut current spending (+1,3 percent of GDP savings). « 

Cette question de la gestion de la dette publique ouvre la porte à une réforme de la fiscalité car du point de vue du FMI, la marge de manoeuvre pour augmenter la collecte des recettes fiscales existe. « Tax revenue in Mauritius—at 21 percent of GDP in FY22/23—is estimated to be at about  6 percent of GDP below its potential, based on cross-country analysis. Measures to increase tax revenues (and their expected yield) could include (i) removing zero-rating for VAT and reducing the VAT threshold (0,2 percent of GDP); (ii) lowering the minimum income tax paying threshold and increasing the top rates (0,8 percent of GDP); and (iii) streamlining the CIT exemption regime for offshore companies (3,5 percent of GDP for all tax expenditures in Mauritius, including CIT exemption), » préconise le FMI, qui fait abstraction du fait que le prochain budget est présenté contre un Backdrop de surenchères électorales.

Face à la demande du FMI pour une amélioration de l’efficience sur le plan fiscal, les autorités concèdent que « there is room to increase domestic revenue mobilization and noted that tax revenue could reach at least 25 percent of GDP. They consider that there is room to make the corporate income tax more progressive and mobilize more revenue from some specific sectors. The authorities also noted that they have taken preemptive measures to address any challenges from the potential implementation of the global minimum tax. »

Le FMI se fait également partisan d’une réduction du train des dépenses publiques. « Current spending could be reduced. As growth has rebounded, unemployment has fallen, and inflation has receded, the authorities should consider a gradual and targeted phasing out of the CSG income allowance scheme (0.6 percent of GDP). Housing and loan subsidies could also be streamlined to help preserve financial stability. These measures should be informed by appropriate targeting to ensure that vulnerable groups remain protected », indique encore le rapport.

Dans son rapport de 74 pages, le FMI consacre un paragraphe à la problématique des prix du carburant à la pompe, soit « adjustments of domestic fuel prices in line with the existing automatic price mechanism have been implemented regularly and should continue. This will be important to protect fiscal space, while using targeted transfers to mitigate the impact of price increases on the most vulnerable, reducing the need for budgetary transfers to the State Trading Corporation (STC). « 

Certes, la dernière édition du Staff Report des Article IV Consultations du Fonds monétaire international sera diversement commentée pendant la période de la campagne électorale mais gagnera en pertinence avec l’installation du nouveau gouvernement, issu des urnes au plus tard au cours du début du deuxième trimestre du prochain exercice financier.

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