La réglementation sur la REP (Responsabilité élargie du producteur) deviendra graduellement une réalité et l’industrie mauricienne devra se réinventer pour entrer de plain-pied dans l’économie circulaire. Pour ce faire, Business Mauritius, en collaboration avec l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) et Made in Moris, a organisé une conférence dans le cadre du Club des Entrepreneurs de l’Économie circulaire, qui a rassemblé des acteurs clés du secteur privé, du gouvernement et des experts en développement durable et en recyclage.
La REP est un principe imposé aux producteurs de biens de consommation de prendre en charge la gestion de leurs produits en fin de vie. Il s’agit d’une approche globale qui vise à réduire la production de déchets, à favoriser le recyclage et à promouvoir une économie circulaire. Amandine Hardowar de Rosnay, Head of Sustainability and Inclusive Growth à Business Mauritius, Gregory Martin, consultant chez Mautopia et Anya Dundoo, Project Manager à l’AMM et Made in Moris, ont partagé leurs réflexions sur le sujet. Également présente, Christiane Albert, secrétaire générale du SICR et de l’association Green qui a présenté l’importance de la REP pour la transition vers une économie plus durable, notamment les enjeux liés à la gestion des déchets, à l’écoconception des produits et à la promotion de l’économie circulaire.
Amandine Hardowar de Rosnay a évoqué les dernières avancées sur le plan des annonces gouvernementales et s’est réjouie de la collaboration secteur privé/gouvernement. Elle a dit qu’il y a beaucoup de travail à mettre en place sur le plan de la REP, précisant que l’un des points forts du budget demeure la classification des recycleurs comme industries manufacturières. « La REP est basée sur le principe de pollueur-payeur et fait que l’emballage d’un produit puisse être récupéré dans un cercle vertueux et remis dans l’économie pour éviter que ces déchets finissent dans un site d’enfouissement. Cela fait quelques années que nous en discutons au sein de Business Mauritius et aussi avec le gouvernement. La mise en œuvre dépendra des filières. Donc, nous commençons par une première filière. Celle annoncée dans le budget concerne l’électronique et les acteurs de cette industrie sont tout à fait prêts à jouer leur rôle et à faire ce qu’il y a faire », fait-elle comprendre.
Caroline Rault de Business Mauritius a parlé d’une rencontre avec le ministère de l’Environnement et souligné que huit réglementations sont en préparation. Elle accueille avec satisfaction le fait que, suivant un appel d’offres, la compagnie Sotravic va investir et construire deux centres de tri, l’un à L’Aventure et le second à La-Chaumière. Le gouvernement va fournir les déchets ménagers et Sotravic va opérer ces centres de tri qui devraient être opérationnels d’ici novembre 2026. Elle a également parlé du plan de « verticalisation » pour Mare-Chicose, qui nécessitera des investissements de Rs 3 milliards. Pour sa part, Anya Dundoo a expliqué qu’au sein de l’AMM, un travail se fait sur « la consolidation, l’accompagnement et l’amplification de la transition écologique des entreprises ». Pour ce faire, certains projets spécifiques sont ciblés car ils amènent de l’impact positif, notamment ceux opérant dans l’économie circulaire. « Nous travaillons avec nos adhérents sur un projet pilote de REP, principalement sur les emballages plastiques. Ces entreprises souhaitent s’engager pour récupérer ces produits plastiques, les remettre en circulation ou les retraiter en matière première de seconde main. Nous travaillons aussi avec notre réseau en général pour les accompagner dans cette transition grâce à des formations sur le développement durable, dont une spécialement dédiée aux marques locales qui va débuter dans quelques jours. »
En gros, il s’agit pour l’AMM de comprendre et capter les flux de déchets chez ses adhérents, afin de les rediriger vers d’autres membres qui peuvent traiter ces déchets pour fabriquer de nouveaux produits, plutôt que de les voir finir dans des centres d’enfouissement.
Gregory Martin a mis l’accent sur la nécessité de développer une économie circulaire bien locale. Les entrepreneurs locaux sont prêts à engager le pays dans cette « nouvelle économie », selon lui. « La gestion des déchets a un coût, mais on peut transformer les déchets en postes de revenus. Cette dynamique est en train d’émerger grâce aux efforts de Business Mauritius, de l’AMM et des entreprises de recyclage qui commencent à opérer dans le pays. »
Le consultant de Mautopia a soutenu que les industriels n’ont pas attendu une réglementation et que depuis quelques années déjà, ils ont commencé à investir dans le recyclage. « Le recyclage, c’est bien, mais ce qui est mieux c’est de créer le moins de déchets possible. D’ailleurs, l’AMM a financé tout un programme d’écoconception pour mieux produire et donc générer moins de déchets », a-t-il expliqué. Selon lui, l’industrie mauricienne, « est capable de se réinventer. » Il a affirmé que vu qu’avant 2026, le tri sélectif à la source deviendra une réalité « cela va changer toute la dynamique et ramener de la résilience pour le pays. »