La mission Colacelli: “Policy discussions centered on recalibrating the macroeconomic policy mix to rebuild fiscal space, strengthening the monetary policy framework, and maintaining financial stability »
L’économie mauricienne connaîtra un ralentissement en 2025 en raison de l’affaiblissement de la demande extérieure, de celle de l’activité touristique, et de la sécheresse. Le taux de croissance passera de 4,7% en 2024 pour atteindre 3% en 2025. Telles sont les principales conclusions des Article IV Consultations, menées Mariana Colacelli, qui a dirigé une mission à Maurice du 31 mars au 11 avril.
La délégation du FMI estime que Maurice doit recalibrer le dosage de ses politiques macroéconomiques afin de reconstituer sa marge de manœuvre budgétaire. « “Policy discussions centered on recalibrating the macroeconomic policy mix to rebuild fiscal space, strengthening the monetary policy framework, and maintaining financial stability, » note le communiqué officiel, marquant la fin de ces consultations.
Mariana Colacelli fait état de la mise en œuvre de réformes clés visant à favoriser la compétitivité extérieure et une croissance tirée par le secteur privé, tout en renforçant la résilience climatique, avec pur objectif de réduire les déséquilibres extérieurs.
S’adressant à la presse hier, Marianna Colacelli a noté que le PIB réel a enregistré une solide croissance de 4,7% en 2024, tirée par les services, la construction et le tourisme. Les perspectives de croissance sont favorables, soutenues par le secteur des services. Cependant, la croissance du PIB réel devrait connaître un ralentissement à 3% en 2025 en raison de l’affaiblissement de la demande extérieure, du ralentissement de l’activité touristique et de la grave sécheresse.
« L’inflation globale devrait rester contenue en 2025. Elle a reculé en 2024, passant de 7% en 2023 à 3,6%. L’inflation s’établissait à 2,5% en mars, restant dans la fourchette cible de 2 à 5% de la Banque de Maurice (BoM), grâce à la baisse des prix internationaux des produits alimentaires et de l’énergie, et à la baisse des droits d’accise sur les carburants », fait-elle comprendre. Le déficit du compte courant extérieur devrait s’être creusé en 2024, tandis que les réserves de change ont atteint USD 8,4 milliards fin 2024.
Le FMI considère aussi qu’une détérioration de la croissance mondiale et une incertitude accrue sur les marchés commerciaux et financiers pourraient freiner la croissance. Tout retard dans le réajustement du dosage des politiques macroéconomiques pourrait entraîner un ajustement désordonné. Les événements climatiques extrêmes pourraient en outre endommager les infrastructures et l’agriculture, affaiblissant le tourisme et la croissance.
Les discussions politiques ont porté sur le réajustement du dosage des politiques macroéconomiques afin de reconstituer la marge de manœuvre budgétaire, de renforcer le cadre de politique monétaire et de maintenir la stabilité financière. Comme pour l’exercice 2023/24, le FMI estime que la politique budgétaire devrait être expansionniste pour l’exercice 2024/25, le déficit budgétaire primaire devant se creuser à 6,6% du PIB, excluant l’aide étrangère. La dette publique devrait atteindre près de 90% du PIB fin juin.
La mise en œuvre d’un ambitieux plan d’assainissement budgétaire à moyen terme, propice à la croissance, à compter de l’exercice 2025/26, est essentielle pour reconstituer la marge de manœuvre budgétaire et soutenir la viabilité budgétaire. Il est nécessaire d’accroître les recettes fiscales et de réduire les dépenses courantes, tout en protégeant les plus vulnérables, et de renforcer la gouvernance budgétaire.
« Depuis 2023, la politique monétaire est devenue moins accommodante et l’inflation a diminué pour atteindre la fourchette cible de la Banque de Maurice. La BoM devrait se tenir prête à resserrer davantage sa politique monétaire en cas de regain des pressions inflationnistes. La mise en œuvre du cadre de politique monétaire devrait être renforcée et l’indépendance de la BoM doit être préservée. La conservation des réserves de change renforcera la résilience de l’économie face aux chocs externes. Nous soutenons le projet des autorités de se désengager progressivement de la participation de la BoM dans la Mauritius Investment Corporation », a-t-elle ajouté.
Mariana Colacelli met l’accent sur l’importance d’une surveillance continue des risques macrofinanciers, notamment ceux associés aux entreprises mondiales opérant sur le centre financier international de Maurice et au secteur immobilier, permettra de maintenir la stabilité financière. La mise en œuvre de réformes structurelles visant à favoriser la compétitivité extérieure et une croissance tirée par le secteur privé, tout en renforçant la résilience climatique, réduira les déséquilibres extérieurs.
Des réformes clés amélioreront en outre la gouvernance, garantiront le respect des normes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (AML/CFT), stimuleront la compétitivité du secteur privé et amélioreront l’offre de main-d’œuvre et les compétences.