Échiquier Politique : Lalit réclame la reconnaissance formelle du Kreol et du Bhojpuri

Lalit présente son programme électoral sous différents thèmes. Le dernier en date est celui sur la langue maternelle. Tout en indiquant que le parti est parmi les pionniers dans le kreol écrit depuis 1976, Lalit présente ses recommandations en faveur de la langue maternelle en six points, notamment, que le Kreol Repiblik Moris et le Bhojpuri soient inscrits comme langues nationales dans la Constitution.

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Écrire dans la langue maternelle est une manière de reconnaître qu’il s’agit de l’outil naturel pour faire travailler l’esprit et en même temps, de prendre position contre le colonialisme, précise Lalit, ajoutant qu’écrire dans sa langue maternelle est également un moyen de résister au colonialisme. « Nous le faisons car nous avons une philosophie égalitaire, en termes de classe », affirme ce parti politique. Mais par-dessus tout, souligne le document, l’utilisation dans la langue maternelle relève de la reconnaissance qu’il s’agit de l’outil naturel pour laisser travailler l’esprit.

Les autres partis politiques, indique Lalit, n’ont pas eu à surmonter tous ces obstacles. « Depi formasyon Lalit, nou finn milite pou gard langaz maternel lor azanda politik, e li santral dan nou program delit. Anmemtan nou servi li, nou fer kanpagn pou li servi partou. Nou sirtou promouvwar li an form ekrit. E nou finn gagn boukou viktwar. Langaz Kreol finn rant dan lekol kouma size. Ena boukou liv an Kreol. Mwins dimounn opoz li », fait ressortir Lalit.

Partant de ce constat, Lalit élabore son programme en faveur de la langue en six points. En premier lieu, que le Kreol Repiblik Moris et le Bhojpuri soient inscrits dans la Constitution comme langues nationales. Lalit propose de lever l’interdiction de l’utilisation du kreol à l’Assemblée et dans les autres instances démocratiques. « Utiliser le kreol dans un lieu, aussi symbolique que l’Assemblée nationale, serait un signe que nous ne sommes plus colonisés », fait ressortir cette formation politique.

De plus, utiliser le kreol à l’Assemblée nationale serait aussi le témoignage que la langue de la classe ouvrière est égale à celle des autres travailleurs dans le monde. « Plusieurs membres de notre équipe ont déjà traduit les Standing Orders en kreol. L’aspect technique doit être développé en même temps que le kreol est utilisé à l’Assemblée nationale. Cela ne peut se faire avant. Car il faudra développer une Database, au fur et à mesure que la langue maternelle sera utilisée au Parlement », prône Lalit.

Dans le même ordre d’idées, Lalit plaide pour l’utilisation de la langue maternelle dans d’autres instances démocratiques comme l’Assemblée régionale de Rodrigues, l’Agalega Island Council et le Chagos Island Council, ainsi que les conseils de districts et municipaux.
Lalit est également en faveur d’une révision du système légal et judiciaire, pour inclure le kreol : « Tous les lois et règlements officiels doivent être traduits en kreol. Il ne s’agit pas d’un rêve, mais d’une réalité déjà en cours. » Des militants de Lalit ont été parties prenantes dans des traductions de certaines lois touchant l’ensemble de la population. De même, le parti souligne que d’après les dispositions légales actuelles, le judiciaire est censé utiliser la langue comprise par tous, pour les Proceedings en Cour. Toutefois, cela n’est pas appliqué. « C’est toujours l’anglais qui est utilisé et dans certains cas, le français », dénonce Lalit.

Par ailleurs, Lalit estime aussi que le Registrar of Associations doit agir pour lever l’interdiction d’utiliser le kreol pour les Minutes. Le parti est d’avis que cette interdiction est une atteinte à la liberté d’expression. « Cette interdiction vient bafouer les droits démocratiques et représente une entrave à la mémoire collective, en tant qu’association », poursuit Lalit dans son programme électoral.

L’utilisation de la langue maternelle dans l’éducation demeure également l’une des revendications constantes de Lalit. Dans le programme électoral, l’utilisation du kreol comme médium d’enseignement demeure une priorité. Le parti rappelle que dans le colloque de LPT en 2023, de nombreux pédagogues et intellectuels ont soutenu la position de Lalit à ce sujet. « Dans un premier temps, pour assurer la transition, il est possible de garder les manuels, ainsi que les examens en anglais, en même temps que le kreol », affirme cette formation.

La langue maternelle comme médium, insiste Lalit, permettra de jeter les bases pour que les enfants atteignent le haut niveau sur le plan cognitif et multilingue. « Kan servi lang maternel, li permet zanfan briyan servi so kapasite reflesi lor konsep abstre dan enn fason natirel, alor li nepli bizin aprann par ker, me plito fer dediksyon, mannye abstraksyon, artikil diferan konsep syantifik, devlop enn lespri larz e akerir enn kapasite reflesi profondeman», fait ressortir Lalit.
L’utilisation de la langue maternelle favorise également la créativité. De même, elle permettra d’atteindre les 100% au niveau de la litéracie. Toute langue additionnelle sera développée au même niveau en même temps que le kreol. La langue maternelle servira alors de base pour la construction d’autres compétences linguistiques. « Bizin viz milti-lingwis a ot nivo baze lor lang maternel. Sa pou ed tu kategori zelev. Sa 97% ki fel dan Extended Program dan National Certificate Examination, enn kote, pou benefisye parski zot puu atenn literesi e devlop zot lespri. E tou lorea, zot osi, lot kote, pou benefisye parski zot pa pou zis aprann par ker, kouma peroke dan enn langaz ki pa natirel pou zot », recommande ce parti politique.

L’État aura également son rôle à jouer dans ce processus de décolonisation, fait valoir Lalit. Non seulement pour convertir le médium d’enseignement de l’anglais au kreol, mais aussi pour répertorier les productions intellectuelles en kreol et les valoriser. Lalit a déjà commencé ce travail et une liste d’œuvres littéraires en kreol est déjà disponible pour l’enseignement du kreol en HSC. Dans ce même esprit, le parti est pour la création d’un fonds, par l’État, afin de permettre le collectage des histoires et folklores, en kreol et en bhojpuri. La mise sur pied d’un département traduction et terminologie, au ministère de l’Éducation, est aussi suggérée.

Finalement, Lalit relève de nouveaux défis dans la reconnaissance du kreol. L’utilisation de règles grammaticales du français, en particulier, dans l’écriture kreol, dans certains milieux, est ainsi dénoncée.

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