Cette semaine se termine par une énième douche froide pour les consommateurs, avec une nouvelle hausse du prix de l’essence et du diesel. Leur coût était déjà élevé, soit à Rs 67,40 et Rs 49,60 respectivement, et voilà qu’il passe désormais à Rs 74,10 et Rs 54,55. On se demande jusqu’où ira cette flambée des prix du carburant. Alors que les entreprises, tout comme les voyageurs et les automobilistes, s’arrachent les cheveux, la STC, elle, prend un malin plaisir à retourner le couteau dans la plaie en nous informant que si elle n’était pas obligée de se limiter à une hausse de 10%, conformément à la loi, l’essence serait passée à Rs 76,47 le litre et le diesel, à Rs 69,11.
La STC concède donc apparemment une perte de Rs 2,06 sur le litre d’essence et de Rs 12.66. On dirait que l’on devrait dire merci à monsieur le directeur de la STC, en attendant qu’il nous écorche davantage lors du prochain exercice du PPM, qui se rencontre désormais tous les deux mois, au lieu de trois mois auparavant. Il semble que le Price Stabilisation Fund ait été réduit à néant. Concédons que la STC n’a pas de cadeau à nous faire et qu’elle doit acheter le carburant au prix du marché, c’est-à-dire à Rs 39,4197 (CIF) lors de la dernière livraison des produits pétroliers, contre Rs 37,2056 en avril dernier.
Le problème, c’est qu’alors que nous nous serrons la ceinture en raison de la dépréciation de la roupie, qui fait que la STC achète le dollar au taux de Rs 43,50, le gouvernement, lui, voit ses revenus découlant de la TVA augmenter à chaque augmentation des prix. Ainsi, les revenus de la TVA sur le prix de l’essence sont passés de Rs 6,61 en septembre 2021 à Rs 7,2717 en décembre, puis à Rs 7,9951 en février dernier, à Rs 8,7913 en avril et à Rs 9,66 ce mois-ci. Le seul grand gagnant, dans cette opération, est donc le gouvernement, qui n’a jusqu’ici pas bronché face à la demande générale de revoir les structures des prix.
Pour ce mois-ci, les taxes et les prélèvements par litre d’essence sont estimés à Rs 34,68. Dans d’autres pays, et pas des moindres, les autorités ont baissé la taxe sur le carburant afin de permettre aux consommateurs de souffler. Mais ici, il semble que quelqu’un, quelque part, se plaît à nous asphyxier. Rajiv Servansingh, directeur de la STC, semble opter pour le ralentissement économique en préconisant une semaine de quatre jours. Il suggère que les automobilistes restent un jour à la maison pour Work at Home.
Dans le même temps, Navin Ramgoolam n’a pas raté l’occasion de se flatter d’avoir réussi, en 2008, d’avoir réussi à stabiliser les prix du carburant grâce à une source d’approvisionnement fiable, à savoir la MPCL, à la suite d’un accord de gouvernement à gouvernement, mais aussi d’avoir créé le Price Stabilisation Fund et d’avoir refusé de déprécier la roupie. Il est vrai qu’après son arrivée au pouvoir, en 2014, le gouvernement MSM avait décidé de rompre son contrat avec la MPCL et avec la compagnie Betamax, alors transporteur mauricien de produits pétroliers, ce qui aura coûté pas moins de Rs 5,6 milliards à la STC en guise de dédommagements.
Beaucoup pensaient que, lors de sa visite en Inde, du 17 au 25 avril dernier, où il avait reçu un accueil retentissant, le Premier ministre aurait convaincu son homologue indien, avec qui il a développé des relations d’amitié très étroites, à reprendre la fourniture des produits pétroliers à Maurice à un prix raisonnable. Ce qui aurait pu entraîner une baisse des prix des carburants dans l’île. Il est vrai aussi que l’Inde importe une partie de ses produits pétroliers de Russie, malgré les sanctions européennes. Le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a d’ailleurs fait comprendre que les intérêts de l’Inde priment. Donc, cela ne devrait pas nous embarrasser, d’autant plus qu’alors que l’on s’approvisionnait de la MPCL, l’Inde achetait le pétrole dont elle avait besoin d’Iran, qui était sous le coup de sanctions américaines.
Pour le moment, l’importation de l’Inde n’est que pure spéculation. Toutefois, puisque le gouvernement place le Mauricien au centre de ses préoccupations, la question se pose de savoir s’il accepterait de revoir la structure des prix de l’essence ou de réduire la TVA sur ce produit, essentiel pour le moment, en attendant que la stratégie de production énergétique se mette en place.