- Le leader du MSM: « Anou kontinie nou sime ansam pou fer destin nou bann zanfan ankor plis »
- Le Speaker de l’Assemblée nationale, Adrien Duval, a déjà nettoyé son bureau et a dit au revoir au personnel en poste
Le scénario inépuisable! Comme anticipé depuis longtemps, le Premier ministre et leader du Mouvement Socialiste Militant (MSM), Pravind Jugnauth, a coupé court In-Extremis à la tenue de la partielle de Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est (No 10), hier, en usant de ses prérogatives sous la Constitution pour procéder à la dissolution de l’Assemblée nationale. Conformément à l’article 41(1) de la Representation of the People Act, sur l’avis du chef du gouvernement, la State House a émis hier après-midi les Writs of Election pour la tenue du Nomination Day le mardi 22 octobre. Et le pays se rendra aux urnes le dimanche 10 novembre.
Dans son message à travers la station de radio et de télévision nationale, MBCTv, adressé à la population hier, le Premier ministre a fait comprendre que son gouvernement avait rempli son contrat. Une décision qui est intervenue alors que le bureau du commissaire électoral était sur le point d’initier les procédures pour l’impression des bulletins pour la partielle qui devait avoir lieu mercredi prochain et que les 800 fonctionnaires désignés pour cette partielle étaient déjà en présence de leurs lettres de nomination respective pour la partielle au No 10.
« Fer preske sinkan ki mo ti adres zot ala vey eleksion zeneral 2019. Sinkan ki zot finn fer nou konfians ek ki nou finn ranpli nou kontra avek popilasion an ki enn lekip responsab ek stab. Azordi dapre provizion nou konstitision ek azisan lor mo konsey prezidan la repiblik finn disoud lasanble nasional ek tir Writ pou eleksion zeneral 2024. Mo finn inform komision elektoral ki Nomination Day pou le 22 oktob ek eleksion zeneral le 10 novam. Nou pe al ver enn lot gran moman nou listwar akot tou Morisien ki kapav vote pou desid de nou lavenir », a-t-il déclaré sur un ton des plus solennels. « Anou kontinie nou sime ansam pou fer destin nou bann zanfan ankor plis », a-t-il ajouté, faisant appel aux citoyens du pays d’accomplir leur devoir civique dans l’ordre et la discipline.
« Mwa kom dabitid mo fer enn lapel ki non selman ki zot fer zot devwar sivik ek al vote me osi ki kanpagn elektoral deroul dan lord disiplinn ek respe demokrasi. Mo demann bann media zwe zot rol avek responsabilite pou pena derapaz. Mo remersie mo bann koleg ek mo bann partner du gouvernman. Mo remersie la popilasion pou tou soutien ki zot finn donn mwa ek mo gouvernman », a poursuivi Pravind Jugnauth dans cette déclaration.
Après avoir bouclé, jeudi, l’agenda du Government Business au vu du deal conclu avec le gouvernement britannique de Keir Starmer au sujet de l’archipel des Chagos avec un bail de 99 ans aux intérêts anglo-américains sur Diego-Garcia, les indications au Treasury Building depuis hier matin étaient que la réunion du conseil des ministres d’hier allait être la dernière du gouvernement, soit avant l’installation du Caretaker Government qui assurera les affaires courantes du pays jusqu’aux résultats des prochaines législatives et la formation d’un nouveau gouvernement.
Les recoupements d’information à l’issue du Cabinet Meeting laissaient entrevoir que le Premier ministre avait donné des indications subtiles à ses ministres que l’heure était arrivée « to call it a day ». S’il ne l’a pas implicitement dit lors des délibérations du conseil des ministres d’hier matin, les choses se sont activées dès que les ministres avaient quitté le Treasury Building. L’annulation de cérémonies officielles, comme cela a été le cas pour la cérémonie Groundbreaking d’un Bus Stand à Rivière-des-Anguilles par le ministre Alan Ganoo allait donner le signal que l’heure de la dissolution avait sonné.
En parallèle, soit de l’autre côté du bâtiment du Trésor, des développements sont également intervenus dans les couloirs de l’Assemblée nationale, le Newly Appointed Speaker Adrien Duval convoquant son personnel. Il aurait remercié le staff pour la manière dont l’administration des affaires du Parlement s’est déroulée depuis qu’il a succédé à Sooroojdev Phokeer en juillet dernier. Son objectif était de faire en sorte de redonner une nouvelle image au Temple of Democracy et d’avoir réussi son pari de rendre l’hémicycle accessible à la population. Durant ces deux mois et demi, il s’est dit fier d’avoir pu recevoir dans les locaux de l’Assemblée nationale presque 30 000 personnes.
Dans son message subtil passé au staff du Parlement, Adrien Duval a fait comprendre qu’il était connu de tous que son passage au perchoir de l’Assemblée nationale était temporaire et qu’il aspire désormais à servir le pays dans d’autres positions. Bien que sa démission n’ait pas été communiquée officiellement à hier soir, l’officialisation de celle-ci ne saurait tarder maintenant que le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, a rendu son tablier de membre de l’opposition pour officialiser son rapprochement avec le MSM de Pravind Jugnauth en vue des élections du dimanche 10 novembre. Ce dernier a, lui, terminé sa série de rencontres avec ceux issus des rangs du gouvernement sortant qui vont « tas lor lagar » et ne seront pas à bord du métro à destination de Pravind Jugnauth 3.0.
Lalit : « Nou kanpayn li lor limin ek non lor bann mizir kosmetik »
« Kot Lalit, nou finn deza rant dan kanpayn avek piblikasyon nou filozofi Lalit : enn stratezi. Et aussi, ces derniers mois, nous avons régulièrement évoqué nos préoccupations sur des thématiques très concrètes, dont le logement, la santé publique et privée, l’éducation, les changements dans la Constitution et le Kreol Morisien, entre autres. Nous allons baser notre campagne dessus. Soit des projets concrets pour une société solide, plutôt que des mesures cosmétiques que prônent certains partis politiques pour appâter la masse ! De même, par le biais de nos réactions dans le sillage de l’accord avec l’Angleterre, concernant le retour de certaines îles des Chagos aux habitants, nous avons évoqué nos commentaires. Nou ti pe trouve ki sa lakor-la pou presipit disolisyon Parlman… Et nous avons eu raison !
Mais cet accord est irrespectueux de la souveraineté de la République de Maurice, parce que Diego-Garcia est maintenue comme une base militaire. C’est pour cela que nous avons qualifié ce deal de vande istorik ! Nou pou fer kanpayn kont sa lakor-la definitivman. Et une large frange sera aussi dédiée à l’importance de la sécurité alimentaire. C’est un secteur riche qui amènera emplois et devises étrangères. »
KUSHAL LOBINE (Nouveaux Démocrates) : « Un ouf de soulagement »
« Les événements nous donnent raison. Dès le début, nous avions dit qu’il n’y aurait pas de partielle et que nous nous dirigions droit vers les élections générales. Le Premier ministre a joué avec ses prérogatives jusqu’à la dernière minute pour ensuite venir nous annoncer qu’il n’y aura pas de partielle.
«Pour la démocratie, c’est un ouf de soulagement que nous allions de l’avant avec les élections générales le 10 novembre. La population est soulagée. Nous, au sein de l’Alliance du Changement, nois nous attèlerons à passer le message qu’il y aura une meilleure île Maurice dans les quelques semaines à venir.
«Nous sommes extrêmement confiants d’une grande victoire de l’alliance maintenant que le parlement a été dissous. Nous sommes dans la rue avec les gens et il y a une certaine effervescence à l’idée des élections générales. Il y a un engouement pour les gens d’aller voter. Il y a un vent de changement .»
FAYZAL ALLY BEEGUN (Syndicaliste) : « Protéger les travailleurs étrangers ! »
« Je lance un appel aux patrons des compagnies qui emploient des travailleurs étrangers : le jour des élections, veillez à offrir le maximum de sécurité et de protection à vos employés, pour qu’aucun politicien ne vienne, par la suite, les blâmer !
«Je sais que l’opposition va surveiller de très près les dortoirs… De même, je demande à tous les politiciens qui vont prendre part à cette campagne de faire preuve de respect de la vie privée de leurs adversaires ainsi que des opinions divergentes des uns et des autres. J’espère que la police sera à pied d’œuvre et veillera à ce que les fauteurs de trouble soient écroués ! Je prie aussi que l’on ne se serve pas de religion pour diviser les Mauriciens. »
Jack Bismohun (USM) :« Calendrier court pour réduire les arguments négatifs »
« Je ne suis pas surpris par l’annonce des élections générales pour le 10 novembre car nous avons un Premier ministre qui a toujours été incapable de gérer ses priorités et celles de la population. C’est impensable et absurde de tenir les élections générales pendant une période aussi cruciale que les examens de fin de cycle pour les élèves qui prennent part aux examens de SC et de HSC. Zt aussi du primaire.
« Le timing semble effectivement calculé, surtout avec les récents développements dans le pays. Avec la décision politique du gouvernement de l’Angleterre sur les Chagos qui arrive à un moment de campagne, ce sera sans doute le cheval de bataille de ce gouvernement en détresse et en fin de règne. Aussi, un calendrier aussi court c’est pour réduire les arguments négatifs qui pleuvent sur son partenaire d’alliance le PMSD . »
Narendranath Gopee (NTUC) : « Tout le monde savait que la partielle au No 10 était un bluff »
« Tout le monde savait que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, bluffait lorsqu’il a fait croire à la population qu’il y aurait une élection partielle dans la circonscription No 10. Je pense qu’un Premier ministre sérieux, quelqu’un qui a un raisonnement dans sa tête, n’aurait pas dû aller de l’avant avec une élection partielle pour ensuite entrer de plain-pied dans les élections générales quelques semaines plus tard. Maintenant que le Writ of Election a été publié, nous verrons dans quelle direction ces élections générales iront. »
Radhakrishna Sadien (SOEF) : « Que les élections se déroulent dans le calme ! »
« Mon souhait est que les prochaines élections générales se déroulent dans le calme et que nous continuons d’organiser les élections dans un processus Free and Fair. Je pense que les politiciens doivent maintenant se focaliser sur les problèmes sociaux urgents auxquels fait face la population. Je parle de la recrudescence des cas de vols et de la cherté de la vie. Ils doivent pouvoir venir de l’avant avec des mesures sérieuses et éviter tout dérapage. Les politiciens ne sont pas des ennemis, mais des adversaires en politique. »
Padma Utchanah (Linion Moris) :« Le compte à rebours a commencé pour Pravind Jugnauth »
« La dissolution du Parlement crée enfin un vrai Feel Good Factor dans le pays. C’est un sentiment de libération, comme un pays qui accède à l’indépendance, ou même de la chute d’un dictateur. Le compte à rebours a commencé pour Pravind Jugnauth. »
Deepak Benydin (FPBOU) : « J’encourage les gens à exercer leur droit de vote »
« La voix du peuple, c’est la voix de Dieu. C’est pourquoi j’encourage les gens à exercer leur droit. Nous souhaitons que cette campagne électorale se déroule dans le calme et que la population ne souhaite pas qu’on vienne dévoiler la vie personnelle des politiciens sur la place publique.
« Nous souhaitons qu’il n’y ait pas de violence et qu’on ne vienne déchirer les affiches ou les oriflammes des opposants. La population ne souhaite pas une campagne qui se déroule dans la bassesse. Les politiciens qui méritent d’être élus seront élus. Que le meilleur gagne ! »
Sulakshna Runjeet (SEVA) :« Le début de la fin des partis traditionnels »
« Nous sommes à la fin d’une ère politique. Ces élections marquent le début de la fin des partis traditionnels, mais l’enjeu est particulièrement élevé pour l’alliance PTr/MMM. En cas de défaite, ces élections signifieraient leur extinction assurée à partir du 11 novembre.
La voix des partis politiques émergents résonne déjà plus fort que celle de l’opposition parlementaire. L’échec de l’alliance PTr/MMM à remporter ces élections renforcera la confiance du peuple dans les partis émergents. »
Haniff Peerun (syndicaliste) : « Il ne faut pas utiliser la politique étrangère pour influencer les électeurs »
« Le Premier ministre a suivi toutes les lois permettant des élections générales. Pour nous, le plus important, c’est que prime le Fair Play. Nous demandons à tous les partis politiques, à partir d’aujourd’hui, de venir convaincre la population avec leur programme. Il serait bon aussi qu’ils demandent à la population ce qu’elle souhaite, car jamais les partis politiques ne sont allés vers la population, vers les syndicats ou encore les ONG pour que ces derniers disent ce qu’ils souhaiteraient voir.
« Pour commencer, il faut en finir avec la corruption et le communalisme. Il ne faut pas que des forces étrangères viennent dicter la politique à Maurice. Il ne faut pas que des pays étrangers aient des répercussions politiques. Il ne faut pas que les politiciens fassent appel à des pays étrangers. Nous sommes un pays indépendant. Les pays étrangers ne peuvent venir dicter leur politique. Il ne faut pas utiliser la politique étrangère comme base communale pour influencer des électeurs. J’invite les Mauriciens à utiliser leur intelligence pour voter. »
Rajen Narsinghen (observateur) : « Le peuple se sent soulagé et libéré »
« Je suis sur le terrain et beaucoup réalisent qu’il y a une libération qu’ils attendaient avec impatience. Le Premier ministre pense qu’il prendra la population par surprise, mais sur le terrain, je sens que le peuple pense qu’il sera enfin libre de s’exprimer. Le dernier coup que le Premier ministre a essayé de politiser est l’affaire de Diego-Garcia. Malgré toutes les augmentations annoncées çà et là, il réalise que cela ne marche pas avec les augmentations de prix et qu’il risque de faire naufrage. Je pense que ce sera une victoire au-delà de 40 sièges pour l’opposition, mais dans une semaine, nous saurons si cela sera 50/55 à monter. Mais là, je sens qu’il y aura une victoire de l’opposition parlementaire de 40 et plus. Nous aurons une idée plus précise d’ici au Nomination Day. Mais le peuple se sent soulagé et libéré. »