Que les Mauriciens n’ont plus confiance dans les principales institutions du pays, comme révélé dans un sondage réalisé par Straconsult pour le compte d’Afrobarometer, publié le 6 février dernier, ne surprend plus personne ! Du Premier ministre à la présidence de la République en passant par le judiciaire et la police, les instances importantes de l’administration publique se trouvent sur la courbe descendante. En ce qu’il s’agit justement de la force de l’ordre, institution vitale, responsable du maintien de l’ordre et la paix publique, condition sine qua non du développement socio-économique d’un pays, elle caracole dans le peloton de tête des institutions mentionnées dans le sondage.
L’anticorps de l’indifférence…
En effet, durant ces dernières décennies, le problème de l’insécurité et de la dégradation sociale n’a pas cessé de gagner du terrain à Maurice. De sorte qu’à l’égard de la violence de toutes sortes – meurtres, attentats, vols à l’arraché ou avec violence – ainsi que des dérives au niveau des mœurs qui font l’actualité sur une base quasi-quotidienne, la population a manifestement développé l’anticorps de l’indifférence. Idem contre le fléau de la drogue et ce n’est certainement pas une commission d’enquête spontanée à l’instar de la commission Rault de 1986/87 ou la commission actuelle qui mettra un terme à ce trafic. Un marché florissant, des profits énormes, des réseaux organisés, puissants et protégés, la drogue (ou plutôt le pactole alléchant qu’elle génère) est devenue désormais un moyen couramment exploité par des dirigeants politiques de tous bords pour financer leurs activités électorales. Où se situe alors l’intérêt de ce combat ?
De nombreux lauréats de la cuvée HSC 2017 désignent justement comme le problème n° 1 aujourd’hui de la jeunesse, la drogue – « une déferlante des drogues synthétiques », selon le lauréat vedette, Luciano Azor, de la cité Mère Téresa, Triolet – qui est, selon leurs dires, déjà présente dans leurs établissements éducatifs respectifs. Mais il n’y a pas que les écoles. « La drogue finn infiltre bann gro institision ». Ce n’est nul autre que le Premier ministre qui le reconnaît à Nouvelle-Découverte le 8 juillet dernier. En effet, l’existence d’une complicité au sein du milieu carcéral et de la force de l’ordre n’était qu’un secret de polichinelle que la Commission Lam Shang Leen a fait remonter à la surface. Comment peut-on, dans ce contexte, passer sous silence cet article paru à la une de l’hebdomadaire Week-End du 31 décembre 2017 intitulé « Les dessous du passeport du trafiquant Mike Brasse » qui a écopé, le 5 février dernier, d’une sentence de 8 années d’emprisonnement par le tribunal correctionnel de la Réunion. Le texte met en effet en exergue les procédures express adoptées par l’autorité mauricienne pour octroyer, le 14 septembre 2016 après que le feu vert fut donné la veille, un nouveau passeport à ce trafiquant et skipper d’un bateau de plaisance pour voyager à la Réunion dans le but officiel de « bring back his speed boat PC 4713-OL-17-Ilot Gabriel which is actually under repair thereat. » Or, en novembre 2016, des gendarmes de l’île Sœur devaient procéder à la saisie de l’Ilot Gabriel au port de Sainte-Rose et de 42,6 kg d’héroïne se trouvant à bord. Sans commentaires.
Mais la Commission Lam Shang Leen qui soumettra, paraît-il, son rapport en juillet prochain, a également démontré comment la mafia a infiltré le Champ-de-Mars, ‘temple de zougader’, ce alors que 37 journées de courses ont déjà été fixées pour cette année ; mais aussi le métier d’avocat, un ex-président du Bar Council évoquant même l’existence des « narco-avocats » au sein de l’association. Shame !
Comme quoi, la société promise depuis 50 ans « où il fait bon vivre » ne serait pas pour demain.
Par DR DIPLAL MAROAM