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Compagnies de sécurité: le calvaire des recrues de Rodrigues dénoncé

La nouvelle tendance des compagnies de sécurité est de recruter de la main-d’oeuvre à Rodrigues

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Des conditions semblables aux ouvriers étrangers dans le textile déplorées

Les démarches d’une compagnie de sécurité de renom pour l’emploi de 42 agents venant de Rodrigues a permis de lever le voile sur une pratique courante dans ce secteur depuis quelque temps. Plusieurs compagnies se tournent en effet vers Rodrigues pour leur recrutement. Techniquement, il n’y a aucune restriction, puisque l’île fait partie de la République. Sauf que ceux qui en ont fait l’expérience dénoncent les conditions difficiles et les abus de certains employeurs. Le ministère du Travail enquête d’ailleurs sur une compagnie basée à Quatre-Bornes.

Une compagnie de sécurité basée dans le Nord a soumis une demande de permis pour un dortoir, suivant le recrutement de 42 Rodriguais. Selon le ministère du Travail, Rodrigues faisant partie de la République, il n’est pas nécessaire de faire une demande pour importer la main-d’œuvre rodriguaise. « Toutefois, l’employeur doit prendre les dispositions pour le logement de ces travailleurs. Il soumet sa demande au comité chargé des dortoirs, qui après inspection, décide de donner son aval ou pas. »

Toujours est-il qu’en dépit de ces précautions, des cas d’abus ont été enregistrés. Des Rodriguais engagés dans une agence basée à Quatre-Bornes, témoignent des conditions d’emploi et de logement difficiles. Au bout de quelques mois, ils ont dû « se sauver », pour reprendre leur expression. Michel est un de ceux-là. Il dit avoir été appâté par les propositions des agents de recrutement venus à leur rencontre à Rodrigues. « On nous a proposé un salaire de base de Rs 9 000, en ajoutant qu’avec le service de nuit, le salaire pourrait avoisiner les Rs 13 000 par mois. Or, en réalité, nous n’avons toujours eu que Rs 9 000, sauf une seule fois, où nous avons eu Rs 10 000 et cela, en dépit de longues heures durant le service de nuit. »

Ce dernier raconte que lorsqu’il est arrivé à Maurice, l’employeur les a « entassés » dans une maison de location à Centre-de-Flacq. « Nous étions vingt hommes, vivant à l’étroit dans cette maison. Chaque matin, on venait nous réveiller à 4 heures du matin pour aller travailler à Vacoas. Ensuite, nous avons déménagé pour Carreau Laliane, pour être plus près de notre lieu de travail. Là également, il y avait plusieurs petits lits installés dans les pièces. »

Le plus grave, poursuit Michel, est que la porte de la maison était toujours ouverte. « Le patron avait gardé la clé avec lui. Donc, nos affaires n’étaient pas en sécurité en notre absence. Qui plus est, des gens pouvaient nous attaquer pendant qu’on dormait. » Ce dernier confirme qu’après quelques semaines, il y a eu un deuxième groupe de 20 agents rodriguais – hommes et femmes – qui sont arrivés.

Cette situation est confirmée par Patrick, qui lui aussi s’est « sauvé », après six mois à travailler dans cette compagnie de sécurité. Il relate les conditions difficiles. « Selon notre contrat, nous devions avoir un jour de congé par semaine. Mais la plupart du temps, nous travaillions 7 sur 7. » Idem pour le service de nuit, confie-t-il, où les horaires n’étaient pas respectés. « Quand on travaillait le soir, on prenait le service à 20 heures pour finir à 9 heures le lendemain. Mais il arrive que personne ne vienne nous relever. On doit continuer à travailler. De même, quand on fait le jour, on est censé terminer à 19 heures. Mais la plupart du temps, nous terminions à 23 heures. »

Et qu’en est-il de la nourriture ? Si la compagnie offrait bien à manger à ses agents de sécurité pendant le service de nuit, là également, il fallait souvent attendre longtemps. « Parfois on avait faim, on pouvait à peine tenir le coup, mais on ne pouvait quitter son poste. » Quant à savoir ce qu’il y avait au menu, nos interlocuteurs répondent : « Sardines, thon, pilchards, la plupart du temps. »

Si ces agents rodriguais ont choisi de jeter l’éponge, tout ne s’est pas fait aussi facilement. « On a refusé de nous payer le dernier salaire. Nous avons d’ailleurs fait une plainte au bureau du Travail, mais nous n’avons rien reçu jusqu’ici. De même, un de nos amis qui voulait lui aussi repartir à Rodrigues a été intimidé. On l’a mis dans un van de la police pour lui faire peur. »

Sollicité sur la question, le ministère du Travail nous a confirmé avoir reçu des plaintes sur cette agence de sécurité basée à Quatre-Bornes. Une enquête est en cours. Quant aux conditions d’hébergement, on fait comprendre qu’il y a une unité qui s’occupe spécialement de cet aspect et que des inspections sont prévues.

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