Les autorités dénoncent l’état de délabrement du site et de la piste en exigeant l’évacuation immédiate de PTP
Le conflit autour de l’occupation du Champ-de-Mars continue de faire rage. Alors que le contrat de location de la People’s Turf PLC (PTP) a expiré en octobre, la société persiste à utiliser les installations du site, désormais dans un état de détérioration avancée. Cette situation a poussé la Côte d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (COIREC) à consigner une déposition à la police la semaine dernière, dénonçant des dégâts importants causés aux infrastructures et exigeant l’évacuation immédiate de PTP des lieux.
La COIREC, en tant qu’entité responsable de l’entretien et de la gestion du Champ-de-Mars, déplore l’état des pistes et des équipements. À l’expiration du contrat de PTP, une inspection du site a révélé une série de fouilles intempestives réalisées le long de la piste principale, pour enlever le système d’arrosage automatique. Autrefois vanté comme un State of the Art Irrigation pour sa technologie avancée, cela a été retiré, laissant le Champ-de-Mars dans un état déplorable.
Dans sa plainte à la police, la COIREC a exprimé son indignation face à ces actes de dégradation et a fermement demandé à PTP de quitter les lieux sans causer d’autres dommages. Selon les responsables, la piste en gazon est criblée de trous causés par les travaux de la PTP, tandis que la piste en sable est aussi dure que du béton, rendant le terrain d’entraînement impraticable.
Protection politique
Cette situation suscite également des questions quant au rôle de Dev Beekharry, conseiller principal au bureau du Premier ministre (PMO), qui aurait soutenu les actions de PTP au Champ-de-Mars. Des enregistrements audio, révélés dans les Moustass Leaks, ont récemment mis en lumière une conversation dans laquelle Dev Beekharry défendait les actions de la PTP auprès de Kobita Jugnauth, épouse du Premier minister (voir Le-Mauricien de samedi).
La COIREC a tenté à plusieurs reprises de rappeler à l’ordre PTP, mais sans succès. Le soutien de Dev Beekharry à la PTP de Jean-Michel Lee-Shim aurait contribué à affaiblir l’autorité de la COIREC au sujet de la gestion du site. Après la déposition de COIREC, Le-Mauricien a fait un constat des lieux alarmant. La piste de gazon est en piteux état, avec des tranchées creusées tout le long avec la piste en sable devenue dure et compacte, semblable à une piste de terre battue, avec des trous disséminés, rendant l’usage du champ de courses dangereux pour les chevaux et les jockeys.
Depuis des mois, les titres du groupe Le-Mauricien ont tiré la sonnette d’alarme sur la gestion du champ de Mars par PTP, qui n’a effectué qu’un entretien superficiel et sommaire de cette piste, qui a pourtant permis au MTC d’y organiser des courses depuis des lustres. Ce manque de soin a eu pour effet d’accélérer la dégradation des infrastructures, et la restauration des pistes nécessiterait désormais des investissements massifs. Pour COIREC et d’autres observateurs, il est peut-être déjà trop tard pour sauver le Champ-de-Mars dans sa forme actuelle sans des fonds importants et une gestion sérieuse.
Tensions palpables
De son côté, le président du Mauritius Turf Club (MTC), Gavin Glover, est inquiet pour l’avenir du Champ-de-Mars. Lors de ses récentes réunions avec le High Powered Committee, institué par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, il avait déploré le manque de soutien concret du gouvernement pour une reprise efficace des activités par le MTC. Dans une lettre adressée à ses membres, il a souligné l’absence de volonté politique pour assurer un retour serein du MTC.
Cette démarche a provoqué une réaction virulente de la part de Pravind Jugnauth, qui a critiqué le MTC. Les révélations des Moustass Leaks ont aussi révélé une hostilité manifeste du Premier ministre à l’encontre de l’ancien président du MTC, Jean Michel Giraud, renforçant l’idée que le gouvernement n’a jamais eu l’intention de permettre au MTC sous Giraud de reprendre pleinement ses activités.
Avenir incertain
Ce climat de tension autour du Champ-de-Mars s’étend à l’échiquier politique. Tandis que l’Alliance Lepep garde le silence dans son manifeste au sujet de l’industrie des courses, l’Alliance du Changement en fait une priorité, promettant de restaurer le MTC comme unique organisateur des courses. Ramapatee Gujadhur, propriétaire de l’écurie Gujadhur, a déclaré que son retour sera probable dans cette éventualité. Même son de cloche du côté des entraîneurs Vincent Allet et Preetam Daby. Certains entraîneurs financés par Jean Michel Lee Shim attendent aussi les résultats des élections avant de décider de leur avenir.
En somme, l’avenir immédiat du Champ-de-Mars et des courses hippiques à Maurice dépend aussi de l’issue du scrutin de dimanche prochain !