Chagos : Cameron joue la carte de la sécurité

Depuis son arrivée à la tête du Foreign and Commonwealth Office au sein du gouvernement britannique en novembre, l’ex-Premier ministre britannique David Cameron semble avoir fait de la lutte contre la rétrocession des Chagos à Maurice son cheval de bataille. Il est soutenu dans sa campagne de lobbying par deux autres ministres conservateurs.
Ainsi dès le début de décembre dernier, il a commencé par faire des déclarations publiques dans la presse conservatrice britannique, notamment le Telegraph, pour souligner l’importance vitale de Diego Garcia aussi bien pour la Grande-Bretagne que pour les États-Unis. Ses deux autres partenaires se sont lancés, pour leur part, dans des déclarations catastrophistes en accusant Maurice « d’être un allié de la Chine ».

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La question des Chagos et de Diego Garcia a été évoquée officiellement, le 9 janvier dernier, par David Cameron lors de sa déposition devant le Foreign Affairs Committee, une structure qui n’existe pas dans le cadre du système administratif mauricien.
La presse britannique observe, ce vendredi, que la prise de position du ministre britannique au sujet de la réinstallation des Chagossiens dans leurs îles natales, a provoqué la fureur de ces derniers. Toutefois, une lecture du compte rendu de la réunion du Foreign Affairs Committee indique que les propos ministériels ont été plus nuancés ou diplomatiques. Un membre du comité, Henry Smith, visiblement conservateur, lui pose la question suivante : “Finally, I am very pleased to hear you talk about the judgment (de l’ICJ) as an advisory judgment. This is not like a domestic court of law, as you know, where a jury decides. It is often where countries that, historically, are not allies or friends of the UK use the opportunity to make a statement against British interests around the world. Are you concerned that this may also set a dangerous precedent for the sovereign base areas in Cyprus?”

À quoi, Lord Cameron répond : “Again, I feel that we are positively joined at the hip over these questions. I have come into the Department and have checked the progress that we are making on this issue. When I was Prime Minister, it was all about trying to see if we could relocate Chagossians back on to the outer islands; lots of work was done, and it was not possible. It is exactly what I am asking. As I say, there is a negotiation ongoing. The absolutely crucial thing is the safety, security and long-term viability of this base in a difficult and dangerous world. Anything that gets in the way of that is a major problem that we have to consider. Also, as a country that has other overseas possessions and territories, some of which have very important intelligence and security assets on them, we have to think of the effect on those. If all of those questions can be resolved, that would be good. If they cannot, obviously we will have to think very carefully about this.”

Dans le cadre de cet interogatoire, David Cameron ne remet pas en cause les négociations entre Maurice et la Grande-Bretagne mais insiste que : “In any negotiation we have with the Mauritians, the overriding question must be the safety, security and usability of this base. That is the thing that matters more than anything. We must look at all the risks and dangers that there could be in any change of circumstance. That is the way we will proceed.” Plus loin, il dira : “With any negotiated outcome, it has to be beyond doubt that there is no danger to this vital national US-UK asset of not being able to function and operate properly.”

À Maurice, une des personnes à avoir réagi avec force contre le doute exprimé par David Cameron au sujet de la réinstallation des Chagossiens est le leader du MMM, Paul Bérenger, qui qualifie les propos du ministre britannique d’« inacceptables et révoltants ». De son côté, Human Right Watch observe que l’étude de faisabilité de KPMG réalisée en 2014 – commandée et achevée lorsque Cameron était Premier ministre – a conclu qu’il était possible pour les insulaires de revenir.

L’essentiel pour nous est que David Cameron et ses pairs ne mettent pas les bâtons dans les roues dans les négociations en cours entre Maurice et la Grande-Bretagne concernant les Chagos. On ne sait pas si ces négociations se poursuivent, qui sont ceux qui y sont engagés et où elles ont lieu puisqu’elles se déroulent en toute opacité.

Jean Marc Poché

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