Parvenir à un accord assez rapidement. C’est ce que souhaitent Maurice et l’Inde dans leurs négociations autour du CECPA (Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement), qui orientera leurs relations futures au niveau des échanges de biens et services, de l’investissement et de la coopération économique. Lors de l’ouverture du troisième round de négociations sur le CECPA, hier à l’hôtel Le Méridien, Pointe-aux-Piments, les chefs de délégation ont fait état de la volonté des deux pays d’accélérer leurs discussions en vue de conclure, lors de leurs prochaines rencontres cette année, un accord sur le libre échange des marchandises aussi bien que sur le commerce des services.
« We would like to go fast », a déclaré Usha Dwarka-Canabady, secrétaire aux Affaires étrangères et chef de la délégation mauricienne, à la table de négociations. Usha Dwarka-Canabady a soutenu qu’il y a « des indications concrètes » que les deux parties ont « la volonté de faire progresser les négociations ». Elle est allée plus loin en faisant comprendre que les deux parties « ne devraient pas attendre que les négociations soient complétées sur tous les aspects du CECPA pour décider de la mise à exécution de l’accord ». Elle poursuit: «Aussitôt que nous parvenons à un accord sur certaines parties du CECPA, nous devrions les mettre en application afin que nous puissions récolter les fruits très rapidement ».
Du côté indien également, on est d’avis qu’une bonne partie du terrain a été déblayé avec l’élaboration du Joint Study Report, document qui fait l’historique de la coopération indo-mauricienne, et qui sert de référence pour les négociations bilatérales. « Ce rapport réunit une somme d’informations sur les différents secteurs de coopération et les opportunités à exploiter par les deux parties. C’est un document qui définit l’orientation future de notre coopération », a confié au Mauricien le Professeur S.K. Moharty, du Research & Information System (RIS) de l’Inde.
Le chef de la délégation de la Grande Péninsule, Manoj Dwivedi, Joint Secretary (Africa) au ministère du Commerce, s’est félicité de la convergence de vues des deux pays dans la préparation du Joint Study Report. Il s’est dit confiant que les deux délégations « avanceront très vite » dans les négociations. « Time is the essence now that we have got clarity with the report », a fait ressortir Manoj Dwivedi, qui estime que les deux pays vont « dans la bonne direction ». Pour lui, « il nous faut gagner du temps et trouver les voies et moyens pour compléter les négociations dans un avenir proche ».
Les délégations indienne et mauricienne envisageaient, hier, d’adopter le Joint Study Report et de procéder immédiatement après aux négociations pour des accords sur le commerce de biens, d’une part, et des services, d’autre part. À noter que le Joint Study Report contient les propositions des deux pays concernant les produits qui seront libéralisés.
Manoj Dwivedi a également parlé de la politique fiscale du gouvernement indien régissant le commerce des biens et services. « La réforme du régime fiscal et la lutte contre la corruption ont été ces derniers temps au centre des préoccupations du gouvernement indien », dit-il. Le Joint Secretary (Africa) au ministère du Commerce de l’Inde s’est aussi appesanti sur les efforts des autorités pour améliorer le cadre de facilitation des affaires, relevant plus particulièrement l’amélioration du classement ( de la 134e à la 100e place) dans le rapport “Ease of Doing Business” de la Banque mondiale. « L’objectif du Premier ministre indien, Narendra Modi, est de faire grimper l’Inde dans le Top 50 d’ici deux ans ». Manoj Dwevedi a estimé que Maurice a « fait des progrès » concernant la libéralisation tarifaire. La politique commerciale de Maurice, a-t-il noté, est « fairly liberalized ».
Principal négociateur de Maurice, Narainduth Boodhoo, directeur de la division de commerce extérieur au ministère des Affaires étrangères, a soutenu que les deux parties ont « fait montre de synergie » dans leurs approches aux négociations. Il a souligné que Maurice est également engagée dans un processus d’amélioration de son cadre de facilitation des affaires, ajoutant que le CECPA « va définitivement y contribuer ».
Usha Dwarka-Canabady a, elle, estimé que les deux délégations pourront parvenir à fixer des délais pour la mise à exécution de différents aspects du CECPA lorsqu’un accord aura été trouvé. Elle a plaidé pour un renforcement de la coopération économique, surtout dans des domaines encore inexploités tels l’intelligence artificielle ou la communication spatiale. La secrétaire aux Affaires étrangères est, par ailleurs, d’opinion que des avancées peuvent être réalisées avec la décision de l’Inde d’inclure Maurice dans la liste des pays bénéficiaires de la carte OCI (Overseas Citizenship of India). « Beaucoup de Mauriciens pourront en prendre avantage en termes d’emploi ou de formation dans des domaines pointus en Inde », soutient-elle. Usha Dwarka-Canabady a invité la partie indienne à réfléchir sur la mise sur pied d’un “think tank” pour une réflexion en profondeur sur le type d’alliance stratégique que les deux pays pourraient conclure. « Maurice peut et doit être partie prenante de la stratégie future de l’Inde », a-t-elle ajouté.