Budget : Padayachy annonce ses couleurs

Le ministre des Finances, qui a complété sa série de consultations avec les différents opérateurs économiques – dont les syndicats, les organisations du secteur privé, les Ong et ses collègues ministres –, a levé le voile sur le prochain exercice budgétaire cette semaine. Ainsi, dans une déclaration à la presse, il a annoncé que le prochain budget fera la part belle au capital humain, à la résilience économique et à l’environnement. Il a par la même occasion souligné que l’Agenda climat, avec en tête l’objectif de 60% d’énergies renouvelables d’ici 2030, obtiendrait également son attention. On peut donc s’attendre à un certain nombre de mesures concernant la transition énergétique.

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Alors qu’il est attendu sur des mesures populaires, avec en ligne de mire les prochaines élections générales, le ministre des Finances récuse toute tentation de « fer labous dou », préférant parler de résilience sociale. Il considère qu’avec la situation économique actuelle et des fondamentaux solides, il pourrait se permettre certaines largesses. Son optimisme repose sur une prévision de croissance de l’ordre de 6,5% cette année, un taux de chômage à 6% et une dette publique passant sous la barre des 75% du PIB.

Cependant, tout le monde ne voit pas la situation du même œil. Certains économistes réputés contestent les chiffres officiels, dont ceux de Statistics Mauritius, qui a le monopole des statistiques, d’autant plus que le MCB Focus, qui était considéré comme une référence, a été forcé au silence. Certains commentateurs considèrent ainsi que Maurice est au bord du gouffre. Ils en veulent pour preuve que la dette publique en terme réel était estimée à Rs 511,9 milliards fin décembre dernier, et a continué à augmenter. Quant au coût de la vie, il continue d’augmenter, avec un effet inévitable sur l’inflation.

Or, il est connu qu’en marge des élections générales, deux facteurs doivent être surveillés avec attention : le taux d’inflation et celui du chômage. Quelles sont les marges dont dispose le ministre pour baisser davantage le taux d’inflation et le coût de la vie ? Pour atteindre cet objectif, il pourrait être tenté de baisser les prix des produits pétroliers, comme le propose l’opposition PTr-MMM-ND. Mais il faudrait pour cela éliminer les prélèvements, dont il n’aura pas besoin pour le moment et qui ont rapporté suffisamment d’argent dans les caisses de l’État.

Il est a noté que le ministre des Finances est un des rares ministres à ne pas rejeter d’emblée toutes les propositions faites par l’opposition PTr-MMM-ND. Il considère en effet qu’elles méritent d’être étudiées afin de mesurer leur impact sur les consommateurs et la population. Il serait intéressant de voir comment il compte donner la réplique à l’opposition sans céder à la surenchère.

Sur le plan politique, personne ne croit que l’élection partielle dans la circonscription No 10 aura lieu. Au contraire, tout le monde est d’avis que l’annonce de la date de la partielle est venue confirmer que la dissolution du Parlement et l’organisation des élections générales arriveront plus vite que prévu. Il est évident que le Premier ministre attendra la dissolution du Parlement pour annoncer la configuration de son alliance et sa liste de candidats afin de ne frustrer aucun parlementaire pour le moment.

Au niveau de l’opposition PTr-MMM-ND, les discussions concernant la liste de candidats se poursuivent. Un sérieux macadam qui avait surgi au niveau de la circonscription No 1 semble avoir été aplani. Une remarque à cet effet pourrait être faite aujourd’hui lors d’une conférence de presse.

À l’approche des élections, le commissaire électoral, Irfan Rahman, qui a annoncé que le dépouillement des bulletins aura lieu le jour même des élections, a pris l’initiative d’organiser une série de consultations avec toutes les parties et tous les partis politiques concernés. Elles ont commencé durant la semaine écoulée et se poursuivront la semaine prochaine. Son objectif est de rassurer tout le monde, de prendre note de toutes les propositions et, surtout, de barrer à route à toutes les velléités de propagande politique et de fake news récurrentes durant la campagne électorale.

Jean Marc Poché

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