Budget : Au-delà des mesures fer labous dou

Des allocations par-ci et des allocations par-là, augmentation par-ci et augmentation par-là. Le dernier budget était comme on pouvait s’y attendre en une année électorale. Toutefois, à quel point ces mesures fer labous dou sont-elles une vraie solution à la crise économique, à la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs face à une interminable envolée des prix avec les diverses crises internationales ?

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Mubarak Sooltangos voit dans le dernier budget une simple distribution de revenus à une très large assiette de bénéficiaires. Il regrette que l’exercice fasse abstraction totale de la mention de la provenance des fonds nécessaires pour mettre en œuvre les promesses. S’il ne voit rien d’anormal de choyer ceux ayant contribué à la prospérité nationale lorsque l’État produit suffisamment de richesse, dans le contexte actuel, dit-il, « on n’a peut-être pas tout à fait raison de s’occuper en priorité de ceux qui ne produisent plus en faisant payer ceux qui travaillent dur pour pouvoir joindre les deux bouts ».

Un budget, pour lui, « doit intégrer une stratégie de développement qui fixe des objectifs économiques du pays, qui identifie les besoins d’investissement et leur coût ainsi que leur mode de financement ».

Narendranath Gopee, négociateur à la FCSOU, constate un budget qui laisse de côté bien des problèmes du pays et qui pousse encore davantage vers l’inflation. « Je ne dis pas que c’est totalement négatif. Il y a beaucoup de dotations sociales mais à quel prix ? ». Il ne trouve pas normal que d’un côté le pays n’arrive pas à contrôler la fuite des cerveaux et de l’autre

« nous importions des étrangers pour rouler l’économie. Tout cela a des coûts et des implications. Ces travailleurs étrangers, auront-ils les mêmes Liabilities que les Mauriciens ou alors ce sera au profit des employeurs qui n’auront pas à contribuer pour eux au PRGF et CSG. C’est faciliter la fuite des cerveaux au lieu de les retenir ! » estime-t-il.

Pour l’économiste, Takesh Luckho, si le budget vient compenser la perte du pouvoir d’achat, il n’apporte pas une solution plus soutenable. « On aurait par exemple pu venir avec une sorte de Reduced Taxation sur certains produits, venir avec un système de Regressive Mark-up sur les produits essentiels. Visuellement, les gens ont des billets en plus dans leurs mains mais en réalité, il n’y aura pas de changement car les prix ont augmenté. C’est une Money Ilusion ». Il est déçu que le secteur économique soit le grand oublié de ce budget. « C’est un budget très faible en termes de mesures solides pour faire prospérer l’économie. Ce Feel Good Factor ne va pas durer très longtemps et ces allocations seront vite absorbées par la cherté de la vie. »

MUBARAK SOOLTANGOS (observateur économique) : « Abstraction totale de la mention de la provenance des fonds»

Le dernier exercice budgétaire est-il salvateur face à la crise économique, la dépréciation de la roupie et la baisse significative du pouvoir d’achat ?

Vous ne pouviez pas mieux dire que de parler d’exercice strictement budgétaire, qui s’est avéré n’être qu’un exercice accessoire coupé de la réalité. Je suis tenté d’être encore plus réducteur en qualifiant ce qui s’est passé d’exercice de simple distribution de revenus à une assiette de bénéficiaires la plus large possible.

Personne ne pourra me taxer d’être lapidaire dans mon appréciation de la nature de l’exercice qui a été mené parce qu’il fait abstraction totale de la mention de la provenance des fonds qui seront nécessaires pour mettre en œuvre ces promesses.

Un budget doit être un élément qui intègre une stratégie de développement, elle-même un ensemble global qui fixe des objectifs économiques du pays à court et moyen terme, qui identifie les besoins d’investissement et leur coût ainsi que leur mode de financement. La prochaine étape doit être, au moyen d’un budget motivé, la prévision des retombées financières positives de la stratégie proposée.

Ce n’est qu’après cet exercice scientifique, qui a pour objectif d’estimer la valeur de la richesse créée, qu’on peut songer aux moyens de distribuer équitablement cette richesse. En quoi l’exercice de dévoilement de ce budget très médiatisé a-t-il suivi une philosophie d’ensemble, sur laquelle nous pouvons débattre en y mettant de l’intelligence, de l’objectivité et du sens critique en vue de l’améliorer ?

Est-ce vraiment un ‘budget labous dou’ auquel s’attendait la population et susceptible d’attirer ses votes ?

Il l’est évidemment, mais, pour ne pas être partisan, je m’abstiendrai de dire qui du gouvernement ou de l’opposition a choisi de livrer bataille sur ce terrain. Il se pourrait bien que les deux aient anticipé la manœuvre de l’adversaire dans une situation où il devient une tendance de plus en plus marquée à chaque élection, d’aller sur le terrain de la surenchère, puisque c’est ce à quoi on a habitué l’électorat.

Si tel est le cas, il serait idiot et utopique d’essayer de rallier un électorat autour de choses sérieuses comme un choix de société ou un projet de développement lorsque ce sont des avantages bassement matériels comme des bribes électoraux qui font recette.

Il n’est pas rare que, dans des démocraties sans cesse bafouées et perverties à travers le monde, les politiques choisissent des moyens qui n’ont rien à faire avec la démocratie, pour rallier un électorat autour des idées sinistres comme le nationalisme à outrance que pratiquent des pays comme Israël et l’Inde avec violence quand il le faut, et des promesses de moins en moins voilées d’opprimer une partie de leur population.

Les bribes électoraux empêchent la libre expression du vœu démocratique lors des élections, mais nous pouvons malgré tout être reconnaissants du fait que les moyens utilisés à Maurice demeurent dans un cadre pacifique et civilisé. Dans ce jeu de surenchère, le gouvernement en fonction part avec un avantage certain.

De son côté, l’opposition ne peut que faire des promesses qu’elle honorera en cas de victoire, et qui, dans le présent, restent hypothétiques, le parti au pouvoir a toute la liberté non seulement de mettre en œuvre ses promesses immédiatement, mais d’utiliser à outrance les fonds de l’État et l’appareil d’État à des fins électorales.

Nous n’avons peut-être pas tout vu dans ce scénario. Si les parties en présence sentent que les largesses déjà annoncées et accordées ont tendance à être oubliées d’ici aux élections ou à être considérées comme des droits acquis, nous pouvons nous attendre à une nouvelle salve de mesures sociales.

Votre opinion sur la révision à la hausse des pensions et des autres allocations ?

Comme je l’ai déjà dit, tout est relatif. Si l’État produit suffisamment de richesses pour être en mesure de choyer financièrement ses seniors qui ont contribué à la prospérité nationale, je n’y vois rien d’anormal. Mais sur un plan économique, nous n’avons peut-être pas tout à fait raison de nous occuper en priorité de ceux qui ne produisent plus en faisant payer ceux qui travaillent dur pour pouvoir joindre les deux bouts, et dont le nombre est en diminution, ce qui a pour effet d’augmenter leur contribution par tête. S’il y a bien une logique électorale à cela, la logique économique et financière n’est pas évidente.

Sur un point de gestion économique, les mesures annoncées par le principal groupement de l’opposition tiennent mieux la route parce que l’amélioration du niveau de vie de la population se ferait par un allègement de la fiscalité, ce qui libérera un pouvoir d’achat réel et non virtuel, alors que celles du gouvernement se financeront par la création monétaire ou l’endettement. L’un et l’autre sont créateurs d’inflation et on aura raison de parler d’illusion monétaire si tel est le cas.

Le revenu minimum Garanti à Rs 20 000 d’un côté et attirer des étrangers à Rs 22 500 de l’autre. Ensuite, accorder aux étrangers avec 10 ans d’expérience professionnelle un permis de travail. Quel présage en tirez-vous ?

Encore une fois, je n’ai rien à redire sur une mesure qui améliorera le sort des mal lotis, mais sur un plan psychologique, a-t-on pensé à l’effet de démotivation que cela ne manquera pas de provoquer chez un employé qui a 10 ans de service et qui en fin de compte touche Rs 25 000, soit un maigre 25 % de plus qu’un nouveau venu pas encore performant ?

La classe moyenne semble être l’enfant pauvre de ce budget, qu’en pensez-vous ?

La classe moyenne a toujours été l’éternel tondu du système, et ce n’est pas fortuit qu’elle ait des revenus plus élevés que ceux au bas de l’échelle. Cette promotion sociale se fait par l’effort de travailler dur pour progresser, par l’investissement dans l’éducation des enfants avec beaucoup de sacrifices. Par ailleurs, cette frange paie plus de taxes sur sa consommation que ceux ayant des revenus moins élevés. Sa malchance est qu’elle appartient à un groupe qui ne pèse pas lourd sur l’échiquier électoral.

NARENDRANATH GOPEE (FCSOU) : « Faciliter la fuite des cerveaux »

Le dernier exercice budgétaire est-il salvateur face à la crise économique, la dépréciation de la roupie et la baisse significative du pouvoir d’achat ?

Certainement pas. C’est un budget qui laisse de côté bien des problèmes du pays. Je ne dis pas que c’est totalement négatif. Il y a beaucoup de dotations sociales mais à quel prix ? Au prix de l’endettement du pays. S’agissant de l’inflation, c’est un budget qui pousse davantage vers l’inflation après la quantité d’argent. Ce qui n’aurait pas dû l’être autant en temps normal, à l’exemple de la pension de vieillesse augmentée de Rs 500.

Quelle était la nécessité ? Pourquoi maintenir l’Independence Allowance de Rs 20 000 aux jeunes sur laquelle le gouvernement n’a aucun droit de regard de la manière dont elle est utilisée. Il y a donc des dépenses inutiles comme cela qui feront que beaucoup d’argent seront en utilisation et accentueront l’inflation.

Je ne vois aucune mesure pour combattre l’inflation et la dépréciation de la roupie. Par contre, je vois des mesures qui poussent à l’inflation et à la dépréciation de la roupie.

Est-ce vraiment un ‘budget labous dou’ auquel s’attendait la population et susceptible d’attirer ses votes ?

Tout budget de n’importe quel gouvernement précédant des élections législatives comporte une note électoraliste et donc ‘labous dou’. Le gouvernement a donc essayé d’attirer la faveur de tous les groupes d’âge indistinctement, à commencer par les nouveau-nés aux seniors en passant par le pré-primaire, le secondaire, le tertiaire, etc. Il a essayé de cibler toute la population avec des aides financières.

Des observateurs font ressortir que la classe moyenne est l’enfant pauvre de ce budget…

La classe moyenne est malheureusement divisée. La plupart aujourd’hui se retrouvent dans la Lower Middle Class. La Higher Middle Class a presque disparu. Il y a un appauvrissement de la classe des travailleurs dans ce pays quand nous voyons que même la classe moyenne bascule aujourd’hui dans la pauvreté. Rien n’a été fait – à part une certaine flexibilité sur la taxation – pour aider la classe moyenne de respirer un peu.

Votre opinion sur la révision à la hausse des pensions et des autres allocations ?

Toutes ces allocations sont des ‘labous dou’ mais où trouver tout cet argent ? Dans les Estimates du budget, dans la section revenus, je constate que le gouvernement a gonflé ses revenus en l’amenant à Rs 210 milliards. Or, certains items ne devraient pas y figurer comme les Grants from Foreign Governments, International Organisations. Ce sont des fonds qui doivent aller dans des projets précis. C’est juste pour montrer qu’il a les capacités de ‘fer la bous dou’ sans préciser que ces extravagances endetteront le pays.

Le revenu minimum Garanti à Rs 20 000 d’un côté et attirer des étrangers à Rs 22 500 de l’autre. Ensuite, accorder aux étrangers avec 10 ans d’expérience professionnelle un permis de travail. Quel présage en tirez-vous ?

Il y a une tentative d’inonder le pays avec des travailleurs étrangers. En parallèle, il y a l’ouverture aux professionnels étrangers à la retraite pour travailler sans permis. Le gouvernement n’arrive pas à retenir ses talents. Aujourd’hui, on va même chercher la main-d’œuvre étrangère pour travailler dans des champs de canne.

Est-ce le retour de l’esclavagisme ? Il n’est pas normal que d’un côté le pays n’arrive pas à contrôler la fuite des cerveaux et de l’autre nous importions des étrangers pour rouler l’économie. Tout cela a des coûts et des implications. Ces travailleurs étrangers, auront-ils les mêmes Liabilities que les Mauriciens ou alors ce sera au profit des employeurs qui n’auront pas à contribuer pour eux au PRGF et CSG. Ces derniers favoriseront certainement les étrangers dans ce cas. C’est faciliter la fuite des cerveaux au lieu de les retenir !

Quels risques craignez-vous ?

Il y a beaucoup d’opacité car on ne sait sur quelles conditions ces étrangers vont être recrutés. C’est de la Cheap Labour. Il y aura une exploitation de ces travailleurs. Quel contrôle ? Au moins a-t-on des syndicats qui ramènent les employeurs à l’ordre quand il y a des dérapages. L’employé étranger sera sous pression de se voir rapatrier s’il n’obéit pas même à des conditions difficiles.

Pour moi, il y a un manque de vision et de planification. Il y a beaucoup de confettis lancés ici et là mais quand nous regardons de plus près, il y a beaucoup de dérapages financiers dans ce budget. Et, nous aurons à subir les conséquences.

En quoi ce budget vous laisse sur votre faim ?

J’ai fait beaucoup de propositions depuis trois ans et je continue à le faire. J’avais demandé la diversification de la production électrique. Au lieu de s’orienter seulement vers le photovoltaïque, j’ai suggéré d’exploiter l’énergie éolienne et aussi celle provenant des vagues à travers nos côtes.

J’ai même dit qu’il n’est pas nécessaire de le faire sur terre mais sur la mer. J’ai vu un tel parc éolien au Pays de Galles. Notre situation géographique est idéale à un tel projet.

Aujourd’hui, beaucoup de terres agricoles sont à l’abandon par manque d’intérêt pour ce secteur. Maurice a 56 ans d’indépendance et nous ne sommes toujours pas autosuffisants en agriculture alors que nous avons déjà cultivé avec succès des légumes que nous importons.

Dans ce budget, je ne vois que 5-6  Seeds Earmarked pour les légumes. Qu’en est-il des autres légumes comme le patole, la pipengaille, gros pois, petit pois etc. J’avais proposé d’initier les jeunes à la terre. Dans chaque collège d’État, il devrait y avoir des Agricultural Studies Examinables, ce qui existait autrefois. Les jeunes plantaient au collège et chez eux aussi.

Face à la cherté des médicaments et à la cherté de la vie dont se plaignent les seniors, j’avais proposé une VAT Exemption Card pour le 3e âge. Si on regarde les recettes du gouvernement en TVA, ce sont Rs 65,6 milliards qu’il collectera, ce qui fait Rs 4 200 de TVA par personne par mois !

TAKESH LUCKHO (économiste) : « Le secteur économique a été le grand oublié de ce budget »

Le dernier exercice budgétaire est-il salvateur face à la crise économique, la dépréciation de la roupie et la baisse significative du pouvoir d’achat ?

Il y avait beaucoup d’attentes pour cet exercice budgétaire car la population est confrontée à divers types de problèmes. Le premier étant la cherté de la vie qui touche tout le monde. Nous attendions des mesures très concrètes pour attaquer ce problème. Si le taux de l’inflation baisse, cela ne signifie pas que les prix baissent.

En fait, l’an dernier, les prix montaient de 11 % environ et maintenant c’est entre 6-7%. Cumulativement parlant, donc, l’inflation est toujours à la hausse. Qu’a-t-on vu dans le budget ? C’est un budget qui ressemble beaucoup à celui de l’an dernier en termes des prestations sociales et CGS Allowance précisément. Une allocation de Rs 1 000 l’an dernier est passée à Rs 1 500 et une autre allocation de Rs 2 000 a été maintenue. Nous avons ajouté une autre catégorie de bénéficiaires, soit des parents ayant des enfants de moins de 3 ans et de 10 ans. Mais, le problème est resté entier.

Qu’aurait-il fallu selon vous pour régler ce problème ?

Face à l’inflation, il y a eu des allocations. Le budget vient donc compenser la perte du pouvoir d’achat mais ne vient pas apporter une solution plus soutenable. Nous aurons par exemple pu venir avec une sorte de Reduced Taxation sur certains produits ; mettre en oeuvre un système de Regressive Mark-Up sur les produits essentiels et pas uniquement de base comme les burgers et autres produits nécessaires au quotidien. Nous ne pouvons taxer de tels produits comme des produits de luxe. Ou alors fixer un prix temporaire sur certains produits temporairement le temps de cette crise. D’après mon analyse, l’an dernier, nous avons fait la même chose en accordant des allocations. Temporairement, celles-ci soulageront les gens, je ne dis pas non. Visuellement, les gens ont des billets en plus dans leurs mains mais en réalité, il n’y aura pas de changement car les prix ont augmenté. C’est une Money Ilusion.

Qu’en est-il de la dépréciation de la roupie ?

C’est un deuxième problème après l’inflation. De 2014 à 2024, la roupie s’est dépréciée d’environ 29%. Même si c’est plus la Banque Centrale qui se penche sur ce problème, comment empêche-t-on la dépréciation d’une monnaie localement en dépit de la pression internationale ? Quand une économie prospère, sa devise augmente automatiquement.

Mais, d’après mon observation, le secteur économique a été le grand oublié de ce budget. Le budget parle de cibler Rs 100 milliards de revenus touristiques. Est-ce que les touristes dépensent plus ? Non, c’est la dépréciation de la roupie qui fait que les recettes paraissent plus. Les recettes en dollars ont baissé mais quand on convertit en roupie, on a une augmentation.

Quant aux autres secteurs, le budget parle de Blueprint Masterplan Feasibility Studies. Durant 5 ans, ces secteurs dormaient-ils ? C’est maintenant, à la veille des élections qu’on parle de faire un plan pendant cinq ans pour les revoir ? Pour moi, c’est un budget très faible en termes de mesures solides pour faire prospérer l’économie.

Le revenu minimum Garanti à Rs 20 000 d’un côté et attirer des étrangers à Rs 22 500 de l’autre. Ensuite, accorder aux étrangers avec 10 ans d’expérience professionnelle un permis de travail. Quel présage en tirez-vous ?

Le salaire de base aujourd’hui est toujours à Rs 16 500. Ce n’est qu’à travers une allocation que le Revenu minimum garanti (RMG) vient à Rs 20 000, incluant une CSG Allowance de Rs 3 000 + un top up de Rs 500 du gouvernement. Ce que l’on doit comprendre, c’est que l’augmentation n’est qu’une Allowance qui dépend du fonds du CSG qui, on le sait, était vide dernièrement.

Demain, si ce fonds est vide, les travailleurs se retrouveront à Rs 16 500 ! Le salaire de base n’a pas été augmenté. Je n’ai rien contre le RMG car il y a beaucoup de personnes vulnérables. J’accueille cette mesure mais à condition d’enlever le quota de travailleurs étrangers. Je comprends la mesure d’attirer les étrangers pour pallier le manque de main-d’œuvre car beaucoup de nos professionnels quittent le pays. Mais, les étrangers doivent être une solution temporaire.

Quand nous regardons le nombre de chômeurs, le nombre de femmes qui ont le potentiel mais qui ne travaillent pas, le nombre de jeunes diplômés sans travail… Il faut encourager les jeunes à rester en les aidant à acheter un terrain pour fonder leur famille, en développant les loisirs etc. Le risque d’ouvrir son économie aux étrangers, ce sont des tensions sociales, un changement culturel.

La classe moyenne semble être l’enfant pauvre de ce budget, qu’en pensez-vous ?

Encore une fois. Toutes les catégories de personnes ont été prises en compte à l’exception de la classe moyenne.

Au final, que vous inspire ce budget ? Les mesures ‘labous dou’ qu’attendait la population sont-elles susceptibles d’attirer leurs votes ?

La grosse partie du budget a été consacrée à la protection sociale (allocations) avec l’idée de créer un Feel Good Factor. Je suis convaincu qu’il y a eu un calcul scientifique avant le budget pour cibler les diverses catégories de votants. Mais, pour moi, en tant qu’économiste, un budget doit apporter une visibilité : quelles sont les dépenses ; comment faire des investissements ; comment créer la richesse. Tout cela a été oublié.

Je pense qu’à travers les débats à la radio et autres points de vue apportés par des professionnels, la population comprend quelles seront les conséquences de ces allocations. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce Feel Good Factor ne va pas durer très longtemps et ces allocations seront vite absorbées par la cherté de la vie. Il y aura donc un Feel Good Factor mais qui ne touchera pas beaucoup de personnes car beaucoup ont vu l’an dernier que malgré les allocations, leur vie ne s’est pas améliorée.

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