Le gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, avec à ses côtés les premier et second gouverneurs, Rajeev Hasnash et Gérard Sanspeur, a eu une séance de travail avec les représentants des banques privées, hier. Il a été question entre autres des sujets opérationnels et stratégiques.
« Nous avons passé en revue le marché monétaire, le marché de changes, ainsi que des questions d’ordre stratégique comme la modernisation du système bancaire », déclare le gouverneur de la BOM. Lors d’une rencontre avec la presse à l’issue de la réunion, il se dit satisfait que la nouvelle équipe à la tête de la Banque de Maurice ait réussi à renverser la mauvaise politique monétaire. Il est revenu sur l’héritage légué, tel que publié dans le State of the Economy of Mauritius.
« Deux choses qui ont affecté la Banque Centrale, premièrement l’excès de liquidité en raison de l’impression des billets de banque d’une valeur de Rs 150 milliards, montant injecté dans l’économie. Ce montant inclut les Rs 81 milliards à l’intention de la Mauritius Investment Corporation et la différence a été utilisée pour combler le déficit budgétaire », explicite-t-il.
Rama Sithanen fait ressortir que cette politique a engendré un excès de liquidité dans le système qui a provoqué l’inflation. Une partie de cet excès de liquidité – qui était estimée à Rs 34 milliards – a été absorbée par la Banque Centrale qui l’a réduit à Rs 15 milliards. Deuxièmement, cet excès de liquidité a donné lieu à la dépréciation de la roupie par plus de 20% entre 2020 et 2024.
« L’inflation a été de 28% pendant cette période. Cela est dû au fait que le gros de nos produits de consommation est importé et le déficit commercial a augmenté. La roupie a continué à se déprécier et l’inflation, à augmenter. Il y avait eu une politisation extrême des décisions prises par le comité de politique monétaire », dénonce-t-il.
Rama Sithanen ajoute que la réunion du MPC en septembre de l’année dernière avait été convoquée à la suite des instructions reçues. « Les techniciens ont un modèle macroéconomique pour dire ce qu’il fallait faire. Ils avaient recommandé ce jour-là l’augmentation du taux directeur parce que la roupie continuait à se déprécier et l’inflation continuait à grimper. Or le MPC a pris la décision contraire. Et comme tout le monde sait en baissant le taux d’intérêt, l’écart entre dollar et la roupie a augmenté avec pour conséquence que les opérateurs ont continué de garder leurs devises », dit-il encore.
La Monetary Policy Committee, qui s’est réuni le mois dernier, a retourné le taux au niveau qu’il se trouvait avant septembre 2024. « Nous avons pris une décision qui est graduelle, précautionneuse et équilibrée », estime Rama Sithanen.
Le gouverneur s’est appesanti sur la nécessité de revoir le taux différentiel entre le dollar et la roupie. « Maintenant les opérateurs acceptent d’échanger leurs devises. Nous n’avons pas résolu le problème de devises mais la situation s’est améliorée. De plus, ce taux encourage l’épargnant et tous ceux qui ont de l’argent en banque », poursuit-il.
« Nous continuons à absorber l’excès de liquidité et nous nous assurons que le mécanisme de transmission monétaire fonctionne. Lorsque l’inflation est maitrisée et si la roupie cesse de se déprécier, c’est la population qui sort gagnante parce que ses revenus réels s’améliorent et c’est bon pour la population », a-t-il dit
Il a reconnu qu’il est difficile pour que la nouvelle équipe de la Banque Centrale renverse ce qui s’est accumulé pendant cinq ans. Toutefois « the direction of travel is good ». Il a relevé qu’entre janvier de l’année dernière et le 15 novembre dernier, le dollar s’est apprécié de 5 %,la livre sterling de 6,6% et l’euro de 2%.
Par contre, entre le 15 novembre, date à laquelle la nouvelle équipe s’est installée, et maintenant, la roupie s’est stabilisée vis-à-vis du dollar malgré le fait que depuis l’élection du président Trump, le dollar s’est apprécié au niveau international. De son côtén la livre sterling s’est appréciée de 2,7% alors que l’euro s’est apprécié de 1,9% « parce que nous avons pris des mesures pour enlever les distorsions sur le marché .»
Rama Sithanen maintient que grâce aux mesures prises par la Banque de Maurice « nous avons renversé la mauvaise politique monétaire qui avait aggravé la situation en termes de dépréciation de la roupie et de disponibilité des devises. Nous continuerons à combattre l’inflation, à assurer la stabilité financière et la stabilité des devises et en même temps promouvoir un orderly and balanced economic development. »