La motion de blâme logée par le leader de l’opposition, Arvin Boolell, contre le Speaker de l’Assemblée nationale, Adrien Duval, a été rendue caduque. En effet, la motion n’ayant pas été secondée à la fin de quelque cinq heures de débats dans la nuit de lundi à mardi, aucun vote n’a été pris. De son côté, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui était le dernier orateur à intervenir avant le Summing-Up du leader de l’opposition, a maintenu que cette démarche n’avait pas de raison d’être.
« Depuis le début, je savais que l’opposition ne pouvait soutenir la motion de blâme par des faits. The motion is devoid of substance, is baseless, and has nothing to do with the Speaker inside the house whose speakership has so far been unimpeachable », affirme le Leader of the House, qui a pris fait et cause en faveur du fils du leader du Parti Mauricien Social Démocrate, Xavier-Luc Duval. Il ajoute que rien dans la conduite du Speaker au sein de la Chambre ne peut être qualifié d’inapproprié, de partial, d’injuste, de malveillant et d’impartial.
Le Premier ministre a cité la série de mesures prises depuis son élection « qui confirment son indépendance et son impartialité ». Il a estimé qu’avant même que le Speaker n’assume ses fonctions l’opposition avait déjà un préjugé contre lui pour des raisons politiques. « J’aurais pensé qu’après que le Speaker a démontré son impartialité, le leader de l’opposition aurait fait preuve de bon sens et aurait retiré sa motion. Il a choisi de persister dans la mauvaise voie dans une cause perdue d’avance ; de la même manière que l’opposition avait considéré que l’élection du Speaker constituait une violation de la Constitution », a-t-il dit.
Cela, avant de dénoncer l’attitude de l’opposition qui, d’après lui, avait pour meneur Paul Bérenger le jour de l’élection du Speaker. « Je m’attendais qu’il soit au Parlement aujourd’hui pour parler en faveur de la motion. Il a amené l’opposition à l’abattoir », laisse-t-il entendre.
Toujours à propos de l’élection en question, Pravind Jugnauth a cité deux anciens Speakers, à savoir Kailash Purryag et Razack Peeroo, qui ont soutenu les procédures vu qu’elles étaient conformes à la section 32 (4) de la Constitution.
« Il est clair que le parti Travailliste s’est laissé emporter par la furie du MMM et de son leader Paul Raymond Bérenger », avance-t-il en faisant état de l’absence lors de ces débats des deux députés des Nouveaux Démocrates ainsi que de Ritesh Ramful du parti Travailliste.
Il s’est dit convaincu que l’élection d’Adrien Duval a été effectuée en toute légalité indiquant que « ceux qui criaient illégal, illégal ont dû rabattre le caquet. » Il trouve qu’il n’y a rien de mal à ce que le Speaker participe dans des activités sociales estimant que cela a été pratiqué de tous.
Le Premier ministre dénonce le fait que l’opposition a tout entrepris pour semer le doute au sein de la population. « Elle n’est pas parvenue à ses fins car elle a affaire à un gouvernement qui fait son travail dans le respect des lois et des règles établies dans l’intérêt du peuple », a-t-il martelé.
Dans son intervention, Pravind Jugnauth a aussi mis en exergue que contrairement à ce qu’avait affirmé l’opposition il n’a jamais dicté au Speaker sa conduite. « En tant que leader of the House nous décidions au Cabinet l’agenda des travaux parlementaires mais je n’ai jamais dicté au Speaker – que ce soit l’ancien ou le nouveau – sa conduite au Parlement », a-t-il dit. Il a accueilli favorablement les nouvelles mesures annoncées par le nouveau Speaker.
« Nos actions et notre bilan sont notre réponse à cette opposition parlementaire et extra parlementaire qui ne fait que patauger dans une démagogie outrancière », répond-il, ajoutant que la motion de blâme contre le Speaker Adrien Duval sera expédiée dans la poubelle de l’histoire. Il a conclu que l’opposition ne lui fait pas peur.
« Je respecte la démocratie parlementaire et j’ai voulu que cette motion de blâme soit débattue le plus vite afin que l’opposition soit démasquée et estime que les vrais démocrates sont du côté de la majorité », devait-il conclure.
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Kalpana Koonjoo-Shah, ministre de l’Egalité des Genres : « La motion de blâme déjà rejetée par la population »
Pour la ministre de l’Égalité des genres, Kalpana Koonjoo-Shah, la motion de blâme contre le Speaker « n’a pas de raison d’être ». Pour elle, « tout ce qui a été dit au Parlement sera consigné dans le Hansard, mais l’Histoire retiendra plutôt les actions, les paroles et l’absence des parlementaires.»
« L’opposition n’arrive pas à articuler sa vision. Cette motion de blâme is the only way to have les caméras braquées sur eux », déclare-t-elle. Elle indique que dès que le nouveau Speaker avait pris ses fonctions, « il a lui-même renversé certaines décisions prises par l’ancien Speaker ».
La ministre poursuit : « Ils ont parlé de respect et de non-respect des provisions de la loi, et leur propre collègue est venu les contredire. (…) Cette motion de blâme a déjà été rejetée par la population, qui suit les débats. Il n’y a donc aucun doute que l’opposition est venue avec cette motion to gain some, political survival, to obtain some serum. »
Pour elle, cette motion de blâme contre le Speaker a été logée au Parlement afin que l’opposition puisse « se refaire une virginité après que la coalition a booted out le PMSD ». Avec pour effet que, « maintenant, PMSD is no good ». De fait, en venant de l’avant avec cette motion, « c’est un cirque que l’opposition a tenté de faire », affirme-t-elle.
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Rajesh Bhagwan , MMM : « Fiansay finn fer ar pos Speaker, maryaz pe vini »
Rajesh Bhagwan (MMM) a mis en avant que « fiansay finn fer ar sa pos Speaker-la, maryaz pe vini ». La population « refuse que le poste de Speaker soit un cadeau de fiançailles politiques », dénonce-t-il, faisant allusion au rapprochement entre le MSM et le PMSD. Il dit que peu importe les commentaires formulés à son encontre par le ministre Anjiv Ramdhany, l’électorat de Beau-Bassin/Petite-Rivière (No 20) lui fait toujours confiance. « Je serai ici après les prochaines élections générales. Peut-être pas lui ! » a-t-il rétorqué.
Le secrétaire général du MMM s’est par ailleurs dit « peiné » par les commentaires du leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, à l’égard du leader de l’opposition, Arvin Boolell. « Pa riye Ganoo, pa fer boufon ar mwa », a-t-il lancé, mécontent d’une remarque faite par le ministre du Transport à son égard. « Adrien, c’est à Grand-Gaube, à la maison. Ici, c’est le Speaker », poursuit-il, faisant cette fois allusion au discours du leader du PMSD, Xavier-Luc Duval.
Rajesh Bhagwan souligne que lors de la PNQ d’Arvin Boolell sur l’affaire Kistnen vendredi dernier, le Speaker, Adrien Duval, avait demandé au député Shakeel Mohamed de s’excuser. « Le ton m’a rappelé l’ancien Speaker Phokeer. Je n’ai pas été brutal. J’ai tout simplement repris ce détail. C’est à ce moment qu’il a proféré des jurons », pointant en direction du leader des Bleus. « Par cette action, pour moi, le Speaker s’est disqualifié. Il n’a pas montré son impartialité. À plusieurs reprises, je lui ai dit : Talk to your father. Your father is threatening me. J’ai demandé le droit de parole, il me l’a refusé. Tout cela peut être vérifié dans le Hansard », a-t-il expliqué.
« Bérenger, Joanna Bérenger, zot per. Zot kominal. Kontinie kritike mem. Nou’nn gagn iminite lor la. Alan Ganoo, en terminant son discours, a dit zot pou gagn batay. Bate ki zot pou gagne. Pa batay, bate bef. Akoz sa mem zot pe pran sa sink sou-la ki zot manke », a-t-il ajouté.
Des commentaires provoquant un brouhaha au sein de l’hémicycle, où le mot « lysol » allait être entendu. « Dir to lysol mo ena 5-6 fiol pou twa », a répliqué Rajesh Bhagwan, également agacé par des commentaires de Xavier-Luc Duval. « I am not talking to you Honourable Duval. Venez écouter le meeting La Louise, I’ll talk to you. Mo pou koz lor twa ! » a-t-il fait ressortir.
La population ne veut pas « L’Assem… bleu », a-t-il finalement ironisé en s’en prenant au PMSD. Xavier-Luc Duval, selon lui, désavoue le gouvernement en venant dire qu’Adrien Duval apporte un nouveau souffle au Parlement après le règne de Sooroojdev Phokeer.
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Anjiv Ramdhany, ministre de la Fonction publique : « Boolell ne peut savoir qui aura de ticket avec le MSM »
Le ministre de la Fonction publique, Anjiv Ramdhany, a mis en avant que le leader de l’opposition, Arvin Boolell, « ne peut savoir qui obtiendra un ticket pour les prochaines législatives du MSM » ou encore de ses partenaires. Il s’est attardé sur les hostilités qui ont eu lieu dans l’enceinte du Parlement lors de l’élection du Speaker, Adrien Duval, soutenant que les députés de l’opposition PTr-MMM-ND « ont fait honte au pays ».
« C’est la première fois qu’un membre de la population générale devient Speaker dans cette House », a-t-il poursuivi. Un commentaire qui a été rattrapé par le Deputy Speaker, Zahid Nazurally, coupant court au ministre sans nul autre procès. « Minister Ramdhany, vous frôlez le communalisme ! » lui a fait comprendre le vice-président de l’Assemblée nationale.
« Les membres de l’opposition ont été piégés dans leurs propres manigances. En s’attaquant à Xavier-Luc Duval et Adrien Duval, ils ont mis à jour leurs propres incohérences », a poursuivi Anjiv Ramdhany. Avant de se montrer très critique envers Arvin Boolell, Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan. « Ce sont les plus anciens de l’Assemblée nationale. Ils doivent détenir un record mondial de Longest Siiting Opposition Member. S’il existait un tel classement, ils seraient les champions de Maurice. Au total, Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan cumulent 76 suspensions et ont été Named 17 fois », a repris le ministre MSM.
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Steven Obeegadoo, Deputy Prime Minister : « Les masques sont tombés »
Le Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, intervenant lors des débats sur la motion de blâme contre le Speaker, Adrien Duval, déclare que les masques sont tombés.
« Cette motion de blâme est une manœuvre politicienne démontrant un mépris flagrant pour la démocratie parlementaire à un abus de procédure qui reflète le désarroi de l’opposition », a-t-il affirmé.
Il a accusé l’opposition de mener une politique de déstabilisation entamée depuis 2019.
« Le précédent Speaker de l’Assemblée nationale a été accusé de tous les maux. Quels que soient les torts et les manquements imputés à l’ancien Speaker dès le premier jour, il y a eu un refus d’accepter les résultats des élections, un refus d’accepter le Speaker avec des obstructions permanentes et un comportement visant à provoquer les suspensions. C’était du jamais vu », s’est-il appesanti.
Le Premier ministre adjoint a avancé que la motion de blâme a été provoquée par la colère ressentie par les dirigeants de l’alliance PTr-MMM parce que le PMSD les a abandonnés et a pris le large. Il avance que vu que le nouveau Speaker s’appelle Adrien Duval et qu’il est était issu du PMSD, il était condamné dès le départ. C’est cela la vérité.
Il a conclu son intervention en posant une question : « Je me tourne vers le parti Travailliste pour dire à leurs dirigeants, qui ont vilipendé le commissaire électoral et la commission électorale, sont-ils prêts, quelle que soit l’issue des prochaines élections générales à respecter les résultats des élections comme le MSM et le MMM l’ont fait jusqu’à 2019 ? Voilà la question à laquelle j’attends une réponse de l’opposition. »