- Après les Rs 9 milliards empruntées par le National Property Fund Ltd, le gouvernement a injecté Rs 3,2 milliards dans la Maubank
- Deux agents, dont une girouette politique notoire, à l’Independent Police Complaints Commission
- Au hit-parade des pigeons voyageurs : Vishnu Lutchmeenaraidoo et Anil Gayan, dont les responsabilités sont utilisées pour d’interminables escapades et dont le coût est gardé secret
Après les milliards de fonds publics gaspillés selon le dernier rapport du directeur de l’Audit, les Rs 9 milliards empruntées à la Banque de Maurice et de quatre autres banques commerciales par le National Property Fund Ltd pour rembourser les détenteurs de la police d’assurance Super Cash Back Gold, d’autres milliards provenant des fonds publics ont aussi été utilisés pour renflouer la Maubank. C’est ce qu’a révélé le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, en réponse à une question du député du MMM, Aadil Ameer Meea. Et si l’option Hinduja avait été, un temps, présentée comme la panacée qui permettrait de recouvrer rapidement ces sommes, la participation de ce groupe financier au capital de la Maubank semble toujours buter sur certains gros os. La séance de mardi dernier a démarré avec la traditionnelle Private Notice Question de Xavier Duval, laquelle, cette semaine, était consacrée à la brutalité policière, sujet qui était déjà à l’agenda du Question Time du jour avec des questions d’Alan Ganoo et de Veda Baloomoody. Pas étonnant donc, que l’opposition ait, dans son ensemble, fait bloc sur ce sujet.
Si le leader de l’opposition s’attendait à ce que ce soit Pravind Jugnauth, lui-même, qui réponde à cette PNQ, la patate chaude a, en fait, été refilée au ministre mentor qui, du haut de ses 88 ans, a fait du Sir Anerood Jugnauth, pour ne pas changer. Ce qu’il faut retenir de cet échange, c’est qu’il y a eu un seul cas qui a été transmis au DPP, celui des policiers qui avaient été impliqués dans le décès d’Iqbal Toofany en mars 2015, tandis que ceux qui ont dénudé David Gaiqui devront faire face à des procédures disciplinaires.
Les échanges les plus animés ont eu lieu lorsque Xavier Duval a contesté le choix des membres de l’Independent Police Complaints Commission, dont les assesseurs Phalraj Servansingh – ancien conseiller municipal du MSM à Port-Louis, qui jusqu’à récemment était un nominé politique à la direction de la SMEDA – et, surtout, Dick Ng Sui Ha.
Le dernier nommé est particulièrement connu pour ses retournements de veste aussi successifs que brusques. Après des débuts au MSM et une proximité affichée avec Ashock Jugnauth, celui-ci le nomme, en 2000, à la présidence du centre cardiaque. Lorsque le demi-frère de SAJ et oncle de Pravind Jugnauth quitte le MSM en 2006 pour créer l’Union nationale, Dick Ng Sui Ha en devient un des membres fondateurs. Toutefois, en 2010, il rejoint l’Alliance de l’Avenir, composée du PTr, du MSM et du PMSD, tout en se la jouant libéro, puisqu’il est même aperçu partageant une estrade avec Cehl Meeah, ancien membre du Hizbullah et leader actuel du Front solidarité mauricienne. En 2014, il se rapproche du PMSD et devient le Campaign Manager de Lepep à Curepipe/Midlands.
Des nominations politiciennes
Lorsque le PMSD quitte le gouvernement en décembre 2016, c’est à contrecoeur et un peu contraint qu’il démissionne de la présidence de la Mauritius Film Development Corporation. Dick Ng Sui Ha se rapproche ensuite très vite du MSM et on le voit faisant l’intermédiaire entre grévistes du SCBG et le Premier ministre. En attente d’une nomination, ses voeux ont été enfin exaucés avec cette participation à l’IPCC. Malgré les objections du leader de l’opposition quant à ces nominations clairement politiciennes, le ministre mentor a rétorqué que, “these people are qualified people they are citizens of this country and they are entitled to the same treatment as anybody else “.
Il sera tout aussi cassant sur l’épineux problème de l’ordre et de la sécurité évoqué par le député du MMM, Rajesh Bhagwan. SAJ a commencé par énumérer les mesures prises par le Commissaire de police et ses troupes avant que l’auteur de la question n’insiste sur le fait que cela ne change rien au quotidien, puisque les gens sont agressés et volés en pleine journée. C’est à partir de là que le ministre mentor a commencé à s’énerver et qu’il a asséné : “I am satisfied that the Commissioner of Police is taking his responsibility and doing his work. It is the mentality of the people, it is the people’s behaviour that is degrading day by day and may be many of your own followers are acting in the same way.” Une accusation qui a fait bondir Rajesh Bhagwan et ses collègues de l’opposition. Le député du No 20 a parlé de réponse “honteuse” de SAJ et a renchéri en lançant : “Go and see what is happening outside and you will know. Ask your chamchas to tell you what is happening outside. Billions are being spent on the Police Force, there are recruitments, long replies in Parliament, but on the field, action is zero !”
Ce qui a laissé sans voix l’ancien Premier ministre et, malgré la bouée de sauvetage que lui a lancée son colistier du No 7, Ravi Rutnah, l’opposition n’a rien lâché. Visiblement choquée par le ton employé par le ministre mentor, Danielle Selvon a été on ne peut plus directe. Du fait qu’il s’est avéré que le Commissaire de police a signé le passeport d’un présumé trafiquant de drogue, la députée a réclamé que ce dernier se retire dans l’intérêt de l’ordre et de la sécurité. Aucune réponse du mentor.
Pas plus d’annonces tranchantes lors de la tranche consacrée au Prime Minister’s Question Time, alors qu’il était question de sujets aussi fondamentaux que la réforme électorale et le financement des partis politiques. Répondant à deux questions dans ce sens de Rajesh Bhagwan et Kavi Ramano, tout ce qui a pu être arraché du Premier ministre, c’est qu’il y aura peut-être un texte sur le financement des partis politiques d’ici à la fin de l’année. Même s’il y a déjà eu un premier rapport du comité ministériel alors présidé par Xavier Duval. Les choses avancent visiblement lentement. Sur la réforme électorale, ce sera carrément le flou artistique, la réponse classique que le comité ministériel, aujourd’hui présidé par Sir Anerood Jugnauth, travaille toujours sur la révision de notre système électoral sans calendrier, sans échéancier précis.
Même à Arvin Boolell, qui avait posé la question de savoir ce qu’il adviendra de la plainte de Resistants ek Alternativ sur le refus de devoir déclarer son appartenance communale avant de se présenter à une élection. il n’y aura pas plus de clarification, tandis qu’une affaire entrée en cour est toujours en suspens et que les échéances approchent. Autant dire que, pour la réforme, il va falloir, encore une fois, repasser.
Le walk-out de Bashir Jahangeer
Le gros de l’exercice questions/réponses sur ce thème du CEB a essentiellement porté sur ce qui parait être un subterfuge pour soustraire le CEB des contraintes du recours à l’appel d’offres pour ses projets. Ivan Collenfdavelloo a insisté sur le fait que ce n’était pas le cas et que les compagnies montées par le CEB auront, elles aussi, à passer par le Central Procurement Board. Réponse qui est loin de convaincre l’opposition.
Même chose sur Agaléga, sinon le refuge de la vice-Première ministre Fazila Daureeawoo derrière la clause de confidentialité agréée avec l’Inde malgré l’insistance d’Aadil Ameer Meea et des députés de l’opposition.
A l’heure des déclarations ministérielles, après celles à la limite du soporifique du Premier ministre sur les dernières observations de Moody’s sur la situation financière du pays et d’Anil Gayan sur la tenue d’une conférence sur le territoire, il y a eu celle du Premier ministre adjoint sur une question de Bashir Jahangeer sur un contrat alloué par la CWA. Dès qu’il s’est mis debout pour mettre les points sur les i, le député du MSM Bashir Jahangeer a effectué un walk-out, malgré les appels de ses collègues pour qu’il reste dans l’hémicycle.
C’est en marge de la séance que les parlementaires ont aussi appris que la réponse à une question de Rajesh Bhagwan datant d’octobre de 2017 sur les voyages ministériels a été déposée et qui indique qu’il y a eu 98 déplacements entre décembre 2016 et décembre 2017, avec, au hit-parade des pigeons voyageurs, les ministres des Affaires étrangères et du Tourisme, Vishnu Lutchmeenaraidoo et Anil Gayan qui cumulent à eux deux, respectivement 13 et 7 voyages. Leurs responsabilités ministérielles servant de justificatition pour cet engouement pour les voyages.
Par contre, point de détail en annexe concernant le coût de ces nombreux déplacements. Et on peut le comprendre. Une somme de Rs 31,8 millions avait été dépensée pour les escapades ministérielles entre juin et décembre 2016, chiffre fourni toujours suite à une interpellation de Rajesh Bhagwan. La note doit être, on l’imagine, encore plus salée.
A l’item projet de loi, l’approbation du Pouce Stream Bill qui définit les conditions dans lesquelles le promoteur du projet du Caudan peut empiéter sur le domaine public.