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« Arrestations et saisies record: « eye-opener » pour le peuple! »

Des travailleurs sociaux engagés dans la lutte contre la drogue sortent de leurs réserves, et ce, expliquent-ils, « parce que nous avons souhaité laisser les autorités procéder aux arrestations et autres saisies et à la Commission d’enquête sur la drogue » de tenir ses travaux. « Le tout agit comme un “eye-opener” pour la population. Mais pas pour nous ! » nuancent-ils toutefois.

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De fait, ils accueillent favorablement la décision du Premier ministre de « créer un “council” et de prendre le dossier drogue sous sa férule » au Prime Minister’s Office (PMO). « C’est un signal fort en termes de leadership, que nous saluons bien évidemment. Cependant, définissons nos priorités et faisons en sorte que le partenariat État/Ong fonctionne dans les meilleures conditions. »

« 2017 a été l’année des records en ce qu’il s’agit de saisies de drogues et d’arrestations, notamment des “zanfan lakaz” et d’autres qui gravitent dans le giron du pouvoir ! » Ally Lazer, président de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice (ASTM), est catégorique : « Avec la Commission d’enquête sur la drogue, menée de manière ferme par l’ex-juge Lam Shang Leen, cela a mis au jour les agissements des “narco-avocats”, soit ces membres du judiciaire véreux qui magouillent avec des trafiquants. » Cependant, retient notre interlocuteur, « si la masse populaire est étonnée, voire choquée, par tout cela, pour nous, les travailleurs sociaux, qui sommes sur le terrain depuis plus de 30 ans, ce n’est pas surprenant ».

D’autant, dit-il, que « cela fait des décennies que nous dénonçons ces mauvaises pratiques, qui nous ont fait décrocher la médaille d’or de consommation d’héroïne sur le continent africain ».

Abondant dans le même sens, et saluant « les efforts des éléments de l’ADSU et de la MRA, autant que tous ces autres qui ont été mis à contribution dans les saisies et arrestations », Cadress Rungen, responsable du Groupe A de Cassis et de Lakaz A, note qu’il y a « un énorme travail de fourmi à entreprendre ». Il élabore : « Nous allons devoir redoubler d’efforts, nous, travailleurs sociaux, tout comme les décideurs politiques. Car s’il y a eu autant d’arrestations et de saisies, c’est que la situation est certainement bien grave. Et avec l’avènement des nouvelles drogues synthétiques (NDS), tant dans nos campagnes que dans nos villes, il est urgent de voir comment empêcher nos jeunes de devenir des victimes de ces produits et de sortir ceux qui en sont déjà devenus des esclaves. »

Le directeur du Centre Idrice Goomany (CIG) de Plaine-Verte, Imran Dhanoo, retient surtout pour sa part que « quand on évalue que Rs 3 milliards de drogues ont été saisies, il faut en fait multiplier ce chiffre par 10 ». Il explique : « En effet, si les autorités sont parvenues à déjouer les agissements d’un certain groupe et à procéder à une saisie, il ne faut pas oublier que ce sont plusieurs autres cargos de drogues qui ont réussi à être introduits dans le pays.

C’est la même formule que l’on applique par exemple pour avoir une estimation du nombre de porteurs du virus du sida : pour chaque patient, on multiplie, car ce malade a un conjoint et d’autres personnes qui sont impliquées… » Mais le pire, estime notre interlocuteur, « c’est que la Commission d’enquête, caractérisée par l’application et le souci du détail de son président, Paul Lam Shang Leen, suivant le travail énorme abattu par l’ASP Tuyau et ses enquêteurs, confirme que la mafia a infiltré nos institutions, ce qui prouve, comme nous l’avons déploré des années durant, que la pieuvre a bel et bien gangrené le système et le ronge de l’intérieur ».

Par ailleurs, ces travailleurs sociaux font remarquer qu’en matière de traitements pour les malades des drogues, toxicomanes frappés par diverses addictions, « il y a beaucoup à mettre en œuvre ». Louant la décision du ministre Anwar Husnoo d’étoffer l’option de désintoxication en ramenant le traitement à la méthadone, en plus de celle de la Suboxone/Naltrexone, et la codéine phosphate, ces hommes notent que «les listes d’attente des demandeurs sont longues ».

De même, ils rappellent qu’une structure, en l’occurrence l’Observatoire national des drogues, avait été mise sur pied et lancée. « Mais est-elle fonctionnelle ? » se demande-t-il. Imran Dhanoo relève que « l’un de ses objectifs est d’amener tous les partenaires concernés, donc les représentants des ministères et des agences étatiques, comme les membres des Ong, à dialoguer et partager leurs savoirs… » Mais ces travailleurs sociaux ne voient rien venir.

Master Plan : « Long overdue »

Chacun des travailleurs sociaux sollicités note que cela fait « des années » qu’ils ont demandé l’élaboration d’un Drug Control Master Plan. Danny Philippe rappelle : « Depuis l’an dernier, on nous a fait comprendre que le document avait été finalisé et qu’il était en phase d’être présenté avant la fin 2017. Mais nous sommes déjà en janvier 2018 et… rien ! » Le travailleur social ajoute : « La politique en matière de drogue mérite d’être sérieusement revue afin de rester en phase avec ce qui se passe dans le monde. » Cadress Rungen note pour sa part que « les recommandations de la Commission Lam Shang Leen et celles du Master Plan ne devront pas faire doublon ». Il développe : «C’est un risque… Et avec le “council” que se propose de créer le Premier ministre sous le PMO, il faudra veiller à ce que les priorités soient bien définies. Ce n’est que de cette manière qu’il y aura une cohérence dans le travail entamé. »

Me Teeluckdharry retire sa demande

Me Sanjeev Teeluckdharry, qui avait saisi la Cour suprême pour demander un disclosure order à la Commission d’enquête sur la drogue en vue d’obtenir des détails sur les preuves retenues contre lui afin de pouvoir répondre aux questions de la commission, ne souhaite plus aller de l’avant avec sa demande. L’affaire a été appelée ce matin devant le Chef juge, qui face à ce développement a set aside la demande with costs. Au Mauricien, l’homme de loi a expliqué qu’il a déjà répondu à la Commission et que puisque l’instance n’a pas de nouveau fait appel à lui, il n’y a pas lieu d’insister sur cette action légale. Me Sanjeev Teeluckdharry avait logé une demande d’injonction en Cour suprême pour un “disclosure order” des documents qui seront utilisés lors de son audition. Il voulait en outre obtenir des détails sur les preuves retenues contre lui en vue de pouvoir répondre aux questions de la commission.

Dans son affidavit, rédigé par l’avoué Yash Balgobin, il avait dénoncé « la façon d’agir » de la commission d’enquête, qui lui avait fait comprendre qu’elle n’avait aucune obligation de lui communiquer les documents qu’elle utilisera pour l’interroger, rappelant que « the Law of Evidence is to apply and of the basic rules of evidence to the effect that the citizen is entitled to full and frank disclosure of all documents which may be used to examine or cross-examine him, so that his Counsel can meaningfully assist him », accusant la commission d’agir « unlawfully, unfairly, unreasonably, unconstitutionally, in breach of the basic rules of evidence and of natural justice ». En août, il avait fait parvenir ses explications dans un rapport de 12 pages. « None of my visits are unsolicited », avait ainsi affirmé Sanjeev Teeluckdharry à la commission d’enquête dans le dossier déposé. L’avocat se justifie et se défend bec et ongles sur ses multiples visites à la prison.

 

 

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