S’il est un fait que les actions ne suivent que trop peu les discours d’intention en matière environnementale à Maurice, il en est hélas de même en ce qui concerne la protection animale.
Le dernier exemple en date, ayant trait à l’accord passé avec le Japon, permettant à ce dernier d’opérer dans notre zone économique exclusive, est éloquent à plus d’un titre. Comme le rappelaient d’ailleurs récemment les animateurs de Rezistans ek Alternativ, Maurice, par l’entremise de la Commission des thons de l’océan Indien, dont le pays est membre, s’est engagée à réduire la pêche du “yellowfin”. Or, cette espèce est très prisée du peuple nippon, tout autant d’ailleurs que d’autres nations dont les navires croisent dans l’océan Indien, à l’instar de l’Espagne.
Qui plus est, il est tout aussi notoirement connu que les Japonais affectionnent également la chasse à la baleine, et ce alors que Maurice a soutenu la motion des Seychelles devant l’International Whaling Committee en 1979 pour que la zone océan Indien devienne un sanctuaire pour les baleines. Or, rien ne dit que les navires nippons qui sillonneront nos eaux ne s’adonneront pas à ce genre d’activité.
Autant dire que les motivations économiques et relationnelles auront eu raison du simple bon sens. D’autant que, malheureusement, notre irresponsabilité ne s’arrête pas à ce seul exemple. Nous pourrions ainsi évoquer, une fois de plus, la sempiternelle question des chiens errants et de leurs conditions de vie dans les fourrières des autorités de la protection animale. Mal nourris, entassés dans des cages souvent minuscules, ceux-ci vivent en effet un véritable calvaire entre les mains de ceux qui se prétendent leurs meilleurs amis. Sans compter les cas de maltraitance, attestés pour rappel il y a quelques années par des vidéos ayant circulé sur les réseaux sociaux, et dont les images insoutenables avaient bouleversé Mauriciens et visiteurs de passage.
De même, nous pourrions évoquer le cas des macaques, chassés et vendus aux laboratoires pharmaceutiques étran- gers en vue, paraît-il, de faire avancer la recherche en matière de santé humaine, fait là encore maintes fois dénoncé par les associations de défense des animaux à travers le monde. Ou encore le cas des chauves-souris, dont l’espèce, endémique faut-il le rappeler, est aujourd’hui de plus en plus menacée d’extinction avec la légalisation de leur abattage, et ce sous le seul prétexte que ces mammifères nuisent à la récolte de certains arbres fruitiers. Dans ce cas précis, n’en déplaise à l’un de nos confrères, protéger une espèce animale, en l’occurrence ici des chauves-souris, est bien d’une importance bien plus cruciale que de protéger la production d’arbres fruitiers et l’économie qui en découle.
Qu’il se rassure aussi : ce cri d’alerte n’est pas celui d’écologistes en herbe, mais simplement celui de la raison, y compris économique. Il faut en effet savoir que les chauves-souris, même frugivores, dévorent également des insectes, que ce soient ceux contenus dans les fruits ou dans leurs alentours, dont des moustiques, insecte faut-il le rappeler vecteurs de nombreuses pathologies humaines, très coûteuses à l’État en matière de traitements et de prévention. Par ailleurs, il faut aussi savoir que les fientes de ces mammifères contiennent de l’azote, du phosphore et du potassium, trois substances servant de matériaux pour l’engrais. Et que ce dernier, appelé aussi engrais guano, est bénéfique à la croissance de nombreux végétaux, y compris donc d’une grande variété de légumes.
Si les autorités mauriciennes sont davantage favorables à protéger ses intérêts immédiats que sa faune et sa flore, endémique ou non, elles ne sont évidemment pas les seules concernées par ce phénomène, finalement d’ordre mondial. Attestant ainsi du ridicule des Sapiens, qui auront depuis toujours imposé leur hégémonie sur les autres espèces, justifiant dès lors notre immense faculté à accorder droit de vie et de mort sur tout être vivant, y compris nos semblables dans certains cas.
Des espèces, animales et végétales, ayant pourtant tout autant le droit de peupler la terre que nous (certaines étant d’ailleurs déjà là bien avant notre apparition, et même, pour les végétaux, environ 100 millions d’années avant la première « molécule animale »), mais dont nous ne nous préoccupons guère, celles-ci étant, elles aussi, soit considérées comme nuisibles, soit utiles pour les liens affectifs qu’elles nous procurent (animaux de compagnie, plantes en pot…), soit encore perçues comme de simples produits de consommation. Jusqu’à ce que nous comprenions enfin des conséquences de la perte de toute cette biodiversité sur notre quotidien. Et prouvant en fin de compte que la plus nuisible des espèces peuplant notre planète n’est nulle autre que l’être humain !