Jack Bizlall, animateur au sein de la Fédération des syndicats progressistes (FPU) et au sein du Mouvement Premier Mai (MPM), est très remonté contre le gouvernement. Il dit avoir relevé dans la loi sur le paiement du salaire minimum national « une discrimination inacceptable dont vont souffrir particulièrement les travailleurs de la zone franche d’importation et les travailleurs migrants étrangers du secteur. » Il annonce l’envoi d’une correspondance à cet effet au ministre du Travail, Soodesh Callichurn. Mais, avertit-il, « si le gouvernement ne revoit pas sa copie, ce sont les instances internationales dont Maurice a signé les conventions garantissant protection et égalité de traitement qui seront saisies, avec le fort risque que notre république essuie le blâme ».
Le gouvernement de l’Alliance Lepep a tenu sa promesse électorale de modifier la loi du travail afin de garantir à ceux qui ont un emploi à plein temps dans le pays un salaire minimum national qu’il a fixé à Rs 8 140. Avec le paiement additionnel de la compensation du coût de la vie (COLA) de Rs 360, le salaire minimum payable à la fin de ce mois se monte à Rs 8 500. Selon Jack Bizlall, le salaire minimum a d’abord été un long combat mené par les syndicats, parmi les tout premiers la FPU.
Toutefois, soutient-il, malgré le flot d’explications gouvernementales fournies depuis la fin de l’année dernière autour de la mesure, de grandes disparités existent, en réalité, entre le véritable salaire que percevront les employés du secteur de la zone franche d’exportation et les quelque trois dizaines de milliers de travailleurs migrants (Bangladais, Chinois, Indiens et Malgaches en majorité), et celui des travailleurs des autres secteurs.
Selon Jack Bizlall, « c’est tout à fait inexact d’affirmer, comme le prétend le gouvernement, qu’il y a un salaire minimum pour tous car il y a en fait une discrimination contre laquelle il faudra dès maintenant engager un combat. »La contestation du syndicaliste-politicien est fondée sur les National Minimum Wage Regulations 2017, gazettées dans la Government Notice N°1 de 2018 le 5 janvier dernier. De manière très officielle, c’est cette notice à elle seule qui donne force de loi à la mesure gouvernementale.
Il est dit dans la loi section 3 (1) que le salaire minimum national de chaque travailleur, autre qu’un travailleur à temps partiel, doit être de Rs 8 140 par mois. Il est précisé ensuite dans la sous-section (3) (a) que le travailleur concerné est other than a worker of an export enterprise (autre qu’un travailleur d’une entreprise d’export) et que le salaire minimum n’inclut pas la compensation salariale. Donc, qu’en ajoutant le paiement additionnel de la compensation le salaire atteint Rs 8 500.
Par contre, la sous-section (3) (b) de la loi impose que, dans le cas du travailleur de l’entreprise d’exportation, (a) le salaire minimum de Rs 8 140 be inclusive of (c’est-à-dire qu’il comprend aussi) la compensation salariale de Rs 360 ; (b) l’allocation logement ou la valeur de cette allocation s’il y a lieu ; (c) l’allocation alimentaire accordée au travailleur qui en bénéficie ou l’équivalent de cette allocation s’il y a lieu et ; (d) toute rémunération fixe en cash ou sous d’autres formes accordées au travailleur mensuellement et qui est garantie pour des heures de travail normales et dont ne sont pas déduits des jours d’absence autorisée. Toujours selon la loi gazettée, la somme totale des bénéfices accordés au travailleur de l’entreprise de la zone franche d’exportation qui est à comptabiliser dans son salaire minimum ne doit pas dépasser Rs 2 500 par mois.
Le calcul est simple, selon Jack Bizlall. Déjà, le travailleur mauricien de la zone franche est privé de compensation salariale contrairement aux autres travailleurs du pays, mais son confrère le travailleur étranger va lui perdre encore plus, soit sa compensation salariale et Rs 2 500. En fin de compte, véritablement, c’est seulement Rs 5 640 que le travailleur migrant touchera par mois à Maurice comme salaire minimum.
Selon Jack Bizlall, « la loi gazettée est contraire à toutes les conventions internationales. Ces conventions auxquelles Maurice à adhéré, qu’elle a signées, font obligation à tout employeur qui a recours aux travailleurs migrants de lui fournir logement, nourriture et protection en dehors de son salaire. Maurice ne peut pas être une exception. »