C’est un pan de l’histoire qui, chaque jour qui passe, tombe davantage en ruine devant des milliers de témoins. L’hôtel de ville de Curepipe, cette grande dame de jadis, n’a plus de prestance. Et ironiquement, ce sont sur ses plaies béantes non pansées depuis des années que ce monument historique porte une guirlande d’ampoules en guise de clin d’œil à la ville lumière. L’image que renvoie ce bâtiment – appelé autrefois La Malmaison – de 10,000 pieds carrés est affligeante. Chaque mètre carré de la structure est à restaurer. Quant au plafond défoncé de la varangue, il fait la joie des pigeons, tandis que des bâches quasi inutiles recouvrent le toit du grenier grandement abîmé. Les façades de l’hôtel de ville recouvertes de mousse par endroits, la toiture prise d’assaut par des plantes envahissantes, les colonnes qui ont perdu de leur superbe, les fenêtres de toit ainsi que le métal rouillé des mains courantes font peine à voir. Les sublimes bardeaux défoncés et abîmés par le temps et l’indifférence des hommes ont créé des passages pour la pluie curepipienne. L’humidité a eu raison du bois.
Plus personne ne s’attarde sur les tourelles, les pierres ou encore le vitrail du bâtiment. L’hôtel de ville de Curepipe est ceinturée d’une barrière non seulement pour interdire l’accès, mais comme pour isoler un malade fragilisé sur le point de rendre son dernier souffle… Pendant ce temps, on peut lire sur le site de la municipalité de Curepipe, à propos de l’hôtel de ville: » Overlooking a small park in the centre of Curepipe, the Hôtel de Ville is one of Mauritius’ best surviving structures from its colonial era. Notice the gable windows, verandah and decorative wooden friezes known as dentelles – all are signature traits of the island’s early plantation architecture. »
Les travaux de rénovation pour donner à l’hôtel de ville de Curepipe sa splendeur d’antan devraient commencer à la fin de juillet. Cette assurance donnée par Hans Marguerite, le maire de la ville, sonne comme une lueur d’espoir. Mais malgré sa certitude, les amoureux de notre patrimoine ne seront convaincus que le jour où la grande dame sera entre les mains d’experts. Dans le passé, il y a eu tellement d’annonces et de controverse sur la rénovation du bâtiment. Le maire de Curepipe explique que le coût du lifting de la structure ne devrait pas dépasser Rs 120 M. Dans peu, un appel d’offre sera lancé à l’intention des spécialistes étrangers. À Maurice, c’est la firme Desai & Co.Ltd qui agit comme consultant auprès de la mairie. Selon le maire, les travaux de rénovation dureront 15 mois. Une fois ceux-ci terminés, l’hôtel de ville devrait retrouver le même éclat d’origine. Certes, la dextérité et le savoir-faire des artisans d’il y a plus de cent ans ne seront jamais égalés. Mais si des ouvriers du 21e siècle arrivent à ranimer l’âme de La Malmaison, le sauvetage sera apprécié.