C’est à l’hôtel Veranda Paul et Virginie que Jean-Yves Blot, archéologue naval, a donné, récemment, à l’initiative de Histoire (s) Productions de Thierry Chasteau, une conférence sur le naufrage du Saint-Géran qui remonte à 1744, soit bientôt 275 ans de cela. Jean-Yves Blot, soutenu par la Mauritius Ports Authority (présence à l’occasion du président de cet organisme, M, Ramalingum Maistry) et Veranda Paul et Virginie, est revenu sur le lieu de l’épave 40 ans après y avoir effectué sa première mission d’exploration, en 1979.
En attendant que l’on organise dignement, nous confiait Yann von Arnim, président de la Société de l’Histoire de l’Ile Maurice et membre du Mauritius Museums Council, qui a pris la parole en début de soirée, le 275e anniversaire de ce drame en mer qui est solidement ancré dans la mémoire et l’imaginaire mauricien grâce au roman éponyme de Bernardin de Saint-Pierre, « Paul et Virginie ».
D’emblée, Yann von Arnim, un connaisseur tout comme Jean-Yves Blot, de l’épave du Saint-Géran et bien d’autres épaves maritimes dans les eaux mauriciennes, a brossé un tableau de diverses épaves répertoriées dans l’historiographie maritime de l’île. Il se prépare, tout comme Jean-Yves Blot, à mettre en relief toute l’histoire entourant le naufrage du Saint-Géran dans le cadre du 275e anniversaire de ce drame en mer qui a coûté la vie à quelque 200 personnes, dont 39 esclaves que Jean-Yves Blot préfère designer sous le terme de « prisonniers de guerre », étant donné qu’une proportion substantielle d’esclaves l’étaient pour avoir été emportés comme captifs à l’issue d’une « guerre » dont ils étaient sortis vaincus, puis vendus à des négriers.
Impact matériel et culturel
Les fers de ces 39 « prisonniers de guerre » se trouvent dans l’épave et témoignent de la place prépondérante qu’occupait la traite négrière dans le commerce maritime de l’époque. Au-delà de de ce drame humain, Jean-Yves Blot souligne l’impact matériel et culturel sur la population francilienne suivant le naufrage : la perte de « la totalité des marchandises, de l’argent, tout ce que l’île attendait pour ses besoins, pour les prochains six mois ».
De plus, « c’est un drame qui a tellement marqué l’île qu’un écrivain, aventurier, ingénieur, Bernardin de Saint-Pierre, en a eu plein les oreilles, quand il est venu vivre ici ». Il en a produit le roman »Paul et Virginie » qui se baigne dans le triste sort qu’a connu le Saint-Géran et qui a inscrit durablement dans la mémoire collective l’un et l’autre.
En tout cas, toutes les parties concernées s’efforceront, au courant de l’année prochaine, de travailler un dossier en béton sur l’importance du site du naufrage du Saint-Géran en tant que patrimoine universel.