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Musée de l’Esclavage : “Protest March” le 1er février devant la lenteur du projet

Devant la lenteur avec laquelle avance le projet de Musée intercontinental de l’Esclavage dans l’ancien hôpital militaire à Port-Louis, le Comité diocésain 1er-Février organisera une “Protest March” à la Gaulette au jour annuel de commémoration de l’abolition de l’esclavage le mois prochain. Pour l’occasion, les marcheurs qui s’habilleront en costumes traditionnels africains se donneront rendez-vous aux abords du supermarché du village côtier à partir de 8 h avant de rallier l’église Notre-Dame-de-la-Pêche-Miraculeuse où sera célébrée, cette année, la traditionnelle messe commémorative à 8h30 ce 1er février 2019.

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Cette année, la commémoration par le Comité diocésain 1er-Février de l’abolition de l’esclavage à Maurice en 1835 s’inscrira dans la perspective de la décision des Nations unies de décréter la décennie 2015 – 2024 celle des Peuples d’ascendance africaine. Le Dr Jimmy Harmon du Comité diocésain rappelle à Week-End que cette décennie commémorative est placée sous le triple signe de la Reconnaissance, de la Justice et du Développement.

“La lutte pour l’aboutissement de ce projet d’un Musée intercontinental de l’Esclavage cadre parfaitement avec ce combat pour la Reconnaissance, la Justice et le Développement”, dit-il. Jimmy Harmon soutient que le projet ne vient pas du gouvernement. “Il s’agit, rappelle-t-il, d’une des principales recommandations de la Commission justice et vérité”.
Cette recommandation, explique le Dr Harmon, n’a pas été formulée sur un coup de tête, mais est l’expression d’un souhait formulé par des centaines de personnes venues déposer. Aussi, dit-il, ce n’est pas tant le fait que le projet tarde à se concrétiser qui irrite au premier chef, mais le sentiment que ceux qui y sont directement concernés en sont exclus.
“Nous ne voulons pas d’un projet qui aurait pour seul objectif de satisfaire l’intérêt d’une petite élite d’intellectuels”, déclare le responsable de la Commission diocésaine. Mieux qu’un musée de plus qui ne se contenterait que d’offrir à la vue de visiteurs quelques artefacts de plus, Jimmy Harmon indique que l’objectif visé est de mettre sur pied un véritable lieu de mémoire “pour que l’on se dise ‘plus jamais ça’, un peu à la minière du Mémorial de la Shoah”.

“La faute à Baboo”

Selon le Dr Harmon, logiquement, c’est le Nelson Mandela Centre for African Culture qui aurait dû être la principale cheville ouvrière de ce projet de Musée de l’Esclavage. “Sur les comités de travail, les officiels du centre ne sont accommodés qu’au même titre que d’autres représentants de ministères”, s’indigne-t-il. Ce qui, pour le responsable du Comité diocésain, est un manque d’égards envers le centre.
Jimmy Harmon ne s’explique pas, non plus, l’utilité d’un projet de faisabilité pour ce musée. Il rappelle, à ce propos, que le rapport de la Commission justice et vérité, déposé depuis 2011 comprend, en annexe, un minutieux plan détaillé et conceptualisé d’un tel projet. “Tout avait même été évalué”, dit-il. Même s’il convient qu’avec le temps, une réactualisation des données était, peut-être, nécessaire.

Le responsable du Comité diocésain rend surtout l’ancien ministre Dan Baboo responsable de cette “perte de temps et d’énergie”. “Ce dernier s’est, semble-t-il, laissé mener en bateau par un de ces fonctionnaires zélés ou ayant un agenda caché”, selon Jimmy Harmon. “Le ministre Pritviraj Roopun qui l’a, par la suite, remplacé est tombé dans le même piège”, dit-il. Or, selon le Dr Harmon, ce qui importait le plus à faire était de procéder à une reconnaissance des lieux sur le site de l’ancien hôpital militaire dans la zone portuaire comme recommandé par les experts de l’UNESCO.

Situé juste à côté de l’Apravasi Ghat, cette structure en vieilles pierres bâtie par des mains d’esclaves en 1740 sous l’administration de Mahé de Labourdonnais est considérée comme le plus vieux bâtiment toujours sur pied de Maurice, voire de la zone Sud de l’océan Indien. Pour le Comité diocésain 1er-Février, le fait que cette bâtisse a servi d’hôpital où étaient, entre autres, soignés les esclaves débarquant de négriers après une longue traversée éprouvante a valeur de symbole.

Ainsi, à la messe du 1er-Février, l’an dernier, le père Alain Romaine, aumônier du Comité diocésain n’avait pas manqué d’évoquer le symbolisme qui veut qu’un ancien hôpital, lieu de souffrance par excellence, qui date de l’époque de l’esclavage soit, aujourd’hui, en projet d’être converti en un Musée de l’Esclavage.

“Memorialization of slavery and the slave trade is necessary in visible and strategic locations”, est-il, par ailleurs, consigné dans le rapport de la Commission justice et vérité. Une manière de rappeler l’importance que ce Musée de l’Esclavage soit, précisément, situé dans la capitale, à Port-Louis, ville d’ailleurs largement bâtie au 18eme siècle à la sueur du front des esclaves.

Quant au choix de l’ancien hôpital militaire pour abriter ce mémorial, il ne saurait, logiquement, souffrir d’aucune contestation. Et pour rien au monde, ne saurait-il être substitué comme suggéré, un moment, par l’ancien Premier ministre adjoint, Xavier Duval, par les Albion Docks, structure aménagée après l’abolition de l’esclavage en 1835 et qui ne sont que de banals entrepôts en comparaison avec l’ancien hôpital militaire au cachet, ô combien, chargé d’Histoire.

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