Ils se préparent et attendent avec impatience le Maha Shivaratree, qui sera célébré le lundi 4 mars. Entre le jeûne, les prières, la conception et la fabrication du kanwar, cette petite bande d’amis est aussi impliquée à d’autres niveaux pour cette grande célébration en l’honneur de Shiva. Cette nouvelle génération de dévots, âgés entre 20 et 30 ans, est déterminée à maintenir les traditions transmises, en ajoutant un soupçon de modernité et de créativité.
Le soir du mercredi 27 février, la famille de Nilesh Ghurburrun, de la route Abattoir à Vacoas, convie proches, amis et voisins pour un Kanwar Puja. Cette prière marquera la dernière étape avant d’entamer leur pèlerinage vers le Ganga Talao, en marge du Maha Shivaratree. Ce kanwar, sur lequel le jeune homme de 22 ans et plusieurs membres de la famille et des connaissances des alentours ont travaillé depuis la mi-janvier, recevra une bénédiction par un prêtre. “Nou pou kouma dir met enn lavi ar li. C’est aussi le signe que nous sommes fin prêts à rendre grâce à Shiva pour tout ce qu’il nous donne dans la vie.”
Un moment de partage.
Maha Shivaratree, célébré cette année le lundi 4 mars par la communauté hindoue, est précédée de plusieurs étapes et préparations. Depuis plusieurs semaines, la cour familiale du jeune Vacoassien se transforme en lieu de rencontre. Tous se rejoignent les après-midi pour concevoir et construire leur kawal. Cette année, il sera en forme d’une fleur de lotus et d’un mandir orné de tissu blanc et rose. Pendant que certains, “bann misie”, montent la structure bout après bout, d’autres, “les cousines et tantes douées pour la couture”, ont pour tâche de peaufiner les détails de la décoration. Les aînés, “bann nani”, font des allers-retours de la cuisine pour préparer les en-cas pour tous ceux qui viennent apporter leur contribution à la réalisation du kanwar.
Il en est ainsi chaque année chez les Ghurburrun. Preuve, selon Adarsh Tohooloo, que “cette fête a toute son importance. C’est l’occasion de vivre un grand moment de partage en famille et en communauté. Tout le monde est le bienvenu et n’hésite pas à donner des idées ou simplement à nous tenir compagnie jusqu’aux petites heures du matin pour terminer notre kanwar dans les temps”. Une tradition qui se transmet de génération en génération et qui tient une place importante dans leur vie. “On a déjà hâte d’être à l’année prochaine pour se retrouver.”
Purifier le corps et l’esprit.
Tout comme Nilesh Ghurburrun et Adarsh Tohooloo, leurs amis Deekshan Ramguttee, Nitish Sawock, Teena Cheetamun et comme pour toutes les familles de foi hindoue, Maha Shivaratree est attendu avec impatience et dévotion. “On ressent vraiment quelque chose d’indescriptible durant cette période. Notre vie tourne autour de Shiva. C’est notre guru, le premier yogi dans l’univers. Les 30 à 40 jours de carême ne sont nullement un sacrifice. Au contraire, cela nous fait énormément de bien de nous purifier le corps et l’esprit”, confie Deekshan Ramguttee.
Shivaratree est observé lors de la quatorzième nuit de chaque mois, mais le Maha Shivaratree est la période la plus sacrée. Rappelons que Shiva signifie de bon augure; les termes Maha et Ratree signifiant “grand” et “nuit”. Maha Shivaratree a lieu durant le mois de Maagh, selon le calendrier hindou (soit autour de février et mars).
D’ici quelques jours, Maurice vibrera au rythme de la “grande nuit de Shiva”. Pour ces jeunes dévots âgés entre 20 et 30 ans, Maha Shivaratree va bien au-delà d’une célébration, car Shiva est au cœur de leur vie au quotidien et durant toute l’année. “Cet événement rassemble tous les Mauriciens. D’année en année, le Maha Shivaratree prend de l’ampleur et les pèlerins qui convergent vers le Ganga Talao viennent de toutes les communautés et même d’ailleurs. Shiva est définitivement un bienfaiteur, un rassembleur, un protecteur et un donneur de joie.”
Une touche de modernité.
Outre le pèlerinage vers le lac sacré de Ganga Talao et leur présence sous une pandal (tente) où ils feront le seva (offrande et services des repas, boissons et soutien moral et physique aux pèlerins), ces jeunes sont aussi actifs au sein du Hindu Youth Council. La fête de Maha Shivaratree est l’occasion pour eux de célébrer Shiva dans une autre approche. Le président Nitish Sawock la décrit comme “un Maha Shivaratree 2.0, où nous essayons d’amener de nouvelles technologies et de la créativité pour célébrer la fête”. Teena Cheetamun tient à préciser : “Nous sommes plusieurs jeunes à travers l’île qui venons chaque année avec de nouvelles idées. Notre but est d’amener des changements et une touche de modernité, sans nous dévier de notre culture et de nos traditions.”
S’inspirant de Porlwi by Light, ce groupe de dévots a mis en place ces trois dernières années un jeu de lumières à Grand Bassin, précisément du côté de la grande statuette Mangal Mahadev. La première année, ils avaient baptisé cet événement Mahadev by light. Il est désormais connu comme le Mangal Jyoti. La bande à Nilesh Ghurburrun, Adarsh Tohooloo, Deekshan Ramguttee, Nitish Sawock et Teena Cheetamun s’apprête à ajouter une nouvelle activité cette année : une exposition intitulée ShivArts. Une trentaine d’artistes seront présents du 27 février au 2 mars pour présenter des tableaux, du live painting, des sculptures, des photos et des performances musicales.