L’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice Piat reconnaît, dans un communiqué, que les greffes d’organes représentent « une grande conquête de la science médicale » et « une source d’espérance pour de nombreuses personnes ». Le prélat attire, néanmoins, l’attention des autorités sur deux dispositions du Human Tissue (Removal, Preservation and Transplant) Bill 2018 actuellement en considération à l’Assemblée nationale. Des dispositions qui, de son point de vue, posent question dans leur formulation initiale.
Citant l’Article II (3) du projet de loi, le cardinal Piat estime que l’accord préalable d’au moins un membre de la famille d’un défunt doit être obtenu avant tout prélèvement d’organe sur sa personne au cas où ce dernier n’a ni fait de demande officielle autorisant le prélèvement de l’un de ses organes, ni signifié clairement son désaccord pour un tel don. L’évêque catholique juge aussi controversables dans leur présente formulation les Articles 5 (c) et 19 (5) du projet de loi.
Maurice Piat insiste, en effet, sur l’impérieuse nécessité que l’assignation des organes prélevés et préservés dans d’éventuelles banques d’organes soit « soumise à des règles d’éthique ». Pour l’homme d’Eglise, il y a nécessité, dans ce cas, « d’établir des critères objectifs et explicites pour l’établissement d’une ‘waiting lits’ ». Ce qui, pour lui, paraît manquer dans ces Articles du projet de loi. Citant le Pape Jean-Paul II, le cardinal Piat explique que « d’un point de vue moral, un principe évident de justice exige que le critère pour l’assignation des organes donnés ne doive en aucun cas être discriminatoire ou utilitaire ». Soit, en termes clairs, une greffe d’organe ne saurait, en aucun cas, se fonder sur la base de l’âge, du sexe, de la race, de la religion ou du statut social du receveur potentiel.
Tout comme, selon le prélat, un don d’organe ne saurait se justifier sur la base de la capacité professionnelle ou de l’utilité sociale du receveur. « Au contraire, dans la détermination des priorités d’accès aux transplantations d’organes, les décisions devraient être prises sur la base de facteurs immunologiques et cliniques », insiste le prélat. Reprenant un discours de Pape Jean-Paul II prononcé au XVIIIe Congrès international sur la Transplantation d’organes en août 2000, l’évêque de Port-Louis explique que « tout autre critère se révèlerait arbitraire et subjectif et ne reconnaîtrait pas la valeur intrinsèque de chaque personne humaine en tant que telle ( ) ».
Tout en remerciant le ministère de la Santé pour son initiative de présenter ce projet de loi sur les greffes d’organes, le cardinal Piat conclut en souhaitant que les deux questions qu’il a soulevées « soient clarifiées pour le plus grand bien des donneurs comme des bénéficiaires éventuels » qui, déclare l’évêque catholique, « doivent pouvoir faire don de leurs organes ou les recevoir d’autrui en toute sérénité ».