Chaque individu aujourd’hui à Maurice connaît un proche, un voisin, un ami, atteint du cancer. Cette maladie, qui a tué 8,8 millions de personnes dans le monde en 2015 selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), nous concerne tous. En moyenne, un peu plus d’un millier de Mauriciens meurent chaque année de cancer. Contre 1 100 décès enregistrés en 2010 et 1 177 en 2014, il y a eu 1 342 décès en 2016. Parmi, 631 hommes et 711 femmes. Le cancer demeure la 3e cause de décès à Maurice derrière les maladies cardio-vasculaires toujours au top devant le diabète en 2e position. Si les autorités s’avancent à dire que les chiffres à Maurice sont comparables à ceux des autres pays, le cancer prend néanmoins des proportions préoccupantes. Alors qu’en 2014, 2 387 nouveaux cas avaient été enregistrés parmi les Mauriciens, en 2016, le National Cancer Registry (NCR) a enregistré 2 607 nouveaux cas, dont 1 058 chez les hommes et 1 549 chez les femmes, ce qui constitue une progression de plus de 15%.
Des quelque 600 cas répertoriés en 1989, aujourd’hui, on recense plus de 1 500 cas chaque année. Les derniers chiffres disponibles au NCR – remontant à 2016 – révèlent que parmi les cancers répertoriés le plus chez les hommes en 2016, celui du colorectal (dans le colon et le rectum) est en première position avec 154 cas enregistrés, soit 14,5% des 1 058 nouveaux cas de cancer enregistrés chez les hommes. Suit celui de la prostate : 144 nouveaux cas (13,6% ) ; celui des poumons : 108 nouveaux cas (10,2% ) ; le cancer de la cavité buccale : 55 nouveaux cas (6,1% ) et celui de la vessie : 60 nouveaux cas (5,6% ).
Chez les femmes, le cancer du sein demeure le plus commun, avec 561 nouveaux cas enregistrés en 2016 (36,2% ), ensuite 140 nouveaux cas de cancer colorectal, puis 107 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus, 88 nouveaux cas du cancer des ovaires et 80 nouveaux cas de cancer de l’utérus.
Selon les observations du NCR, l’âge moyen du cancer chez les hommes est de 60,9 ans et chez les femmes 59,5 ans. 54,8% des cas de répertoriés concernent les personnes de 60 ans ou plus. Chez les 60 ans et plus, le nombre de patients hommes souffrant de cancer est de 636 et chez les femmes 793.
Il ressort également que 46,7% des cancers diagnostiqués concernent les femmes âgées entre 15 et 60 ans et 35,4% les hommes de la même tranche d’âge. Des données inquiétantes notamment pour l’économie, lorsqu’on considère que c’est la tranche d’âge où les gens sont le plus productifs à l’économie. Surtout que le cancer est la 3e cause de décès à Maurice.
Si le cancer colorectal connaît une hausse dans le nombre de cas diagnostiqués, c’est le cancer du poumon qui est le plus meurtrier chez les hommes, responsable de 21,7% des décès. Le cancer colorectal est responsable de 12,5% de décès liés au cancer et celui de la prostate de 10,1%. Chez les femmes, le cancer du sein est la principale cause de décès liés au cancer (26,2% ), suivi du cancer colorectal (11,7% ), et du cancer du col de l’utérus (6,3% ).
Si depuis l’année dernière les soins pour patients atteints d’un cancer ont été décentralisés, notamment à l’hôpital Nehru, Jeetoo, SSRN, ainsi qu’à Rodrigues, il y a eu au total, en 2016, 31 740 personnes qui se sont rendues à l’hôpital Victoria en vue de se faire ausculter pour des problèmes relatifs au cancer. Certes, la plupart de ces patients ont effectué plusieurs visites. Reste que, selon les statistiques du NCR, parmi ces 31 740 visites, l’hôpital Victoria a enregistré 1 642 nouveaux patients. Quotidiennement, quelque 200 personnes se rendent dans les hôpitaux pour des soins. Parmi, 35 à 45% perçoivent des soins de chimiothérapie et 120 de radiothérapie. Et actuellement, ils sont 110 patients cancéreux admis à l’hôpital.
Les traitements à Maurice sont efficaces, soutiennent les autorités, qui font ressortir que si le nombre de décès augmente, le nombre de survies est impressionnant. Tant et si bien que Maurice accueille également des patients d’autres pays, dont des Comores et de Madagascar.
La journée mondiale de la lutte contre le cancer en ce dimanche 4 février est une occasion pour se pencher sur ce fléau qui ronge la société. À travers le thème choisi par l’OMS cette année
« L’équité », l’occasion est donnée aux États de faire le point sur leurs politiques et leurs actions de prévention, de dépistage et l’accès à un traitement de qualité et de même ampleur pour tous les patients.
À Maurice, les traitements existent certes dans les centres hospitaliers. Mais le calvaire des patients est déplorable. Des salles d’attente bondées, des longues journées à patienter pour des soins, manque de lits dans les hôpitaux. Les patients et leurs proches peinent à se remettre.
De même, en ce qui concerne le coût des traitements innovants, des inégalités perdurent entre ceux qui peuvent aller à l’étranger ou se faire soigner dans les cliniques privées et ceux qui doivent compter uniquement sur l’hôpital où tous les soins sont disponibles, mais qui subissent tous les travers liés au nombre. Nombreux sont ceux qui, disposant des moyens, préfèrent se faire soigner dans les cliniques privées, même s’ils auront toujours besoin de l’hôpital pour certains soins.
Entre-temps, d’autres, qui ne peuvent se le permettre—en attendant l’entrée en opération de la clinique du cancer longtemps promis, MedPoint —s’appuient sur les soins publics dans des conditions parfois à la limite de l’hygiène : pas toujours évidents, même si souvent plus efficaces que les autres options.