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Journée internationale de la femme — Toujours en quête de parité

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Journée internationale de la femme —  Toujours en quête de parité

La condition de la femme mauricienne a changé. Si elle réussit professionnellement et s’épanouit dans bien des domaines, toujours est-il que nous vivons dans une île Maurice où le sexisme culturel et institutionnel est toujours d’actualité, contribuant à réduire son potentiel. Dans le cadre de la Journée internationale de la Femme, Scope a donné la parole aux femmes d’horizons pluriels, qui nous livrent leur constat sur le fait d’être femme à Maurice en 2019.

Pamela Bapoo-Dundoo, conseillère écologique : “Une île Maurice toujours sexiste”

“En 2019, la femme mauricienne est encore celle qui doit faire face à beaucoup de défis. À travers des aventures vécues, mes filles m’ont ouvert les yeux sur le sexisme culturel qui prévaut encore dans le pays. S’habiller un peu sexy n’est pas une invitation à ce que l’on ne nous prenne pas au sérieux. C’est peut-être culturel, mais il faut une certaine prise de conscience sur ce qui est acceptable ou pas. Il y a des limites à ne pas dépasser. Pourquoi par exemple, dans certaines manifestations, les hommes et femmes sont-ils séparés ? Pourquoi la femme doit-elle encore faire face à des regards désobligeants quand elle est un social drinker ? Sur les réseaux sociaux, on insulte et viole l’intimité de la femme. C’est triste de le dire, mais nous vivons dans un environnement toujours dominé par les hommes et dans une île Maurice toujours sexiste.”

Miselaine Duval, humoriste : “Être femme, c’est pouvoir exister”

“Pour moi, être femme à Maurice, comme dans le monde entier, c’est de pouvoir exister. Avoir ses droits et réaliser ses rêves, avec les outils qui sont à notre disposition. C’est surtout être et connaître qui je suis pour pouvoir se réaliser dans notre plan de vie. Cependant, beaucoup de choses doivent évoluer pour permettre à la femme mauricienne d’être comprise, respectée et exister pleinement.”

Nirvana Varma, Client Relations Manager : “Un regard archaïque sur le rôle de la femme”

“Dans le monde du travail, surtout de l’événementiel, être femme ne change rien à ce que l’on peut faire. Nous sommes d’abord des humains possédant l’aptitude et l’expertise de s’organiser et d’organiser les autres. J’aurais souhaité voir cela dans d’autres sphères. Les porteurs de religions gardent pour la plupart un regard archaïque sur le rôle de la femme, quand les textes religieux en eux-mêmes ne le prêchent pas. Nous sommes un pays pluriel, mais il y a toujours ceux qui veulent semer la discorde pour avoir plus de contrôle sur d’autres. Cela me désole, mais tant que celles et ceux qui s’y confrontent tous les jours ne s’éduquent pas plus en détail et n’essaient pas de sortir de ce contrôle parfois pervers de l’esprit, les rôles resteront les mêmes. C’est le rôle des parents, d’un accord humain conjoint d’éduquer leurs enfants, pour comprendre que nous sommes tous différents, avec des talents et aptitudes différents. Même en prenant cas par cas, nous ne pourrons juger d’un rôle précis pour un être humain. C’est l’écoute, la compréhension et l’éducation qui pourront aider à diminuer ce mal-être qui tourmente tant de femmes, causé par la pression sociale de se conformer.”

Sweta Dusoye-Bhautoa, femme au foyer : “Il faut sortir de ce prisme”

“Il est bon de s’interroger sur les professions. Certains métiers sont encore dominés par l’un des deux sexes à Maurice. Un homme a-t-il plus de compétences pour diriger une équipe qu’une femme ? Une femme a-t-elle forcément plus d’empathie pour s’occuper des enfants ? Nous devrions vivre dans une île Maurice qui offre une vraie parité au niveau professionnel. Je souhaiterais que les femmes prennent conscience qu’il faut sortir de ce prisme de l’éducation, du politiquement correct et de la famille. Le meilleur moyen de vaincre ses frustrations et vaincre ses craintes demeure la communication.”

Chantal Chung, retraitée : “Ne plus se cacher derrière une figure masculine”

“La femme mauricienne ne doit pas avoir froid aux yeux. Il faut qu’elle soit libre de prendre des décisions, qu’elle assume par la suite. Il ne faut plus se cacher derrière une figure masculine. La femme sait aussi bien compter que les hommes, alors pourquoi l’autre aurait besoin de plus d’argent ? Il faut une certaine parité au niveau professionnel. Il faut s’inspirer d’autres femmes qui ont réussi, comme celles qui sont à la tête des finances, les femmes politiciennes et d’autres encore. Il ne faut pas oublier ces femmes qui assument à la fois le rôle de mère et de père. La femme mauricienne doit aujourd’hui être multitâches.”

Fabiola Racoude, entrepreneuse : “Une femme au volant est toujours synonyme de mauvaise conduite”

“Aujourd’hui, la femme mauricienne n’a plus besoin d’une figure masculine pour se tenir debout. Nous sommes maîtres de notre destin. Les femmes sont certes fortes et indépendantes, mais toujours est-il qu’elles sont toujours en proie à un certain sexisme qui se ressent dans le comportement des hommes. Par exemple, sur la route, une femme au volant est toujours synonyme de mauvaise conduite. On se fait souvent agresser verbalement, sans aucune raison.”

Virginie Neptune, employée du secteur public : “Pas de partage équitable des tâches”

“Être femme à Maurice en 2019, c’est planifier sa vie comme on l’entend, sans avoir de compte à rendre aux hommes. Dans le cadre du travail, j’observe pour ma part que la gent féminine occupe beaucoup de postes de responsabilité, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire à ce niveau. Si l’homme et la femme se complètent, en ce qui concerne les tâches ménagères, nous ne sommes toujours pas arrivés à un partage équitable des tâches. Mais il faut reconnaître que cela arrive avec la nouvelle génération.”

Amiirah Sheriff, make-up artist : “Revendiquer sa féminité”

“Être femme dans la société mauricienne, c’est revendiquer sa féminité sans crainte d’être jugée. Les Mauriciennes sont davantage branchées et prennent soin de leur look, que ce soit au niveau des fringues, de la peau et des cheveux. C’est aussi un moyen de revendiquer son indépendance et de s’affranchir de certains stéréotypes. En tant que professionnelle de la beauté, je suis d’avis que la femme ne doit plus s’offusquer des regards négatifs.”