Excellent Plastic Ltd, une usine locale spécialisée dans les sacs et emballages en plastique, a été enregistrée le 16 juillet 1992. Dirigée par Abdool Raheman Peerbocus, 58 ans, elle compte aujourd’hui une dizaine d’employés, dont trois expatriés. Ayant débuté comme un simple revendeur de sacs en plastique, le quinquagénaire en est l’un des plus grands producteurs à Maurice aujourd’hui. Il mise sur le biodégradable. Rencontre.
C’est un homme simple et très humble que nous avons rencontré à l’usine Excellent Plastic Ltd, dans la zone industrielle de Riche-Terre. Originaire de Vallée-Pitot et issu d’une famille très modeste, Abdool Raheman a abandonné ses études après la Form V. Pour soutenir financièrement sa famille, il a commencé à vendre des sacs en plastique au marché de Port-Louis.
« C’était en 1981. J’étais à la recherche d’un emploi et je ne savais quoi faire. Un jour, je me suis rendu au bazar en quête d’inspiration. J’ai constaté que les marchands n’avaient pas de sac en plastique pour offrir à leurs clients. Ces derniers devaient soit apporter leurs sacs, soit acheter les sacs en plastique ailleurs pour les utiliser au bazar. J’ai eu un déclic et je me suis dit pourquoi ne pas acheter et revendre des sacs en plastique aux marchands de bazar. Aujourd’hui, je suis fier d’avoir été la première personne à Maurice à introduire le sac en plastique aux bazars de Port-Louis, de Rose-Hill et de Curepipe », explique Abdool Raheman.
Pour lancer son petit commerce, Abdool Raheman n’avait que Rs 15 en poche. Il se rend dans un magasin pour l’achat de 100 sacs en plastique, importés de Singapour, pour les revendre au bazar. « Le début a été très difficile. Le métier que je pratiquais était mon gagne-pain mais pour d’autres c’était un métier honteux. J’ai vu des proches qui se sentaient embarrassés en me voyant au bazar, car pour eux, c’était un métier “cheap”. Mais je suis heureux que ce même métier m’ait permis de devenir l’entrepreneur que je suis aujourd’hui », dit-il.
Au fil des années, après avoir fait un nom dans le domaine et économisé une bonne somme d’argent, Abdool Raheman va acheter les sacs en plastique directement des usines de fabrication pour livrer à ses clients. « C’est grâce à ce métier que ma situation financière s’est améliorée. Quelques années plus tard, je me suis lancé dans l’importation de vêtements, chaussures et accessoires. En 1991, mon beau-père, Ahmad Oozeer, m’a conseillé d’ouvrir ma propre usine de sacs en plastique au lieu d’en acheter des usines. Un an plus tard, nous avons effectivement ouvert une usine à Port-Louis. Un ami qui évoluait dans le même secteur m’a apporté son soutien et m’a partagé ses connaissances. Ensuite, mon beau-père et moi, nous nous sommes rendus à Taïwan pour faire l’acquisition de machines. Là encore, j’ai suivi une brève formation sur l’opération de ces machines. Ainsi a débuté notre aventure », relate Abdool Raheman.
En 1992, l’usine Excellent Plastic Ltd voit le jour. À cette époque, Abdool Raheman ne travaillait qu’avec quatre machines. En 1997, l’entrepreneur fait l’acquisition d’un terrain à Riche Terre où il construit une usine encore plus spacieuse. Par ailleurs, il investit davantage dans les machines. « Il était important d’investir dans les machines. Car chaque machine avait ses caractéristiques. Une machine ne peut produire plusieurs dimensions de sac.
Puisqu’il nous fallait une gamme de sacs de plusieurs formes et dimensions, nous avons fait venir plusieurs machines. Pour commencer, nous ne fabriquions que des sacs en plastique simples, mais de différentes formes, dimensions et couleurs. Par la suite, nous avons investi dans des machines encore plus sophistiquées, pouvant produire des sacs ou sachets en plastique imprimés, des sacs en polyéthylène, des films de construction, des emballages et sacs en rouleau. Nous avons décroché des contrats du gouvernement pour produire des emballages en plastique pour la State Trading Corporation, Air Mauritius, le ministère de l’Environnement, ainsi que plusieurs organisations privées. »
L’usine comprend plusieurs sections, notamment celles de l’extrudeuse, l’imprimerie, la coupe et l’étanchéité et celle du recyclage de déchets.
Plusieurs facteurs sont à prendre en considération pour la fabrication des sacs en plastique. Le fabricant doit respecter les règlements du ministère de l’Environnement et privilégier les matières premières écologiques. Par ailleurs, suite à l’interdiction de l’utilisation des sacs en plastique fabriqués à base de produits pétroliers, un marché pour les sacs biodégradables et recyclables, s’est développé. Selon les chiffres du ministère de l’Environnement, 22 millions sacs écologiques ont été fabriqués à Maurice et quelque 8 millions importés à ce jour.
Excellent Plastic Ltd s’est aussi spécialisée dans le recyclage de déchets en plastique. Pour cela, la compagnie récupère des déchets plastiques, qu’elle recycle pour fabriquer des granulés de plastique, utilisés comme matières premières dans la fabrication des sacs en plastique. « Généralement, j’importe les granulés, qui sont disponibles en plusieurs couleurs, notamment blanc, noir, ivoire, bleu, rouge, entre autres. Ces granulés sont placés dans les machines qui les fondent pour former des sacs en plastique. Au fil des années, nous nous sommes également spécialisés dans le recyclage des déchets plastiques pour fabriquer des granulés localement. Ensuite, je mélange les granulés recyclés avec ceux importés pour la production de sacs », confie Abdool Raheman. La compagnie s’est inscrite à plusieurs plans d’aides auprès de SME Mauritius, dont le “SME Employment Scheme”.
D’ici décembre, l’entreprise bénéficiera des services d’un diplômé. Abdool Raheman a également formulé une demande pour l’“Online Presence Scheme” afin de bénéficier d’une assistance pour développer un site web et assurer une visibilité en ligne pour la compagnie. Il s’est aussi inscrit au programme “Mentoring and handholding”, pour lequel un consultant a déjà été désigné pour encadrer l’entreprise sur les opérations et les méthodes à privilégier en vue d’améliorer la performance et réduire les coûts de production.
Interrogé sur ses projets d’avenir, Abdool Raheman dira que sa fille l’a rejoint dans la gestion de son entreprise.
Ensemble, ils comptent révolutionner ce secteur et devenir un pilier à Maurice. « Il ne me manquait qu’une personne possédant un diplôme pour s’occuper de la gestion et de l’administration de l’usine. Maintenant que ma fille est venue m’épauler, je pense pouvoir me concentrer sur la modernisation de l’usine, c’est-à-dire, faire l’acquisition des machines encore plus sophistiquées pour répondre à une plus grande demande de notre clientèle », ajoute-t-il.