Ekwan Saveetree fait pousser ses oignons grâce aux algues qu’il récupère sur le bord de mer de Grand Sable, village où il habite et où il cultive ses légumes. Cette méthode 100% naturelle requiert de la patience et du savoir-faire. Le planteur explique à Scope comment il utilise l’algue de mer comme engrais dans son champ.
“J’utilise l’algue de mer depuis deux ans”, dit Ekwan Saveetree, planteur à Grand Sable. Il cultive des oignons, des concombres et des échalotes, entre autres. Habitant près de la mer, le planteur utilise les algues rejetées sur le bord de mer. L’algue de mer, gratuite, constitue une source d’engrais naturel efficace. Selon le site jardinage.lemonde.fr, l’algue est riche en azote, potasse, magnésium, calcium, vitamines et hormones de croissance. Elle est faible en carbone. Son action est stimulante pour les jeunes plants. Elle protège les légumes des attaques d’insectes et des maladies.
En fonction du climat.
“Pour bien utiliser l’algue, il faut la traiter correctement. Elle est très salée et risque de détruire les plants, surtout si elle est mal dosée”, précise celui qui cultive la terre depuis plus de trente-cinq ans. Le planteur utilise cette méthode pour faire pousser des oignons. “Il faut toujours planter les légumes en fonction du climat. Certains légumes ne pousseront jamais dans ma région. C’est pourquoi les planteurs ont tendance à utiliser beaucoup de fertilisants lorsque le climat n’est pas adapté.” Ekwan Saveetree cultive des légumes sur une superficie d’environ 50 perches carrées.
Les plants d’oignons sont mis en terre pour être récoltés l’année prochaine. “Je récupère les algues en bord de mer. Je les laisse dégrader naturellement. Ensuite, je les couvre avec de la paille.” Si ces étapes ne sont pas respectées, l’algue risque de tuer les plants. “Je goûte l’algue pour savoir si elle est toujours salée. Si tel est le cas, je la laisse décomposer encore un peu. Quand il ne pleut pas, il faut ajouter de l’eau pour faire dégrader l’algue. Elle dure longtemps. Je la mélange avec de la terre. Je me sers d’un engin mécanique pour biner la terre.” Cette technique sert à favoriser la pénétration de l’eau dans le sol.
Longs préparatifs.
Ensuite, les petites fleurs d’oignons de couleur blanche poussent et laissent la place à des graines. Lorsque la fleur d’oignon s’ouvre, les graines tombent toutes seules. Après la récolte, il faut les faire sécher dans un endroit sec et ensoleillé. “Ce n’est que l’année prochaine que les graines pourront être plantées. Il faudra biner à nouveau la terre”, dit le planteur, qui vend sa récolte à la foire de Mahébourg et à Bel Air, entre autres. Le mois prochain, il récoltera environ 300 à 400 livres de bulbes d’oignons. “Les préparatifs sont longs. En août, j’ai récolté la semence. En septembre, j’ai mis les bulbes en terre.”
Pour éviter de pulvériser ou de saupoudrer des insecticides sur les plants, il a fait construire des attrape-insectes. “J’ai badigeonné de la graisse sur du plastique jaune. Cette couleur attire les insectes. C’est un moyen efficace pour ne pas utiliser d’insecticide.”
“J’ai diminué les doses d’engrais chimiques.” Le planteur utilise moins d’insecticides. “Les engrais bios coûtent cher. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’utiliser les algues de mer. Je n’ai qu’à les récupérer à la plage et les traiter avec patience.”
Le planteur se réveille à 4h du matin tous les jours pour s’occuper de ses légumes. “Il me faut environ une tonne d’algues. Lorsqu’elle se dégrade, la quantité diminue.” Utiliser l’algue de mer est une bonne méthode. “Lorsque le temps est clément, il n’y a pas d’algue. Je constitue mon stock en hiver”, conclut Ekwan Saveetree.
Pour la santé humaine et du sol
Selon Eric Mangar, directeur du Mouvement pour l’Autosuffisance Alimentaire, il est important de produire bio pour notre santé, ainsi que pour la santé et la fertilité du sol. Cette dernière est la base de la santé humaine et aide à la protection de notre environnement. “Fairness et care font partie de l’agriculture biologique. Qui combine tradition, innovation et science.” Les engrais bios sont composés principalement de fumiers et de vers de terre. Il existe aussi des fertilisants comme la crotalaire, le lablab (engrais vert) et le calopogonium, qui enrichissent le sol en azote. Les engrais d’origine marine, l’urine de bétail et les déchets de poissons peuvent être utilisés dans les champs.
Certains agriculteurs ne pas sont pas conscients que les engrais bios représentent l’avenir, selon Eric Mangar. “Ils manquent d’encadrement. La Pesticide Bill est une bonne chose mais beaucoup de planteurs n’en connaissent pas encore le contenu. Les autorités doivent fournir plus d’efforts pour aider les planteurs. Il y a un manque d’engrais organiques de qualité pour pouvoir faire pousser plus de légumes bios.”
R.V.