Certains comptables malintentionnés qui ne manquent ni d’audace ni d’ingéniosité manipuleraient les montants de chèques conséquents et détourneraient ainsi à leurs profits de grosses sommes d’argent au détriment de leurs employeurs. Ce genre de fraude a été jusqu’ici assez classique. Sauf qu’avec les nouvelles technologies, les fraudeurs ont maintenant recours à… un simple stylo à l’encre effaçable, interdit en France, par exemple, mais sans doute disponible sur le marché local. Trois cas semblables ont été enregistrés récemment et un des fraudeurs a été pris sur le fait. Son employeur a porté plainte à la police, dit vouloir donner l’alerte sur ce genre de pratique criminelle.
L’employeur en question, un spécialiste dans le domaine du recyclage, avait cru avoir déniché un excellent collaborateur, par ailleurs très qualifié, auquel il avait confié beaucoup de responsabilités. Le professionnel devait s’occuper de l’émission de chèques, de tous les paiements de l’entreprise ainsi que de procéder régulièrement à l’exercice de réconciliation bancaire. Cette dernière tâche consiste à vérifier si les chèques débités par la banque avec laquelle traite son entreprise sont bien conformes aux instructions données. Or, le 25 novembre de l’année dernière, l’employeur est tombé des nues après avoir découvert l’existence d’un trou dans ses dépôts en banque. Vérifications faites des montants débités par l’institution, il devait constater que les montants débités par la banque étaient de loin supérieurs aux sommes inscrites sur les factures dont il avait initialement autorisé le paiement. Qui plus est, son comptable avait pris soin de n’inscrire aucun montant sur les talons des chéquiers et, même lorsqu’il choisissait de le faire les montants n’étaient absolument pas conformes avec les transactions effectuées par l’entreprise.
C’est ainsi qu’avec la coopération de la banque, il a pu être établi que pas moins de
Rs 787 000 ont été détournées. A ce stade, l’enquête conjointe de l’entreprise de recyclage et de la banque a démontré que le comptable a, en l’espace de quatre ou cinq mois, modifié à sa guise les montants de dix-huit chèques : huit émis à son nom personnel, huit au nom de son épouse (avec laquelle l’entreprise n’a pourtant jamais traité), un au nom d’un ex-employé et un autre au nom d’un inconnu. La plupart des chèques manipulés ont été touchés à la succursale de la banque opérant dans un gros village du centre du pays où réside le comptable lui-même. Selon l’employeur, les recherches continuent et il y a maintenant de grandes possibilités que les détournements réels dépassent le million de roupies.
L’enquête conjointe a surtout permis de démonter le mécanisme de la fraude au stylo à encre effaçable. Le comptable fraudeur faisait signer par son patron des chèques indiquant un montant précis à être débité puis, à l’insu de ce dernier, il les effaçait pour inscrire les chiffres qui lui convenaient ainsi que les noms de ses destinataires dont on peut légitimement soupçonner qu’ils ont été de parfaits complices.
Selon des informations qui circulent dans le milieu des affaires, deux autres entreprises locales très connues ont été dépouillées de très fortes sommes selon le même procédé frauduleux, mais il paraît que ces entreprises ont préféré se débarrasser des coupables dans la discrétion afin de ne pas s’attirer de la mauvaise publicité. « Moi, j’ai décidé qu’il fallait mettre en garde non seulement mes confrères entrepreneurs, mais également les membres du public », affirme l’employeur floué.