Priorités du nouveau président : « Conscientiser les plus jeunes, dès le primaire, et inculquer la culture du don de sang aux parents »
Après trois ans d’absence du comité de la Blood Donors Association (BDA), durant lesquels il n’a toutefois jamais chômé en tant que travailleur social engagé dans la conscientisation pour la collecte du sang, Subhanand Seegoolam a été une nouvelle fois élu président de cette Ong le 27 février dernier. Sa priorité pour ce nouveau mandat de trois ans : « conscientiser les plus jeunes, dès le primaire, sur l’importance de donner son sang ». Et d’ajouter que, comme nous avons une population vieillissante, « il est impératif que nos jeunes grandissent avec cette culture selon laquelle donner son sang régulièrement, c’est sauver une famille ».
Le président de la BDA déplore toujours le même problème que rencontre l’association, soit le fait qu’il n’y ait « pas assez de donneurs de sang réguliers ». Il poursuit : « Sur une population de 1,2 million de personnes, idéalement, nous devrions avoir 5% de la population qui soient des donneurs réguliers. Or, dans la réalité, le chiffre environne les 2%, ce qui est loin d’être suffisant pour accéder aux requêtes quotidiennes, d’autant que quand il y a des urgences, et d’autres circonstances difficiles, la Banque du Sang se retrouve souvent en manque de stock. »
Pire encore, souligne notre interlocuteur, « avec une population vieillissante, nous nous retrouvons avec de moins en moins de donneurs réguliers ». Il explique : « Tout le monde, âgé de 18 à 65 ans, est un donneur potentiel. De 18 à 40 ans, c’est la période idéale, car, d’une part, on est à l’abri des pathologies courantes, et de l’autre, le sang se régénère plus rapidement dans le corps. » Malheureusement, constate-t-il, « les jeunes ne sont pas réellement motivés ni conscients de l’importance de donner leur sang ». Il poursuit : « La plupart du temps, c’est la même réaction. Tant que la personne ne se retrouve pas dans une situation d’urgence, où elle-même ou un de ses proches a grand besoin de sang, elle ne comprend pas l’importance du don. C’est dommage d’en arriver là mais on essaie, à travers nos campagnes et nos activités, de faire que la majorité des Mauriciens comprennent qu’il ne faut pas attendre d’avoir besoin de sang et que donner son sang régulièrement permet de sauver non seulement la personne qui en a besoin, mais toute une famille. »
La BDA est étroitement liée à la vie et au parcours de Subhanand Seegoolam. Le déclic remonte à quand il était âgé de 15 ans. Sa mère, devant subir une intervention chirurgicale très importante, lui avait demandé de se tourner vers une connaissance de l’endroit pour qu’elle fasse don de son sang. Subhanand Seegoolam, lui-même, ne pouvait faire don de son sang pour sa maman et cela l’affectait beaucoup. « J’ai donc obéi à ma maman et suis allé trouver John Larhubarbe pour lui faire part de la demande de ma mère », relate-t-il.
Quelques jours plus tard, Mme Seegoolam avait été opérée et avait bénéficié du sang donné par John Larhubarbe. « Tout s’était très bien passé et j’étais heureux que ma mère ait eu la vie sauve. Je suis retourné vers le donneur, pensant qu’il allait demander de l’argent en échange de son don. Mais j’ai été très bouleversé car John Larhubarbe a carrément refusé le moindre sou. En revanche, il m’a fait promettre que, dès que j’aurai 18 ans, je m’engagerai à sauver des vies par le biais du don de sang… J’ai été tellement touché par son geste et sa pensée m’a profondément marqué », dit-il. Subhanand Seegoolam poursuit : « Dans le temps, certaines personnes faisaient effectivement payer pour donner leur sang… C’est un élément vital à la survie et certaines personnes sans scrupule savaient exploiter ce filon. »
Ces années-là, se souvient encore le président de la BDA, l’association n’existait pas encore. « Mais, gardant parole, je m’engageais activement et socialement pour conscientiser les Mauriciens à faire don de leur sang sur une base régulière », explique-t-il. Ce faisant, l’habitant de Roches-Noires attire le regard de Nalini Jeebun, consultante auprès du gouvernement de l’époque lors d’une activité de collecte de sang. « Elle m’approcha et m’expliqua que je serais très utile au sein d’une Ong qui milite pour la cause », indique-t-il. Autodidacte, Subhanand Seegoolam se documente et, avec le soutien de quelques amis, qui sont devenus les membres fondateurs de la BDA, comme lui, ainsi que Rohit Teeluckdharry, attaché à la Banque du Sang, il va élaborer les grandes lignes de la structure qui a pris forme et qui a eu pour nom la Blood Donors Association. « La première présidente fut Nalini Jeebun, puisqu’elle avait été également la cheville ouvrière du projet. C’était de 1998 à 2000 », ajoute notre interlocuteur. Puis, à compter de l’an 2000, Subhanand Seegoolam a occupé le poste de président de manière régulière, et ce jusqu’à 2015, quand il avait passé la main.
Priorité : les jeunes !
Il avait souhaité un retrait délibéré en 2015. Ces trois dernières années, bien qu’il n’était plus président de la Blood Donors Association (BDA), Subhanand Seegoolam a été tout aussi actif… « Le résultat d’une présence régulière et d’une politique de proximité permanente », dénote, en toute modestie, le principal concerné.
Le 27 février dernier, lors des élections générales de la BDA, c’est sans surprise que Subhanand Seegoolam a retrouvé son siège de président. « Je veux que les autres aussi fassent leurs preuves, bien évidemment. Le comité, cependant, m’a fait comprendre que je jouis d’un capital de confiance et que l’on souhaite me voir à la tête de l’association », indique-t-il. Sa priorité, pour ce nouveau mandat, confie-t-il, « sera de conscientiser les plus jeunes de notre société ». Il poursuit : « Nous allons démarrer un projet qui touchera les jeunes, dès le primaire, et, à travers eux, leurs parents. Nous souhaitons développer cette culture de don de sang auprès des prochaines générations de Mauriciens. »
Le deuxième projet auquel Subhanand Seegoolam est très attaché, c’est le “Pledge 15”. « Il s’agit de toucher tous les jeunes, les ados aux jeunes adultes, les collégiens comme les jeunes recrues, dans les différentes sphères professionnelles, que ce soit dans les services essentiels, comme la prison, les pompiers, la police mais aussi dans les autres domaines, et leur faire prendre l’engagement de donner au minimum 15 fois, leur sang. Ce faisant, sur ce parcours, nous aurons une formation continue auprès de ces jeunes et nous leur ferons comprendre l’importance de leurs dons, par le biais de rencontres avec des bénéficiaires et des témoignages de ceux qui ont eu la vie sauve via des dons de sang, entre autres », explique-t-il. Et, incidemment, soutient le président de la BDA, « ils verront, par eux-mêmes, par la suite, s’ils veulent perpétuer cet exercice et le transmettre à leurs enfants ».
Stockage limité
La BDA et son partenaire privilégié, la Blood Bank, se retrouvent constamment confrontés aux mêmes problèmes : d’une part, le stockage au temps limité du sang collecté, et de l’autre, le champ de donneurs réguliers qui rétrécit. Après chaque exercice de collecte de sang, celui-ci est traité et analysé afin d’éliminer les risques de contamination. Ensuite, ce sang est conservé dans un cadre bien spécifique répondant aux normes internationales, mais au bout de 35 jours, il doit être éliminé. La plupart du temps, le stock conservé n’est pas conséquent, puisque les donneurs se font rares. D’où les appels récurrents de la BDA et ses collectes régulières.
Par ailleurs, Subhanand Seegoolam rappelle que plusieurs personnes, comme celles étant atteintes de problèmes cardiaques, certains diabétiques qui utilisent l’insuline, les toxicomanes, les porteurs du VIH et ceux atteints de l’Hépatite, les cancéreux, les personnes atteintes d’anémie et d’asthme, ainsi que les femmes enceintes et celles qui allaitent, ne peuvent donner leur sang. « Ce qui réduit considérablement le champ de donneurs », dit-il.