Banni à vie de toutes les instances de badminton par la Badminton World Federation (BWF) et condamné à payer une amende d’US 50 000 pour corruption alléguée d’utilisation abusive de fonds, Raj Gaya a convoqué la presse ce jeudi à l’hôtel St George, Port-Louis, pour clamer son innocence.
L’ancien secrétaire général de la Confédération africaine de badminton (BCA) se dit « dégoûté de la corruption qui règne dans le monde sportif » et a réfuté preuves à l’appui, les principales conclusions du rapport émis à son encontre par le panel d’audience sur l’éthique de la BWF. Il se dit être « victime d’une bataille pour le pouvoir menée au plus haut niveau par la BWF pour diriger le badminton mondial. C’est une bataille qui oppose l’Europe qui est dirigé par la BWF à l’Asie et l’Afrique principalement. Et vu que j’étais considéré comme un membre influent de l’Afrique et en comptant avec l’Asie qui domine le badminton mondial, nous représentons une réelle menace à l’heure des votes face à l’Europe qui veut à elle seule diriger. »
En gros, il explique qu’« on a voulu se débarrasser de moi en présentant de fausses preuves. Le rapport de la BWF n’est pas parole d’évangile. » Selon lui, les conflits dans ses relations avec la BWF ont éclaté en 2011 quand il était contesté « sans aucune raison valable » pour son élection au poste de vice président de la BWF. « Puis on a voulu m’accuser de détournement d’une somme d’US 173 482 dollars de la BCA entre 2008 à 2013. Mais le seul coupable était l’ancien trésorier de la BCA, le Kenyan Peter Gacheru. Lui et moi en tant que secrétaire général, étions les seuls à signer tous les documents financiers. Il avait détourné des sommes sur son propre compte. La fraude ne fut découverte qu’en 2014 après la fermeture en 2013 du compte HSBC de la BCA à Londres. On a découvert que des transferts de fonds douteux avaient été effectués. Si Gacheru s’est retiré de son poste, l’enquête que la BWF avait instituée contre moi devait prendre fin en 2015 sans qu’on me donne droit d’audience pour me défendre.
Par contre, la recommandation émise était que je me retire de mon poste. J’ai dû faire une déposition à la police kenyane avec preuve à l’appui de mon innocence. Par contre aucune sanction n’a été prise contre Gacheru, qui est l’ami du big boss de la BWF. De la même façon, en 2015, US 30 300 dollars ont disparu de la caisse de la BCA. La trésorière, une Zimbabwéenne, n’a jamais fait l’objet d’une enquête. Où est l’éthique de la BWF ? Étant donné que c’est moi qui suis cité comme témoin en cour dans les deux cas, la BWF devait se débarrasser de moi et avait l’appel du procès », explique Raj Gaya.
Lors de cette séance marathon de plus de deux heures (14h20-16h40), Raj Gaya est revenu sur les sommes d’argent dont on l’accuse d’avoir détourné de la BCA sur son compte personnel durant ces dix dernières années à travers les sommes allouées pour l’organisation des tournois internationaux, continentaux et les primes de matchs. Il explique que « l’Association mauricienne de badminton (AMB) et bien plus son ancien président Bashir Mungroo (2013-2017) ainsi que la BCA étaient au courant de certains arrangements internes qui avaient été conclus pour effectuer des transactions. Tout profit émanant de ces événements a servi à financer, par exemple, l’affiliation de plusieurs pays ou la participation et l’hébergement de l’équipe sud-africaine à des tournois à Maurice. Nous avons pu payer pendant 18 ans, l’affiliation du Lesotho à travers ce même mécanisme. Bashir Mungroo qui a été trésorier de l’AMB de 2008 à 2013, doit être au courant. »
Raj Gaya a aussi présenté le reçu d’une somme de Rs 75 000 (environ US 3 000 dollars) versée à la badiste Kate Foo Kune en mars 2016, contrairement aux allégations formulées contre lui. Il a aussi réfuté formellement les accusations du nouveau secrétaire général de la BCA, Sahir Edoo, de l’arbitre Hassen Hyderkhan, de l’ancien président de l’AMB Ravi Sandrasagren et du secrétaire Rajen Pultoo. Il a annoncé que des négociations sont cours au plus haut niveau du pays pour que son cas soit porté devant une cour de justice malaisienne indépendante. « Mon homme de loi estime que j’ai des arguments solides pour faire appel. »