* Une GRA hostile et les Rs 67 M de la pension demeurent des obstacles majeurs
Contrairement aux autres années, l’intérêt de l’assemblée générale élective du Mauritius Turf Club de la présente saison était de savoir qui en serait le président en 2019, alors que les nouveaux élus étaient déjà connus. Pour la deuxième saison de suite, c’est Rajkamal Taposeea qui assumera la présidence du MTC. À sa sortie du bureau de Benoît Halbwachs, après les élections de facto de Paul-France Tennant et d’Anoop Madhow, et précédant le nouveau board des administrateurs, il a tenu à souligner qu’il avait été « élu à l’unanimité », ce qui veut dire qu’il n’y a eu aucune contestation parmi les administrateurs. Ce qui veut aussi dire que la parole donnée la saison dernière de passer la main à son collègue Frantz Merven n’a pas été tenue. Ce n’est pas la première fois ni la dernière aussi au MTC.
Cette « unanimité déclarée » veut-elle dire que c’est un groupe soudé qui s’attaquera aux tâches et autres défis qui s’élèveront au cours de cette saison 2019 ? Tout le monde sait pertinemment bien que tout n’a pas été rose entre le MTC et la Gambling Regulatory Authority (GRA) au cours des dernières saisons et même sous le mandat du président fraîchement réélu. Kamal Taposeea a tenté de rassurer, même s’il sait que la GRA empiète sur les plates-bandes du MTC, que les deux « groupes » travailleront de concert pour la bonne avancée des courses. Du reste, il a annoncé que c’est Michael Rishworth, le nouveau Chief Executive Officer (CEO) du MTC, qui sera l’unique porte-parole du club.
Par ailleurs, comme il n’y avait pas de suspense en ce qui concerne les élections des deux nouveaux membres du board des administrateurs, il n’y avait pas la grande foule dans les tribunes du Champ de Mars hier après-midi. Ce qui fait que la phase de l’AGE consacrée au question time n’a pas été aussi mouvementée que d’habitude, l’absence de Ramapatee Gujadhur pouvant sans doute en être la cause. Néanmoins, si le bilan pour la saison 2018 est « positif » avec un surplus d’un peu plus de Rs 4M après déduction des taxes, certains membres du club se sont appuyés sur le fait que le club a toujours un gros déficit à combler, quelque Rs 67M, dû au non-paiement de la contribution des employés du club au niveau du Pension Fund.
Le président Taposeea a tenu à mettre l’accent sur l’ambiance qui régnait au cours des interrogations de certains membres, dont certains ont pointé du doigt les boards qui avaient les destinées du club entre leurs mains. Il a même été question que certains devaient répondre auprès de la justice pour ce qu’ils qualifient de manquements par leur faute. Il nous revient qu’un ancien président, Gilbert Merven, qui était celui qui était pointé du doigt, a tenu à mettre les choses au point et a déclaré que tout avait été fait pour tenter de remettre le club sur les bons rails, mais que cette tâche était quasiment impossible.
La continuité
Au final, on dira que la tâche qui attend le MTC au cours de 2019 n’est pas aisée. D’un côté, il devra faire comprendre à la GRA qu’il n’est pas un adversaire, mais un collaborateur qui ne veut que le bien des courses. Une chose qui n’est pas encore acquise si on tient en ligne de compte que l’instance régulatrice veut prendre toutes les choses en main. Déjà, on parle du recrutement du board d’appel et, dernièrement, il y a cette enquête qu’elle a jugé utile de démarrer de son côté dans cette affaire de nourriture contenant un produit anabolisant. La saison 2019 risque d’être bien dure pour le MTC.
La continuité pour le travail bien accompli. Le board des administrateurs de 2018 parle sûrement de son bilan financier pour le MTC, car sur le plan hippique, les faillites ont été nombreuses, dont les cas de doping qui n’ont ni responsables ni coupables. Les 19 nouveaux cas que l’on tente de minimiser ne vont pas arranger les choses.
Il faut reconnaître que cela n’a pas été facile pour le club de joindre les deux bouts lors de la dernière saison. Il a fallu que tout le monde y mette du sien pour que le bilan soit positif. Le secteur du marketing a dû mettre les bouchées doubles pour attirer davantage de sponsors et faire comprendre que les courses ne sont pas seulement une façon de se faire de l’argent. Une réévaluation positive des bâtiments du MTC, pourtant dans un piteux état, va aussi contribuer à enjoliver les chiffres en sa faveur.
Rajkamal Taposeea et les nouveaux élus, Paul-France Tennant et Anoop Madhow, sont d’avis que le travail entamé la saison dernière doit aller dans la continuité. Le président a aussi tenu à faire ressortir que tout le travail effectué par son groupe n’était pas connu du grand public. Il a félicité tout son groupe, même s’il n’est inconnu de personne que tout n’est pas rose au sein de son board. Il avait été avancé que la présidence de 2019 irait à Frantz Merven, mais tout aurait été chamboulé après que ce dernier a été mis à l’index pour des rencontres pas approuvées par le board auprès de l’instance régulatrice au cours de la dernière saison. Finalement, c’est l’incertitude du turf qui a eu le dernier mot, même si on sait que l’élection d’Anoop Madhow a sûrement pesé lourd dans la balance et que personne n’a osé proposer la candidature de Frantz Merven à la présidence.
Déjà battu d’avance !
Il n’y avait pas grand monde et on ne se bousculait pas pour accrocher un poste d’administrateur pour 2019. Dans une édition du Mauricien, un ancien président, Jean-Michel Giraud, avait déclaré ne pas être intéressé et qu’il n’avait pas songé à poser sa candidature. Il avait même évoqué l’ambiance quelconque et le fait de ne pas retrouver des amis dans l’enceinte du paddock. Nagaresh (Naresh) Gujadhur et Vinod Beeharry avaient néanmoins fait acte de candidature. Toutefois, ils se sont tous deux désistés à trois jours des élections. Les deux avancent le fait qu’ils étaient déjà battus d’avance, ayant commencé leur campagne trop tardivement. Naresh Gujadhur, que Le Mauricien a interrogé hier, a déclaré qu’il n’aurait récolté que 110 votes vu qu’il ne pouvait disposer de l’apport de proxies et qu’Anoop Madhow lui avait déclaré qu’il avait 180 votes en sa faveur. Ce qui, pour lui, était une bataille perdue d’avance.
Quoi qu’on en dise, si le président Taposeea avait déclaré en 2017 qu’il fallait bannir les votes par procuration tels qu’ils étaient utilisés, il n’en a rien été et ce mode reste le moyen idéal pour établir des clans. Et quand on dit qu’il n’y a pas eu de clan pour la campagne 2019, on se trompe grossièrement.
Kamal Taposeea (président du MTC) : « Je remercie les membres du board pour la confiance renouvelée en moi. Je suis seulement le porte-parole, car chacun aura ses tâches à faire. L’équipe est vraiment magnifique et on travaille très bien ensemble. Je félicite Paul-France Tennant, qui a été reconduit à son poste d’administrateur, et je souhaite aussi la bienvenue à Anoop Madhow. Lors de la saison écoulée, les chiffres ont évolué dans la bonne direction avec un profit avant taxe de Rs 8,8 millions. On a aussi été en mesure de réévaluer le bâtiment, ce qui est une bonne chose. Le recrutement du Sud-Africain Michael Rishworth, qui possède une grande expérience dans l’industrie hippique, devrait nous être très bénéfique. On n’a pas chômé depuis 2018 et on a beaucoup travaillé avec lui. Il faut souligner que nous travaillerons en étroite collaboration avec la GRA et nos objectifs sont les mêmes. Comme mentionné, la seule personne qui communiquera avec cette instance sera le nouveau CEO, car il est nouveau à Maurice, et il vient sans bagage et sans tache. »
Anoop Madhow (nouvel administrateur) : « Je suis très content de faire partie de cette équipe. C’est un groupe qui va travailler ensemble et comme vous avez vu dans la présentation du rapport annuel et tout ce qu’on a présenté durant l’assemblée, cela paraît bien encourageant d’y adhérer. Je ferais de mon mieux pour qu’on réussisse sur tous les plans. Notre projet s’annonce positif pour l’avenir du Mauritius Turf Club. »