-Grosse affluence pour les demandes mais seulement 800 places disponibles
-L’État/MGSS s’attribue le plus grand nombre de places et arrache les meilleurs éléments
-Gros mécontentement des parents de candidats ayant obtenue “4 unités”
Les collèges catholiques prisés situés dans les régions urbaines ont été confrontés aujourd’hui à une plus grosse affluence de demandeurs d’admission pour les places qu’ils offrent, et ce selon leurs propres critères. À titre d’exemple, plus de 500 demandes ont été enregistrées avant 11 heures au Collège St-Esprit et au Collège St-Joseph. Les responsables de ces établissements s’attendent à environ un millier de demandes à la fin de l’exercice d’inscription. Contrairement aux années précédentes, le nombre d’admis dans le secondaire d’État/MGSS est supérieur à celui du secondaire privé : 7 427 enfants ont obtenu une place en Grade 7 (mainstream) dans le secteur public et 5 403 dans le secteur privé “grant-aided”. Par ailleurs, le mécontentement enfle parmi de nombreux parents insatisfaits du collège obtenu et les critiques envers le ministère de l’Éducation sont particulièrement acerbes.
Le secondaire catholique comprend au total 18 collèges “grant-aided” répartis à travers l’île. Quelques-uns de ces établissements sont plus convoités que d’autres au moment de l’inscription des demandes en Form I, que ce soit sur la liste du MES ou pour les places offertes directement par le secondaire catholique. Le personnel de ces collèges catholiques et la direction du SeDEC n’étaient guère étonnés aujourd’hui devant la grosse demande enregistrée pour ces 50 % de places, en raison du retrait des National Colleges pour la Form I.
« Dans notre zone, le Collège Royal de Curepipe ne prend pas d’élèves en Form I. On s’était préparé à ce que les parents non satisfaits du collège alloué par le MES viennent vers nous. Depuis ce matin nous avons accueilli une bonne foule de demandeurs avec de bons résultats, un grand nombre de demandes avec “4 unités”, et nous avons vu des parents désemparés. Certains habitent Curepipe et ont eu un collège du Sud. C’est dommage que nous ne puissions satisfaire plus de monde parce que nos places sont limitées », déclare Dominique Séblin, rectrice du Collège St-Joseph.
Depuis une dizaine d’années, le secondaire catholique privilégie le concept de “mixed abilities” pour l’admission en Form I. Jusqu’à l’an dernier, les critères académiques pour ces places aux demandeurs étaient dans la fourchette de 15 à 20 unités. Dans le contexte de la réforme, l’enfant doit avoir obtenu un “grade aggregate” totalisant 4 à 16 unités — comptabilisé sur les quatre meilleurs résultats obtenus dans les “core subjects” — pour faire une demande d’admission.
Parmi les 7 427 admis dans le secondaire d’État (3 616 garçons et 3 811 filles), il semblerait que les meilleurs éléments se retrouvent dans les collèges d’État les plus réputés et dans les MGSS/RTI. C’est le constat des maîtres d’école après qu’ils ont analysé les résultats du PSAC de leurs candidats respectifs et les collèges obtenus. Leurs meilleurs éléments se sont vus attribuer un collège secondaire d’État ou géré par le MGI. Même ceux qui avaient opté pour un collège confessionnel comme premier choix ont été dirigés vers un autre établissement, à leur grand désarroi.
Une directrice d’école témoigne de toute sa peine d’avoir eu à gérer la situation hier : « Je ne savais comment expliquer aux enfants que leurs camarades ayant eu un parcours et des résultats inférieurs aux leurs ont pu avoir le collège qu’ils souhaitaient. La journée d’hier a été très difficile. Ce n’est pas évident de voir un enfant qui a toujours eu un parcours brillant en pleurs dans mon bureau le jour des résultats. »
Autre constat des maîtres d’école : les « élites » ont été dispersées dans certains collèges d’État/MGSS éloignés. Si certains de ces établissements, à l’instar de France Boyer de la Giroday, à Plaine-Magnien, ont déjà fait leurs preuves, d’autres demeurent dans l’ombre. D’où l’inquiétude des parents. « Je comprends que les parents ayant des enfants brillants ne veuillent pas les mettre dans un collège dont on ne connaît pas le niveau », confie un maître d’école dépassé par les événements d’hier.
Par ailleurs, les diverses autorités de l’Éducation sont conscientes du mécontentement croissant parmi les parents. Dans les milieux concernés, on ne manque pas de souligner que le MES n’a fait qu’appliquer la politique et les critères fixés par le ministère pour l’attribution des places en Grade 7 pour 2018.