Guerre commerciale américaine: Bruxelles et Ottawa affichent leur fermeté, Séoul et Londres conciliants
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Le Canada et l'Union européenne ont dénoncé mardi l'imposition dans un mois de droits de douanes massifs et généralisés sur l'acier et l'aluminium entrant aux Etats-Unis, nouvel acte dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump, tandis que Corée du Sud et Royaume-Uni ont dit vouloir coopérer avec Washington.
"Nous travaillerons avec l'administration américaine au cours des prochaines semaines pour mettre en évidence les impacts négatifs de ces droits de douane inacceptables", a déclaré le Premier ministre canadien démissionnaire Justin Trudeau à l'occasion du sommet de l'IA à Paris, promettant, "si cela s'avère nécessaire", une réponse "ferme et claire".
"Les droits de douane injustifiés imposés à l'UE ne resteront pas sans réponse: ils donneront lieu à des contre-mesures fermes et proportionnées", avait assuré quelques heures plus tôt la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Une réunion des ministres européens du Commerce sur ce sujet est prévue mercredi.
Le Mexique a pour sa part appelé le président américain à ne pas "détruire" les équilibres commerciaux et de croissance de l'Amérique du Nord.
Le président américain a signé lundi soir deux décrets instituant des droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium à compter du 12 mars prochain, "sans exception ou exemption", utilisant de manière désormais concrète le principal levier de sa politique économique contre ses partenaires commerciaux.
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Le Canada en est la première victime, en tant que principal fournisseur d'acier et d'aluminium des Etats-Unis.
- Londres dit "travailler" avec Washington -
Donald Trump s'est fait élire fin 2024 en promettant aux Américains un "nouvel âge d'or" et entend réduire le déficit commercial américain qui s'est creusé de 133 milliards de dollars en 2024 pour atteindre près de 920 milliards de dollars, soit une hausse de 17% sur un an.
Les nouvelles règles toucheront l'acier et l'aluminium d'où qu'ils viennent, y compris de partenaires économiques qui profitaient auparavant d'exemptions sur ces deux produits: Argentine, Australie, Canada, Mexique, UE et Royaume-Uni.
Le Japon, la Corée du Sud et le Brésil se voient eux privés de l'exemption dont ils bénéficiaient pour l'acier et ses dérivés.
Le Brésil n'a pas l'intention d'entrer "dans une guerre commerciale", a réagi mardi Alexandre Padilha, ministre des Relations institutionnelles du gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
Le Royaume-Uni et la Corée du Sud ont dit vouloir coopérer avec les Etats-Unis.
"Nous travaillons avec l'industrie et nos homologues américains pour régler les détails", a déclaré un porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer. "Il est évidemment important que nous adoptions une approche réfléchie", a-t-il ajouté.
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Séoul entend "protéger les intérêts de (ses) entreprises et réduire les incertitudes en construisant une relation de proximité avec l'administration Trump et en élargissant nos options diplomatiques", a déclaré le chef de l'Etat par intérim, Choi Sang-mok.
Donald Trump agite par ailleurs aussi la menace de droits de douanes sur d'autres secteurs clés pour l'économie sud-coréenne (semiconducteurs, automobile, pharmacie).
Les menaces de Donald Trump en matière de droits de douane et son animosité envers les véhicules électriques entraînent "beaucoup de coûts et beaucoup de chaos" pour Ford, a estimé mardi Jim Farley, patron du constructeur automobile américain.
- La Chine visée par ricochet -
Dans son argumentaire, Donald Trump accuse notamment certains des pays auparavant exemptés de servir de plaque tournante pour réexpédier vers les Etats-Unis de l'acier ou de l'aluminium en provenance de Chine. Pékin et Washington se livrent une concurrence féroce pour la prééminence mondiale dans tous les domaines: économique, militaire, technologique, commercial.
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"Les producteurs chinois profitent de l'exclusion générale du Mexique des droits de douane pour acheminer l'aluminium chinois vers les Etats-Unis via le Mexique", écrit-il.
Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait déjà imposé des droits de douane de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium. Ces mesures avaient ensuite été levées, pour beaucoup, par lui-même ou par son successeur démocrate, Joe Biden.
Lors de la première présidence Trump, les Européens avaient adopté des représailles très ciblées, comme sur le bourbon ou les motos Harley-Davidson.
Par ailleurs, Donald Trump a affirmé dimanche qu'il annoncerait "mardi ou mercredi" des "droits de douane réciproques", afin d'aligner la taxation des produits entrant aux Etats-Unis sur la manière dont sont taxés les produits américains à l'étranger.
Jusqu'ici, le milliardaire américain a davantage mis la pression sur les partenaires des Etats-Unis que sur le grand rival chinois, soumis depuis mardi à des droits de douane de 10% en plus de ceux déjà existants.
Les mesures de rétorsion, à base de surtaxes ciblées sur certains produits américains, sont entrées en vigueur lundi. Elles portent sur 14 milliards de dollars de biens américains, tandis que les droits de douane annoncés par le président américain concernent 525 milliards de dollars de biens chinois.