Attaque de Magdebourg: un suspect "islamophobe", le bilan monte à 5 morts

L'auteur présumé de l'attaque sur le marché Noël de Magdebourg, un médecin saoudien, est "islamophobe", a déclaré samedi la ministre de l'Intérieur allemande Nancy Faeser alors que le bilan du drame s'est alourdi à cinq morts et plus de 200 blessés.

La piste d'un attentat islamiste semble ainsi s'éloigner, même si les raisons de l'acte restent mystérieuses.

Venu se recueillir sur les lieux avec plusieurs ministres y compris Mme Faeser, Olaf Scholz a lancé un appel à la cohésion nationale après l'attaque "folle" dont l'auteur présumé de 50 ans, installé en Allemagne depuis 2006, a été arrêté vendredi peu après le carnage.

Le chancelier allemand a promis dans ce contexte "d'agir contre ceux qui veulent semer la haine".

Il a appelé les Allemands à se "serrer les coudes" après un "acte terrible", "fou" et une "catastrophe" pour le pays tout entier, alors que l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est déjà saisie de l'attaque pour dénoncer l'accueil des étrangers et réfugiés dans le pays.

"Quand cette folie prendra-t-elle fin ?", a ainsi écrit sur le réseau X la coprésidente de l'AfD Alice Weidel, dont le parti est crédité de la deuxième place dans les sondages, à près de 20%, en vue d'élections législatives fin février.

Problèmes psychologiques? autre motivation? Les raisons de l'auteur présumé du carnage, qui s'était distingué par des commentaires complotistes et anti-islam sur les réseaux sociaux, restent troubles.

"Nous devons précisément comprendre l'auteur, ses agissements et ses motivations et ensuite en tirer les conséquences sur le plan judiciaire", a dit Olaf Scholz.

- Blessés très graves -

Le bilan est monté samedi de 2 à 5 morts et à plus de 200 blessés, a indiqué le chef du gouvernement régional, Reiner Haseloff. Mais il n'est que très provisoire car, selon Olaf Scholz, 40 personnes ont subi des blessures d'une gravité telle "qu'on peut être inquiet" à leur sujet.

Vers 19H00 (18H00 GMT) vendredi, une voiture BMW puissante s'est subitement engouffrée dans les allées du marché de Noël en fauchant un à un les visiteurs sur son passage sur quelque 400 mètres.

Vêtu de noir, M. Scholz a déposé samedi des fleurs sur le parvis de l'église, face au lieu du drame. De nombreux anonymes l'ont précédé, déposant bouquets et bougies, pour témoigner de l'effroi qui a figé le pays à quelques jours de Noël et en pleine campagne électorale.

L'attaque est survenue huit ans presque jour pour jour après un acte similaire commis sur un marché de Noël de Berlin. Mais en l'état les autorités semblent exclure un acte islamiste tel que celui commis à Berlin en 2016.

Car le profil de l'auteur présumé, Taleb Jawad H. Al Abdulmohsen, arrêté à côté de la voiture-bélier, suscite beaucoup d'interrogations.

- Profil intrigant -

Ce médecin exerçait comme psychiatre dans une petite ville non loin de Magdebourg où il disposait du statut de réfugié.

Loin de sympathiser avec la mouvance jihadiste, il s'était au contraire fait connaître depuis des années par ses prises de positions fréquentes sur les réseaux sociaux contre l'islam. Il disait se sentir persécuté en dénonçant les "dangers" d'une islamisation de l'Allemagne dont Berlin serait co-responsable.

L'homme s'est d'abord fait connaître dans la communauté des émigrés saoudiens en Allemagne en aidant des demandeurs d'asile, des femmes notamment, avant de sympathiser plus récemment avec des positions de l'AfD ou d'Elon Musk.

"En l'état actuel de l'enquête il n'est pas encore possible de catégoriser ce qui s'est passé sur le marché de Noël", a indiqué la police locale.

Parmi les personnes, parfois en larmes, se recueillant sur le porche de l'église Johanneskirche, Michael Raarig, ingénieur à la retraite de 67 ans, s'est dit "triste et choqué". "Je n'aurais jamais cru que cela était possible ici", souligne-t-il.

Plusieurs passants ont exprimé leur colère à l'égard du gouvernement allemand et de l'accueil des étrangers dans le pays. "Parle avec l'AfD!", a lancé au chancelier un badaud lors d'un recueillement près de l'église.

"Quand tant de gens viennent chez nous, il faut aussi y regarder d'un peu plus près. On paye maintenant la facture", a aussi jugé Michael Raarig.