Trump continue ses nominations fracassantes avec le vaccinosceptique RFK Jr à la Santé

Donald Trump, qui forme un gouvernement guidé par l'allégeance à sa personne, a annoncé jeudi qu'il voulait confier le ministère de la Santé à Robert F. Kennedy Jr, notoirement sceptique vis-à-vis des vaccins.

Il entend aussi placer deux de ses avocats personnels à des postes clés de l'appareil judiciaire fédéral.

Avec ses nominations déjà fracassantes à la Justice et à la Défense, le président élu va mettre à l'épreuve la loyauté des sénateurs républicains, appelés à confirmer ses choix.

Sous la gouverne de son nouveau patron, le ministère de la Santé "jouera un grand rôle pour assurer que tout le monde soit protégé des produits chimiques, polluants, pesticides, produits pharmaceutiques et additifs alimentaires dangereux", a écrit Donald Trump sur ses réseaux sociaux.

RFK Jr, neveu du président assassiné John F. Kennedy et ancien avocat en droit de l'environnement sans formation scientifique, a forgé avec le tribun de 78 ans une alliance improbable depuis qu'il a renoncé en août à être candidat indépendant à la présidentielle.

Il a propagé des théories du complot, sur les vaccins contre le Covid-19 comme sur de prétendus liens entre vaccination et autisme, et réclame l'arrêt de l'ajout de fluor dans l'eau courante. Cette mesure de santé bucco-dentaire est considérée par la communauté médicale comme une grande réussite sanitaire.

RFK Jr veut aussi lutter contre la malbouffe et s'est prononcé pour un droit à l'avortement s'arrêtant à la viabilité du foetus (environ 24 semaines).

Cet homme à la personnalité insaisissable, accro à l'héroïne dans sa jeunesse, a raconté durant la campagne avoir abandonné le cadavre d'un ourson dans Central Park à New York, et avoir un jour dû se faire retirer un ver du cerveau.

- Loyauté et rupture -

Pas question pour Donald Trump, qui prêtera serment le 20 janvier, de répéter ce qu'il a décrit comme la "plus grande erreur" de son premier mandat (2017-2021), dans un podcast avec le très influent Joe Rogan, à savoir choisir "des personnes qui n'étaient pas loyales".

"Les choix de Trump répondent à deux critères: la loyauté et la rupture", analyse pour l'AFP Todd Belt, professeur de sciences politiques à l'université George Washington.

Le président élu, auteur d'un come-back inouï avec sa victoire éclatante à la présidentielle du 5 novembre, l'avait prouvé avec ses choix pour la direction du renseignement et pour le ministère de la Justice.

Tulsi Gabbard, une transfuge du Parti démocrate connue pour ses positions favorables à la Russie, doit devenir directrice du Renseignement national.

Donald Trump a aussi choisi Matt Gaetz comme ministre de la Justice. Ce trumpiste tonitruant, soupçonné de relations avec une jeune fille mineure, a mené à l'automne 2022 le renversement du patron républicain de la Chambre des représentants, semant une pagaille politique monstre.

Il doit être secondé par deux avocats personnels du président élu, Todd Blanche et Emil Bove, dont Donald Trump a annoncé jeudi la nomination à des postes d'adjoints au ministère de la Justice. Ces deux hommes ont défendu le républicain dans l'affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X qui a débouché sur sa condamnation au pénal, inédite pour un ex-président américain.

- Musk et l'Iran -

Le premier mandat Trump avait été une succession de limogeages spectaculaires. Et plusieurs anciens conseillers ou ministres se sont publiquement retournés contre lui.

Cette fois, le 45e et bientôt 47e président privilégie des personnalités qui n'ont parfois aucune expérience de l'appareil d'Etat mais qui le soutiennent sans réserve.

Comme Elon Musk, qui dirigera une commission de réduction de la dépense publique et de dérégulation.

Selon le New York Times, l'homme le plus riche du monde a rencontré lundi l'ambassadeur de l'Iran aux Nations unies pour "apaiser les tensions" entre Téhéran et les Etats-Unis.

Plusieurs futurs ministres ou conseillers sont des invités réguliers sur la chaîne préférée des conservateurs, Fox News.

Donald Trump, lui-même ancienne figure de la téléréalité et grand consommateur de télévision, "aime les gens qui passent bien à l'écran", souligne Todd Belt.

Pour diriger le Pentagone, le milliardaire a carrément choisi un animateur de Fox News, Pete Hegseth, un ancien militaire sans expérience du commandement de haut niveau.

Le futur président a toutefois fait un choix qui tranche avec cette quête de loyauté absolue: le sénateur de Floride Marco Rubio, avec lequel il a eu dans le passé des relations conflictuelles, doit diriger la diplomatie.