Le pays s’est réveillé, samedi dernier, en apprenant une nouvelle bouleversante. On a appris par les médias que le corps d’une petite fille de 7 ans qui avait disparu du domicile de sa grand-mère à Bain-des-Dames a été découvert sur un terrain. Ce qu’on pouvait alors imaginé s’est malheureusement avéré. Cette fillette, Kathalea Gaspard, a subi les pires atrocités qu’un enfant puisse connaître entre les mains d’un pervers pédophile.
Kathalea a été tuée par son bourreau. Un homme qu’elle connaissait et qu’elle a sans doute suivi sans aucune inquiétude. Nous, à Pedostop, nous sommes INQUIETS. Et nous avons toutes les raisons de faire part, encore une fois, de cette inquiétude. Kathalea a rendu son dernier souffle dans des circonstances abominables il y a quelques jours, et cela n’aurait jamais dû arriver. Tout un pays a pleuré l’innocence brisée.
Cependant, nous n’avons pas le droit de simplement essuyer nos larmes, consoler nos cœurs et reprendre le cours de nos vies sans réagir. Réagir implique d’agir. Et nous avons TOUS la responsabilité de passer à l’action et de repenser nos priorités pour protéger les enfants contre la violence sexuelle.
Lorsque de telles atrocités surviennent, les défaillances systémiques sont pointées du doigt en premier. En effet, l’État mauricien a encore un très long chemin à parcourir en matière de prévention contre les abus sexuels sur les mineurs.
Dans son plaidoyer, Pedostop a toujours insisté sur la nécessité de sensibiliser l’ensemble de la population, en mettant l’accent sur les familles, sans distinction sociale, face à la vulnérabilité des plus petits et aux dangers auxquels ils sont exposés. Il est impératif d’accompagner et d’outiller les familles où les facteurs de risque sont particulièrement élevés, afin de les responsabiliser dans leur rôle parental.
Et les aider à identifier les potentiels prédateurs. Entre 2005 à samedi dernier, Maurice a été marquée par quatre meurtres d’enfants à caractère sexuel. Anita Jolita , deux ans et demi, retrouvée sans vie en 2005, Joannick Martin, 7 ans, brûlée vive par son oncle en 2010, Helena Gentil, 11 ans, assassinée par un proche de sa mère en 2015 et Kathalea Gaspard, 7 ans tuée par un proche de sa famille. C’en est trop!
Pedostop constate avec gratitude les efforts déployés par des personnes de bonne volonté opérant dans des institutions de protection de l’enfance. Cependant, ces personnes sont malheureusement trop peu nombreuses. La formation du personnel doit être renforcée si l’on aspire à une prise en charge professionnelle et adéquate des victimes d’abus sexuels.
La Children’s Act 2020 ne doit pas se limiter à être un cadre légal ; elle doit être appliquée dans l’esprit de la loi et ne doit pas rester une fin en soi.
Cela amène Pedostop à poser des questions sur l’utilisation et la mise à disposition du registre des sex offenders, une mesure pourtant préconisée par cette loi. Ce registre devait être un outil essentiel pour tous les services dédiés à la protection des enfants. Il est bien connu que, malheureusement, des prédateurs se trouvent aussi dans des environnements accueillant des enfants.
Nous ne voulons plus des intentions, mais des actions concrètes. Il est grand temps que les stratégies de prévention contre toute forme de violence envers les enfants soient systématiquement mises en œuvre et qu’un système de case management soit instauré pour accompagner les familles les plus à risque. Il est aussi grand temps que l’audition des enfants soit enfin filmée afin d’éviter à ces victimes de revivre leur trauma ait chaque fois qu’elles doivent répéter leur histoire, ce qui se produit à chaque étape du processus de prise en charge.
Aucun système n’est parfait, mais avec une réelle volonté politique, des moyens adéquats et une formation appropriée, nous pouvons espérer une diminution significative de ces cas graves, qu’ils soient de nature sexuelle ou autre.
Pedostop a une pensée particulière pour la petite Esteer Jolicoeur, âgée de 18 mois, décédée après avoir reçu un coup violent au front, infligé selon des rapports de presse par sa jeune mère.
Pedostop lance un appel URGENT aux autorités pour qu’elles remédient rapidement aux lacunes du système de protection des droits des enfants et de leur encadrement, afin de mieux les protéger. Il est également essentiel de réfléchir à l’impact de l’absence d’éducation à la sexualité dans le cursus scolaire et d’avoir le courage de passer outre les résistances afin de mieux informer, outiller et protéger nos enfants.
PEDOSTOP