L’absence d’un protocole pour le nettoyage, l’hygiène et la dératisation du bazar comme principale source du litige
Coup de théâtre concernant la mise en œuvre du Vacoas Urban Terminal. Le ministère des Collectivités locales ne procèdera finalement pas à des modifications autour du concept lié à la gestion du site, malgré des propositions faites en ce sens par le consortium Laxmanbhai /Manser Saxon désigné, le 15 septembre 2021, comme promoteur du projet. Les deux firmes ayant refusé d’apposer leurs signatures sur le contrat de location à bail du terrain, d’une superficie de 27,965 m2 pour une période 60 ans –après avoir émis des réserves sur la capacité des fonctionnaires du ministère à orchestrer la stratégie de développement commerciale du terminal –, le conseil des ministres a décidé de relancer l’appel d’offres en vue de trouver un constructeur susceptible de se plier aux conditions à l’origine du contentieux entre Laxmanbhai/Manser Saxon et le ministère dirigé par le Dr Anwar Husnoo.
Ce nouveau développement étaye les informations révélées par Week-End dans son édition du 12 mars, faisant état de divergences profondes entre le consortium et le ministère des Collectivités locales sur le business model à adopter pour l’élaboration du projet avec pour toile de fond le refus des autorités de confier la gestion du futur bazar moderne au syndic du consortium ainsi que la prise en charge des frais de location du site.
Les confidences d’un officier du ministère selon lesquelles il était question qu’ « on procède à des modifications autour du concept lié à la gestion du site en vue de trouver un terrain d’entente » ne se sont finalement pas traduites par des faits, et il y a fort à parier que le consortium Laxmanbhai /Manser Saxon, qui appartient respectivement aux groupes Kurijibhai Ramji et IBL Ltd, ne participera pas au deuxième appel d’offres, lancé le 20 avril dernier, dont le document contient quasiment les mêmes sources du litige entre les deux parties.
Le Vacoas Urban Terminal avait, pourtant, été mis sur les bons rails, en 2021, et d’aucuns avaient misé pour une inauguration en grande pompe du site avant les prochaines échéances électorales, sauf que la promesse faite par le député Gilbert Bablee aux riverains – selon laquelle la ville Cendrillon ressemblerait bientôt à l’arrondissement le plus célèbre de la ville de New York – semble avoir pris du plomb dans l’aile à la lumière de cette affaire qui n’en finit pas de faire couler de l’encre. Réalisée à partir d’un plan du cabinet d’architecture Architects Studio, la maquette de promotion dévoilait de manière concrète la situation du bâtiment, son volume, les espaces verts qui l’entourent, mais aussi permettait de comprendre comment s’intègre le projet dans son environnement existant composé, entre autres, de la plateforme ferroviaire et du bazar.
Les petites et les grandes réunions se sont pourtant enchaînées, en 2022, entre les représentants du consortium et les officiers du ministère des Collectivités locales, afin de trouver un consensus, mais à en croire certaines sources proches du dossier – qui appuient le refus du consortium à consentir aux velléités des Collectivités locales à s’arroger les prérogatives du business model à adopter –, le divorce était déjà consommé entre les deux parties après la missive adressée, le 24 novembre 2022, par le Senior Chief Executive du ministère au consortium. « It is noted that certain proposals as contained in your letter, dated 7 October 2022, are outside the ambit of Request of Proposals and the letter of award. The Ministry is therefore not agreeable to the Counter Proposals as submitted by you… This Ministry hereby terminates the award which was made to you on 21 September 2021», peut-on lire dans la lettre.
« Pou fini kouma Orchard Centre ! »
Répondant à une question du député Kushal Lobine au Parlement, mardi, le ministre Anwar Husnoo a fait ressortir que «following legal advice obtained, the contract had to be cancelled prior to the submission of the detailed design of the project by the Joint-Venture since the latter has made counterproposal most of which were outside the ambit of the request for proposal and the letter of award. My Ministry has reworked out the request for proposal document for the project in consultation with the different stakeholders concerned and same has been launched on 6 April 2023.» Un source proche du dossier ne mâche pas ses mots à l’endroit du ministre et ses fonctionnaires qui n’ont, dit-il, pas « les compétences requises to interact with the private sector, contrairement à l’ancien ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha qui a piloté, de main de maître, le projet du Victoria Urban Terminal, à Port-Louis, en s’entourant des bonnes personnes. Si le ministère continue dans cette voie, le terminal de Vacoas pourrait ne jamais sortir de terre ou ressembler, au fil du temps, au bâtiment désuet de l’Orchard Centre, à Quatre-Bornes ! »
On commence à y voir un peu plus clair sur les raisons ayant poussé Laxmanbhai & Co. (Mauritius) Ltd et Manser Saxon Contracting Ltd à exiger des garanties sur certains détails liés au lease agreement avant de parapher le document. Le principal point de discorde demeure le refus du ministère de consentir à la signature d’un protocole entre toutes les parties concernées en ce qu’il s’agit des conditions liées au nettoyage, à la dératisation et aux normes hygiéniques sur le site du bazar. Une démarche visant à assurer la montée en gamme des commerces et convaincre d’éventuels investisseurs. «La première tâche d’un consortium est de vendre son business model à des investisseurs du secteur privé et des banques qui exigent des garanties sur un retour sur investissement dans un projet qui inclut l’aménagement d’un bazar sur 6,000 m² jouxtant un food court sur 3,200 m². Force est de constater que le ministère est à côté de la plaque sur ce dossier», confie une source.
La pilule est d’autant plus dure à avaler pour le duo Laxmanbhai /Manser Saxon qu’il a investi plusieurs millions de roupies pour s’attacher les services de consultants financiers sur le business model et les investissements financiers à adopter et aussi pour des études topographiques de la zone devant accueillir le terminal, jusqu’au cinéma Savoy, sans oublier les sommes colossales investies dans la mise en œuvre d’un Traffic Impact Assessment (TIA) pour analyser et appréhender le trafic routier qui sera sérieusement affecté dans une zone ou le métro a accentué les bouchons aux heures de pointe.
Des millions de
roupies dépensées…
Le consortium s’est aussi associé à la fondation Arbor Day pour chapeauter l’aménagement des espaces verts, tout autour de la passerelle, faisant partie intégrante du projet dans son environnement existant.
Aussi, il nous revient que des représentants du consortium avaient rencontré les commerçants ayant pignon sur rue à Vacoas/Phœnix pour leur présenter le projet et leur proposer d’en faire partie prenante à la faveur de tarifs de location beaucoup plus avantageux que les grands Malls disséminés dans les quatre coins des Plaines-Wilhems.