Le retard considérable dans l’exécution des travaux des Urban Terminals de Curepipe, Quatre-Bornes, Vacoas et Rose-Hill, censés moderniser lesdites villes et promouvoir l’intermodalité avec l’avènement du Metro Express, en 2020, mérite qu’on s’y attarde. Pour dire les choses crûment, ce projet – qui repose sur des partenariats public-privé placés sous l’égide du ministère des Collectivités locales – constitue un véritable fiasco… rangé dans le tiroir des projets fantômes que le nouveau ministre de tutelle, Ranjiv Woochit, tentera de faire revivre. « Nous allons relancer le projet des terminaux urbains, oui, mais sous de meilleures conditions où l’opacité et l’amateurisme n’auront pas leur place dans le business model qu’on entend adopter ».
Il faut être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître le succès entourant le Victoria Urban Terminal de Port-Louis, inauguré en avril 2022, dont l’attraction principale demeure la nouvelle configuration de l’ancien bâtiment en pierre taillée de la National Transport Authority (NTA) qui a retrouvé un second souffle après une restauration exemplaire qui en a sauvegardé son cachet historique. Outre la passerelle permettant aux visiteurs d’avoir une connexion directe entre le centre-ville et le Caudan Waterfront, le projet comprend une aire de stationnement de 400 places sur 2,200 m2, le Victoria Market et le Victoria Shopping Center sur 8,480 m2, un espace pour les taxis et un food court de 1,049 m2, propice à la détente. La propreté du site, contrairement aux détritus qui jonchent les rues et les commerces adjacents, est à saluer. Un mariage entre la modernité et le patrimoine qu’attendent les habitants et les commerçants de Vacoas/Phœnix, Beau-Bassin/Rose-Hill, Quatre-Bornes et Curepipe depuis quatre ans.
Il est compliqué d’évoquer le nombre de fois où les exercices d’appel d’offres se sont terminés en eau de boudin, en ce qu’il s’agit de l’Urban Terminal de Vacoas, notamment, qui avait pourtant de quoi séduire, si on se fie à la maquette de promotion dévoilée en septembre 2021 par le cabinet d’architecture Architects Studio, qui fait la part belle à un emplacement commercial, incluant un marché moderne, doté d’un « green hanging garden concept », reliant un autre espace shopping. La pierre d’achoppement avait comme toile de fond les divergences profondes entre le consortium désigné et le ministère des Collectivités locales sur le business model à adopter pour l’élaboration du projet. « Le Vacoas Urban Terminal est un exemple, parmi tant d’autres, de l’amateurisme dont a fait preuve l’ancien gouvernement. Des compagnies ayant vocation à être positionnées sur le segment des projets urbains de standing, avec l’ambition d’amortir les investissements qu’ils ont engendrés, se sont manifestées pour promouvoir les Urban Terminals dans les villes. Sauf que le concept et les structures proposés par l’ancien ministère des Collectivités locales en termes d’attractivité ne répondait nullement aux attentes du promoteur et à la transformation que vit actuellement le secteur. On compte relancer le projet mais cela passera par des grandes réunions avec tous les stakeholders », confie le ministre des Collectivités locales, Ranjiv Woochit.
L’appel d’offres pour l’extension du projet Metro Express vers La Vigie et l’installation de l’Urban Terminal de Curepipe autour du site avait été annoncé en grande pompe, en décembre 2023, par le PM adjoint Steeven Obeegadoo. Un appel d’offres a été lancé par le ministère des Collectivités locales, le 28 février dernier. Or, il s’avère que la Land Drainage Authority (LDA) a conclu, dans un document, que le site identifié pour le projet est classé zone à risque d’inondation, malgré l’entêtement de Steeven Obeegadoo qui avait clairement indiqué qu’il trouve peu probable que le développement empiète sur la zone à risque d’inondation. « La LDA a étayé ses analyses en soutenant que le terrain, identifié par les autorités pour la construction de l’Urban Terminal à La Vigie, Curepipe, est une zone à risque d’inondation où aucune construction n’est recommandée. Il est hors de question qu’on fasse preuve de négligence et de je-m’en-foutisme, comme nos predecessuers. On devra trouver un autre site », souligne Ranjiv Woochit.