Le ministère des Collectivités locales, auquel incombe la responsabilité de piloter le projet des terminaux urbains, et le consortium Laxmanbhai/Manser Saxon ne sont pas sur la même longueur d’onde quant au « business model » à adopter pour l’élaboration du Vacoas Urban Terminal qui aurait dû sortir de terre depuis plusieurs mois déjà. L’objet du litige a pour toile de fond le refus des autorités de confier la gestion du futur bazar moderne au syndic du consortium ainsi que la prise en charge des frais de location du site.
Le promoteur émet des réserves sur la capacité des fonctionnaires dudit ministère à assurer la mise en œuvre de la stratégie de développement commerciale et la montée en gamme des commerces. Un élément susceptible de compromettre un retour sur investissement.
C’est le consortium composé de Laxmanbhai & Co Ltd, filiale du groupe Kurijibhai Ramji, et Manser Saxon, appartenant à IBL Ltd, qui a décroché le contrat pour développer le terminal de Vacoas au coût avoisinant les Rs 4 milliards. Réalisée à partir d’un plan du cabinet d’architecture Architects Studio, la maquette de promotion dévoile de manière concrète la situation du bâtiment, son volume, les espaces verts qui l’entourent, mais permet aussi de comprendre comment s’intègre le projet dans son environnement existant composé, entre autres, de la plateforme ferroviaire et du bazar. Après la complétion des études de faisabilité effectuées par le promoteur et le déblayage des parcelles de terre d’une superficie de six arpents mis à sa disposition, les indices allant dans le sens d’un coup d’accélérateur dans l’exécution des grands travaux lors des premières semaines de 2023 s’étaient multipliés en novembre. Or, à la lumière des informations glanées par Week-End, tout semble indiquer que la mise en œuvre du terminal urbain de Vacoas aurait pris du plomb dans l’aile.
Les cellules de communication de Laxmanbhai et Manser Saxon se refusant à tout commentaire, on s’est tourné vers certaines sources proches du dossier et du secteur de l’immobilier, lesquelles appuient le refus du consortium à consentir aux velléités des Collectivités locales à s’arroger les prérogatives du business model à adopter en termes d’implantation, de gestion et de l’activité économique déployée sur certains sites du terminal. Le promoteur voit d’un mauvais œil cette démarche qui impacterait considérablement sur son potentiel de rentabilité. « Ces entreprises qui sont présentées comme novatrices ont vocation à être positionnées sur le segment des projets urbains de standing avec l’ambition d’amortir les investissements qu’ils ont engendrés en captant des comportements émergents. A priori, sur ce plan-là, le concept et les structures proposés par le ministère des Collectivités locales en termes d’attractivité ne répond nullement aux attentes du promoteur et à la transformation que vit actuellement le secteur », confie un professionnel dans le secteur de l’immobilier.
La profitabilité au cœur du litige
Les dissonances entre ledit ministère et le promoteur concernent principalement la gestion du futur bazar moderne ainsi que la prise en charge des frais de location du site. Du point de vue du promoteur, il est hors de question que les autorités concernées décident à leur guise du mode de gestion du site et de la prise en charge du rental. « Cet élément revêt une importance capitale pour le consortium, qui met d’ailleurs en doute les compétences des fonctionnaires du ministère à développer le bon concept et le choix du bon mode opératoire pour en faire un lieu très attractif et surtout très profitable », souligne notre interlocuteur. Les petites et grandes réunions se sont pourtant succédé entre les deux parties afin de trouver un consensus. Peine perdue, car le ministère ne semble pas vouloir lâcher du lest, au grand dam du consortium. La réponse donnée par le ministère de tutelle à Week-End, vendredi soir, semble cependant témoigner d’une volonté d’avancer sur ce dossier (Voir plus loin).
Alors que les autorités continuent à orchestrer le flou sur le début des grands travaux du terminal, censés s’échelonner sur une période de deux ans au minimum, le sort réservé aux maraîchers du bazar de Vacoas — contraints à nouveau de travailler les pieds dans l’eau durant la semaine écoulée, conduisant même à la fermeture du site pendant quelques heures — est plus que jamais d’actualité. Pour couronner le tout, la toiture en tôle du bazar, qui s’est nettement dégradée au fil du temps, ne les protège plus des intempéries. Et ce n’est pas faute d’avoir tenté de convaincre la mairie de procéder à des réparations. Ce n’est pas demain la veille que la ville Cendrillon ressemblera à l’arrondissement le plus célèbre de New York.