Trou de Rs 15,8 milliards – Réponse au Chairman de MK, Kishore Beegoo : Une déclaration inquiétante pour les droits des travailleurs

La récente conférence de presse du chairman de MK, Kishore Beegoo, a suscité une onde de choc parmi les employés et les syndicats de la compagnie. Ses propos révèlent une intolérance aux critiques et une volonté manifeste de faire taire ceux qui osent exprimer les préoccupations du personnel. Cette posture est non seulement regrettable, mais elle va à l’encontre des droits syndicaux garantis par les conventions internationales signées par le gouvernement mauricien avec le Bureau International du Travail (BIT).

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Le droit de parler à la presse et de défendre les intérêts des employés fait partie intégrante des libertés fondamentales d’une organisation syndicale. Or, en s’immisçant dans la gestion de notre association, le Chairman viole les accords de procédure entre les syndicats et MK, compromettant ainsi le dialogue social indispensable à une entreprise saine.

Une conférence de presse qui démotive les employés

Plutôt que d’inspirer et de mobiliser les troupes, M. Beegoo a choisi de pointer du doigt les défaillances des différents départements de MK, allant jusqu’à dévoiler publiquement certains éléments internes. Ce type de communication ne peut qu’aggraver le moral déjà fragile des employés et accentuer un climat de méfiance au sein de la compagnie.

Par ailleurs, il affirme que l’AMCCA est le seul syndicat à se plaindre, occultant volontairement les nombreux articles de presse qui, ces dernières années, ont mis en lumière les difficultés rencontrées par l’ensemble des départements de MK.

Une stratégie de désaffection qui rappelle le passé

Cette conférence de presse rappelle la stratégie adoptée en 2020 par l’administration d’alors, qui tentait de faire porter aux travailleurs la responsabilité de la situation financière de MK. Cette rhétorique, visant à présenter les employés comme des privilégiés, ignore un fait essentiel : le coût salarial de la compagnie est passé de 4 milliards de roupies en 2018 à 2,6 milliards en 2024. Autrement dit, les travailleurs gagnent beaucoup moins aujourd’hui, et ce, dans un contexte où le coût de la vie à Maurice n’a cessé d’augmenter.

D’autre part, la divulgation des allocations repas des équipages en public constitue une atteinte à la confidentialité et un choix de communication partial, surtout quand le chairman évite soigneusement d’aborder la question de son propre salaire et de ses avantages.

Quant à ce qui a été dit pendant la rencontre entre l’AMCCA et le chairman, le syndicat n’a fait qu’exprimer ses craintes en public en apprenant le plan qui allait être adopté pour MK.
Si ces informations avaient été données pour faire peur aux employés pour qu’ils se taisent et renoncent à leurs droits, cela n’a pas marché avec l’AMCCA. Ce qui fait penser à l’année dernière quand le CEO Charles Cartier avait parlé d’un retour en Administration Volontaire avant de démentir avoir fourni cette information. La vérité a été publiée dans le State of the Economy

Une attaque personnelle inacceptable

On a célébré la Journée de la Femme la semaine dernière et pourtant, le chairman de MK n’a pas raté l’occasion de faire des propos diffamatoires à mon égard…

Dans un effort manifeste de discréditer mon engagement, M. Beegoo a estimé que mon licenciement était peut-être justifié et non motivé par des raisons politiques. Pourtant, sa propre conférence de presse a confirmé tous les points soulevés par l’AMCCA ces cinq dernières années : mauvaise gestion, vente précipitée d’avions et acquisition d’appareils vieillissants.

Le soutien que j’ai reçu des ONG, des syndicalistes et des organisations des droits humains, de nombreux politiciens à l’époque, dont Arvin Boolell, Eshan Juman, Joanna Bérenger, Reza Uteem, Ashok Subron, et bien d’autres, témoigne de la reconnaissance de l’injustice que j’ai subie. Même le Premier ministre, alors en campagne électorale, avait promis que justice serait rendue.

Pourtant, ma réintégration se fait toujours attendre, tout comme celle de Sharvin Sunnasse et Vishal Jaunky, alors que d’autres ont déjà retrouvé leur poste.

Un management qui divise plutôt que d’unir

Plutôt que de dénigrer son personnel, la direction de MK doit s’engager dans un dialogue respectueux et constructif. Les employés demandent seulement à être traités avec dignité et à voir leurs droits respectés.

Si la conférence de presse de M. Beegoo était destinée à faire peur aux employés et à les réduire au silence, c’est un pari perdu d’avance. L’AMCCA restera debout, déterminée à défendre les intérêts et les droits de ses membres et à veiller à ce que MK soit gérée de manière transparente et inclusive.

Par Yogita Baboo, présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA)

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