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Trois mois après « la révolution de la soif » au n°14 : Un semblant de vie normale retrouvé

L’heure du bilan a sonné, trois mois après l’épisode de la révolte des habitants de Case-Noyale, La Gaulette et Coteau-Raffin qui sont descendus dans la rue pour exprimer leur courroux face aux pénuries d’eau affectant leurs villages depuis des lustres et qui s’étaient multipliées depuis janvier.

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La situation semble s’être améliorée, à la lumière des témoignages recueillis dans ces régions, à l’instar de Cité EDC, sise à Case-Noyale, qui figure parmi les quartiers qui pâtissent le plus de la carence du précieux liquide.

Contraints de passer des jours, voire des semaines, sans une goutte d’eau avant ladite manifestation, les riverains sont désormais approvisionnés pendant cinq à six heures quotidiennement. Des fréquences en termes de fourniture qui auraient exaspéré plus d’un, mais pour reprendre les mots d’une habitante La Gaulette, « il faut parfois se contenter du bouillon quand la chair est trop chère ! »

C’est un épisode qui avait défrayé la chronique au cours de la première semaine du mois de février. Deux jours de manifs impliquant une centaine d’habitants de Case-Noyale, La Gaulette et Coteau-Raffin qui ont exprimé d’une seule voix leur colère contre la longue pénurie d’eau dans le village en bloquant la route au moyen de pneus et de pierres. Une fronde qui aurait pu dégénérer sans le tact des forces de l’ordre, qui ont su garder leur sang-froid face à des manifestants qui étaient bel et bien décidés à aller au bout de leurs revendications en scandant des slogans hostiles à l’endroit de leurs trois députés. Les choses sont rentrées dans l’ordre peu avant minuit, à chaque fois après le déploiement par la CWA de camions-citernes littéralement pris d’assaut par les riverains.

Trois mois après ce mouvement de colère, tout porte à croire que les revendications des frondeurs ne sont pas restées lettre morte auprès des autorités, comme à La Gaulette où, quand bien même la pression avec laquelle l’eau sort du robinet laisse à désirer, les riverains soutiennent avoir retrouvé un semblant de vie normale. « Notre train-train quotidien ne se résume désormais plus à se ruer vers les camions-citernes, qu’on attendait pendant de longs jours parfois, pour recueillir l’eau qui coule désormais pendant trois ou quatre heures le matin et oscille entre quatre à cinq heures l’après-midi et le soir », confie Paule, qui ajoute que « dans pareille circonstance, tout le monde en profite pour effecteur les grandes lessives, nettoyer la maison et arroser le jardin, le matin, comme au bon vieux temps. Quand on a vécu un tel calvaire, on développe cette propension à se contenter du minimum. En sus de nous permettre d’effectuer le ménage et la lessive, cette eau nous permet désormais de préparer décemment nos enfants pour l’école. »

« Est-ce un hasard si… »

Les consommateurs lésés de Case-Noyale, dont beaucoup soutiennent qu’ils avaient fini par se résoudre au fil du temps à s’habituer à la rareté du précieux liquide, furent les premiers à descendre dans la rue le soir du 2 février. Une révolte qui semble avoir porté ses fruits : « Ce n’était pas de gaieté de cœur, mais il a fallu qu’on fasse du désordre pour que les choses changent un peu. Est-ce un hasard si les heures de fourniture ont doublé et que la fréquence des ravitaillements en eau par le biais des camions-citernes a augmenté de manière exponentielle ? Mo pa krwar », soutient un habitant que Week-End a rencontré au banian, point de rencontre des habitants, des pêcheurs qui aiment venir y discuter ou jouer aux cartes à l’abri du soleil sous les grandes branches. « Nou kapav kas enn poz trankil aster san gagn traka sipa dilo pou ena ou si kamion-sitern pou vini. Pourvu que ça dure », souligne un pêcheur.

À quelques encablures du banian se trouve Cité EDC, où on ne compte plus le nombre de fois où Week-End et le Kolektif Rivier Nwar (KRN) ont alerté les autorités sur le calvaire enduré depuis des lustres par les 636 familles, dont beaucoup vivent dans la précarité. Avant la grande manif, lorsque l’eau parvenait presque par miracle dans certaines maisons, elle coulait au compte-gouttes pendant une ou deux heures.

Eau impropre à la consommation

Des conditions qui mettaient à rude épreuve les nerfs des familles qui, en plus de lutter pour satisfaire leurs besoins de base, étaient obligées de veiller toute la nuit pour avoir la chance de remplir quelques bassines d’eau. « Les choses se sont améliorées. C’est-à-dire que l’eau coule de nos robinets et que les camions-citernes nous approvisionnent trois à quatre fois par semaine ! C’est tout ce qu’on demandait », souligne un riverain.

Un approvisionnement minimal au plus près des habitants concernés, ne serait-ce que pour évacuer les eaux des toilettes ou faire la vaisselle. En attendant des jours meilleurs…
Même son de cloche à Coteau-Raffin, où les riverains vivaient naguère au rythme des coupures d’eau oscillant entre 15h à 16h par jour. On gardera l’image de cet habitant nous montrant d’un geste dépité les récipients entassés sous son lavabo… rongeant son frein depuis 24h ! Les choses ont bien changé depuis « la révolution de la soif. »

Mais jusqu’à quand ? Certes, ces interventions visant à accroître la disponibilité de l’eau dans lesdits villages constituent une solution palliative qui est d’un grand secours pour les familles. S’achemine-t-on pour autant vers la fin du calvaire de ces populations ? Tout le monde abonde dans le même sens en ce qu’il s’agit d’intensifier la pression pour la mise sur pied de mesures probantes qui régleraient la crise de façon pérenne et que les systèmes de distribution d’eau actuellement en place atteignent ou se proposent d’atteindre un standard de qualité assez élevé, proche de celui qu’on trouve ailleurs.

Les riverains de Petite Rivière-Noire, où la distribution de l’eau s’est également améliorée, souhaitent par ailleurs alerter les autorités sur la mauvaise qualité de l’eau émanant des robinets, « au point où même en la bouillant, l’eau reste impropre à la consommation », confie un habitant. Le responsable de la cellule de communication de la CWA, Sunil Gopal, promet aux habitants que les experts du laboratoire de l’instance effectueront des analyses pour mieux appréhender la situation.

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