La Special Allowance Act de décembre 2024 préconisant le paiement du 14e mois aux employés touchant jusqu’à Rs 50 000 n’a pas été respectée par toutes les entreprises. C’est ce que dénonce Atma Shanto, négociateur de la Fédération des Travailleurs Unis (FTU). Des employeurs ont indiqué que ce paiement se fera en plusieurs tranches, sans donner de précisions. Il critique l’absence de consultations avec le syndicat à ce sujet.
Le changement va-t-il s’opérer également dans le monde du travail ? C’est la question que se pose Atma Shanto, qui envisage d’écrire une lettre au ministre du Travail, Reza Uteem, pour lui demander de préciser sa politique quant aux travailleurs. Il estime que des changements sont nécessaires car ces dernières années, le ministère du Travail a agi en « spectateur » face aux nombreuses difficultés rencontrées par des travailleurs.
Déjà, regrette Atma Shanto, 2025 débute sur une mauvaise note car contrairement à d’autres, certains travailleurs n’ont pas bénéficié de 14e mois. Cela, en dépit d’une loi votée à l’Assemblée nationale en décembre, la Special Allowance Act, précisant les modalités de ce paiement : « des employeurs ont imposé un paiement en plusieurs tranches à leurs employés, sans donner de précisions sur la période. Certains sont membres de la MEXA et de Business Mauritius. Ils n’ont pas jugé nécessaire d’en discuter avec le syndicat reconnu. »
Il se pose ainsi la question si le ministère du Travail se contentera une nouvelle fois de jouer au spectateur face à cette situation. « J’ai remarqué que depuis les 60-0 aux dernières élections, Business Mauritius se sent très fort. Certains font ce qu’ils veulent. C’est pour cela que nous voulons interroger le ministre sur sa politique au regard des travailleurs. Pour nous, le ministère du Travail est une autorité et doit faire respecter la loi. Nous ne pouvons continuer comme cela a été le cas ces dernières années », devait faire ressortir Atma Shanto.
Des signes sont tout de même préoccupants, estime Atma Shanto. « Le fait qu’il n’y a pas eu de comité tripartite sur la compensation salariale est un mauvais signal d’après moi. Il n’y a eu qu’une rencontre avec les syndicats, après celle avec Business Mauritius. Pour moi, c’était une mascarade ». Même si un montant pour la compensation salariale a été décidé, ajoute-t-il, il n’en demeure pas moins que les tripartites, obtenues après une longue bataille syndicale, doivent être respectées.
Par ailleurs, Atma Shanto dit avoir écouté avec attention au message du Premier ministre, Navin Ramgoolam, à l’occasion du Nouvel An. L’extrait concernant la réforme de l’économie l’a particulièrement interpellé, ajoute-t-il : « Je souhaite que la réforme de l’économie ne se fasse pas au détriment des travailleurs. Je souhaite aussi attirer l’attention sur le fait que Rama Sithanen est officiellement gouverneur de la Banque de Maurice et non pas ministre des Finances. J’espère qu’il y aura un dialogue social qui sera engagé concernant la réforme de l’économie », ajoute-t-il.
Atma Shanto affirme avoir également noté que des économistes ont émis l’idée que la réforme de l’économie soit accentuée sur le secteur de l’exportation. Or, dans ce secteur, indique-t-il, il y a beaucoup d’exploitation. « J’avais déjà soumis un dossier à l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, concernant l’exploitation des travailleurs dans le secteur de l’exportation. Mais rien n’a été fait pour améliorer la situation. Je souhaite que la réforme dans ce secteur, qui sera probablement axé sur la productivité, ne donne pas lieu à une surexploitation des travailleurs. »
Finalement, le négociateur de la FTU s’interroge sur le litige avec Business Mauritius concernant l’application de la relativité salariale. « Nous savons qu’une demande de Judicial Review est en cours, mais il était aussi question d’engager des discussions avec Business Mauritius. Nous aimerions bien savoir ce qui s’est passé car des milliers de travailleurs sont toujours en attente », conclut Atma Shanto.