Le manque d’infirmiers dans nos hôpitaux met les patients en danger. Les infirmiers, débordés de travail et fatigués des longues heures de service, ne parviennent plus à accorder des soins de qualité aux malades. Résultat : les patients sont victimes de pratiques dangereuses. Par exemple, il n’y a pas de contre-vérification dans la distribution des médicaments en salle. « Nous avons longtemps déploré la situation, mais le ministère fait la sourde oreille. Si demain il y a problème, ce ne sera pas notre responsabilité », dit Bagooaduth Kallooa, président de la Nursing Association (NA). Le syndicat lance un ultime appel au ministère de la Santé pour recruter du personnel au plus vite. Dans le court terme, la NA suggère à la Santé d’avoir recours au Bank scheme pour encourager les infirmiers dans leur tâche.
« Napli kapav riské la vie malades » , dit Bagooaduth Kallooa. Trop, c’est trop. La situation est devenue chaotique et il risque d’y avoir, sous peu, des conséquences fâcheuses, dit-il. Les infirmiers, en nombre restreint dans tous les hôpitaux de l’île, sont overload. « Là où il faut un charged nurse, deux infirmiers et un aide-soignant dans une salle, nous notons qu’un infirmier et un aide-soignant au poste », dit-il. Selon lui, souvent, surtout lorsqu’il faut des transfusions sanguines, l’infirmier, qui est seul à son poste, doit quitter la salle et aller à la banque de sang. Un exercice qui requiert au moins une vingtaine de minutes : « C’est irresponsable de quitter la salle avec les patients, mais seul un infirmier a le droit d’aller chercher le sang à la banque. Il est obligé de le faire, sinon le malade ne recevra pas de soins appropriés », dit le président de la NA. « Mais que se passerait-il si, entre-temps, un des malades fait un chute ou une crise? »
Une infirmière pour 45 mamans et 20 bébés
Ce constat de manque de personnel est le même dans tous les hôpitaux de l’île et cela, qu’importe les départements. « A la maternité, c’est pire. Une infirmière pour 45 mamans et 20 bébés », s’insurge Bagooaduth Kallooa. Rapellant qu’il est essentiel pour l’infirmier d’être très vigilant lorsqu’il dose l’injection d’antibiotiques à administrer à un patient et qu’un cross-check est nécessaire, la NA indique que, dans la situation actuelle, « cela ne se fait pas ». Les infirmiers sont tellement débordés en salle qu’ils ne sont pas en mesure de tout contrôler, dit-il. Et de déplorer le manque de temps pour les infirmiers pour manger ou se reposer après 13 heures de travail. La NA souligne qu’un seul infirmier ne peut accomplir les tâches de deux personnes. « Lorsqu’un infirmier est absent, il est remplacé par un Health Care Assistant. Quand il y a des absents, l’administration redéploie le personnel », dit le syndicat. Qui plus est, indique la NA, la Santé veut réduire les coûts pour le paiement des heures supplémentaires. « Mais dans ce cas, on recrute du personnel additionnel pour faire fonctionner le service », dit Bagooaduth Kallooa.
48 lits dans une salle prévue pour 24 lits
Autre situation intolérable dans les salles : le manque d’espace. Selon Bagooaduth Kallooa, dans certains hôpitaux, le nombre de lits est passé de 24 à 48. « Les malades qui bénéficient d’un lit de camp n’ont pas de guéridon. Ils doivent poser leurs effets personnels à même le sol ou sur une chaise. » S’élevant contre la pratique de placer des lits additionnels dans les salles, le président de la NA indique également que les infirmiers se retrouvent contraints, des fois, de contacter les proches des malades aux petites heures pour qu’ils viennent les récupérer, afin de faire de la place pour les autres. « Les patients sont des humains, pas des commodités », ajoutant qu’il n’y a plus de wardsspécialisés car des patients de toutes catégories y sont admis, faute de places ailleurs.
Le président de la NA soutient avoir avisé le ministère de la Santé, depuis août 2010, de la situation précaire prévalant dans les hôpitaux. Toutefois, l’ancien ministre de la Santé, Maya Hanoomanjee, avait fait savoir que le budget ne faisait pas provision pour de nouveaux recrutements. Bagooaduth Kallooa indique qu’il a adressé une nouvelle lettre, en ce sens, au Supervising Officer de la Santé. Jusqu’ici, toujours pas de réaction du ministère. La NA demande au ministère de la Santé d’assumer ses responsabilités. Autrement, la NA compte mobiliser ses troupes pour une manifestation dans les hôpitaux prochainement. « Il ne faut pas que la Santé cherche des boucs émissaires en cas de problèmes graves chez les malades à cause du manque d’infirmiers en salle », dit le syndicat, qui lance un ultime appel au ministère pour considérer cette situation chaotique et recruter de nouveaux infirmiers. En attendant, consciente que cet exercice peut prendre encore quelques mois, la NA suggère à la Santé d’allouer un bank scheme aux infirmiers pour les encourager dans leur tâche.
SANTÉ PUBLIQUE: Manque d’infirmiers dans nos hôpitaux : patients en danger
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