Le chef commissaire de l’ARR, Franceau Aubret Grandcourt : « L’âme et la culture rodriguaises seront préservées »
Une étape importante dans la réalisation d’un des plus importants projets d’infrastructures jamais réalisé à Rodrigues, à savoir la construction d’une nouvelle piste d’atterrissage, a été franchie hier avec la signature d’un accord engageant le gouvernement, la Banque mondiale et l’Union européenne (UE). Le chantier de la piste d’atterrissage, d’une longueur de 2 100 mètres, et des installations associées sera en effet financé par un prêt de USD 184 millions (Rs 8,5 milliards) de la Banque mondiale et une subvention de 16 millions d’euros (Rs 832 millions) de l’UE, alors que le gouvernement, lui, a prévu des investissements de Rs 1,4 milliard. Lors d’une cérémonie organisée à l’hôtel Labourdonnais, deux accords ont été signés, soit par l’ambassadeur de l’UE, Oskar Benedikt, et la directrice régionale de la Banque mondiale, Idah Pswarayi-Riddihough, le second accord étant passé entre le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et la directrice régionale de la Banque mondiale. Plusieurs hautes personnalités rodriguaises avaient fait le déplacement à Maurice à cette occasion, dont le chef commissaire de l’Assemblée régionale de Rodrigues, et Franceau Aubret Grandcourt, le chef commissaire adjoint, Johnson Roussety. Était aussi présent le représentant résident du Groupe de la Banque mondiale pour Maurice, Sjamsu Rahardja.
Renganaden Padayachy a remercié la Banque mondiale et l’UE pour « cette coopération décisive ». Rappelant que « tout au long des années, ces instances ont été à nos côtés pour permettre le développement socio-économique du pays », il a réitéré le fait que le pays a connu une croissance de 7% en 2023 et que le PIB par habitant a atteint le niveau de USD 11 400, soit non loin du statut de pays à revenus élevés.
Le ministre des Finances a fait ressortir qu’au titre de l’enveloppe de l’accord de partenariat économique intérimaire régional, une somme de 10 millions d’euros a été allouée pour la période 2018-2024 afin de renforcer l’investissement et le climat des affaires. La Banque mondiale a apporté un soutien technique continu à des secteurs clés, dont l’agriculture, l’éducation, le Ease of Doing Business, les services financiers, le marché du travail et l’inégalité des revenus, entre autres, dit-il.
Le nouveau cadre de partenariat avec le pays 2023-2027 donne le ton d’un engagement plus fort avec le Groupe de la Banque mondiale dans les secteurs d’importance pour le pays. Le ministre a indiqué que ce projet stratégique pour Rodrigues aspire à améliorer la connectivité aérienne et à contribuer au développement durable global de l’île. Sur ce point, il s’appuie sur le fait que la desserte aérienne est un moyen de transport indispensable pour Rodrigues et qu’elle sert de lien avec l’extérieur. La construction de la nouvelle piste et des installations associées ouvrira donc l’option d’accueillir de plus gros porteurs et augmentera la capacité de l’aéroport.
Renganaden Padayachy a qualifié l’événement d’hier de « moment historique » pour le projet d’aéroport de Rodrigues. En plus de la construction de la piste d’atterrissage, l’assistance financière servira aussi pour assurer la dimension technique et les petits investissements clés visant à améliorer le système agroalimentaire de Rodrigues, ainsi que les ressources en eau et le développement durable du tourisme dans l’île.
Franceau Aubret Grandcourt est, lui, revenu sur la promesse faite par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à l’effet que le projet de la piste d’atterrissage de Rodrigues serait concrétisé. Il a aussi rendu hommage à Idah Pswarayi-Riddihough, de la Banque mondiale, pour son engagement, et a mis en exergue le travail abattu par Johnson Roussety dans les négociations avec les partenaires économiques.
Il a aussi salué l’UE pour son soutien à la mise en œuvre de ce projet, conçu pour améliorer la vie des habitants de Rodrigues. Tout en se disant satisfait que l’âme et la culture rodriguaises seront préservées à la suite de la réalisation de ce projet d’envergure.
Pour sa part, l’ambassadeur Benedikt est d’avis que la cérémonie constitue une nouvelle étape dans la collaboration entre Maurice et l’UE. Cette dernière, dit-il, a soutenu divers projets à Rodrigues depuis des années dans les domaines de l’agriculture et du développement durable, « et continuera de le faire ».
Pswarayi-Riddihough, dans un discours plein d’émotion, a, lui, avancé que le projet devra améliorer la connectivité de Rodrigues avec l’extérieur, débloquant des opportunités économiques, autonomisant les communautés locales et renforçant les liens entre Rodrigues et Maurice. Elle a également réaffirmé l’engagement de la Banque mondiale à continuer de travailler en étroite collaboration avec les autorités locales pour trouver un équilibre entre croissance économique et préservation de l’environnement.
Le projet aéroportuaire comprend la construction d’une nouvelle piste de 2,1 kilomètres et des installations connexes, y compris une voie de circulation, des postes de stationnement pour les aéronefs et des systèmes de drainage modernes. Mais aussi la mise en œuvre de technologies économes en énergie, l’installation d’un balisage lumineux au sol de l’aérodrome, une nouvelle tour de contrôle et des systèmes de navigation, ou encore la modernisation des installations de sauvetage et de lutte contre les incendies. Les travaux devraient prendre fin dans deux ans, soit en 2027.