Religion – Lettre pastorale « Église à-venir : marchons ensemble avec espérance » – Mgr Durhône: « Nou al ver zot san zizman, san prezize, san parol denigran ek kominal »

L’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michaël Durhône, a présenté, hier matin, sa deuxième lettre pastorale depuis son épiscopat, intitulée « Église à-venir : marchons ensemble avec espérance ». Inscrite dans la continuité renouvelée de l’Église catholique, cette lettre pastorale jette les jalons d’une nouvelle Église tournée vers l’humain et invite les prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs à une réflexion sur leur engagement au sein de l’église et de la société mauricienne.

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Une équipe comprenant trois prêtres, une religieuse (les pères Georgy Kenny, Jean-Maurice Labour et Patrice de La Salle et Sr Lucianie Guillaume) et cinq laïcs (Audrey Carpooran, Catherine Beessoo, Joyce

Rouget, Pascal Nadal et Patrick Michel), sous la houlette du Père Jean-Claude Veder, a ainsi été mise sur pied pour dégager les rêves, les attentes et difficultés des différentes paroisses du pays.  L’évêque a aussi annoncé que des Assises sociales se tiendront le samedi 24 mai.

C’est entouré de représentants de personnes porteuses de handicap, du Père Eddy Coosnapen, de sœur Angélique et de Joyce Rouget que l’évêque de Port-Louis a tenu à présenter dans les grandes lignes sa lettre pastorale qui sera disponible gratuitement dans la prochaine édition de La Vie Catholique ce week-end et en vente dans toutes les paroisses à partir du 15 mars. Elle sera aussi disponible en ligne en version e-book, une première cette année.

« L’année dernière, j’avais publié ma lettre pour les jeunes après Pâques, soit Zenes dibout pou to pei, et ce, dans le contexte des législatives. Je les invitais à se poser des questions sur la citoyenneté et sur la responsabilité politique. Nous continuons cette année encore notre mission », déclare Mgr Jean-Michaël Durhône.

Le thème de la lettre « Église à venir marchons ensemble avec espérance » est en ligne avec le nouveau contexte social, économique, politique et culturel dans lequel évoluent le monde et l’Église. « Nous devons nous intéresser à la vie, à ce monde et à cette nouvelle réalité sociale, culturelle et économique. Nous devons tenir compte de cela. Dans ce contexte, nous marchons ensemble », avance-t-il.

Inspirée du Synode du Pape François, l’Église catholique a ainsi décidé de « mettre cela en application et nous avons cette responsabilité, avec le soutien de ses collaborateurs, dont l’État et les autres religions et cultures. » Il a de ce fait expliqué que marcher ensemble signifie réfléchir sur la nouvelle direction qui doit être prise avec « une seule mission d’annoncer Jésus Christ vivant et ressuscité » et il a précisé que « nous ne pouvons pas l’annoncer de la même manière qu’aux 17e ou 18e siècles. L’Église doit adapter son langage et sa manière de faire. »

Comité mis en place

Par ailleurs, le comité mis en place il y a un an « Église à-venir » composé de 10 personnes dédiées à recueillir les rêves et réflexions des paroissiens de l’île, a mené une réflexion profonde sur « comment soigner notre accueil et sur comment adapter notre mission aux situations réelles », citant notamment les situations de couples mariés, divorcés ou encore recomposés. Le comité s’est aussi penché sur comment favoriser le dialogue et l’écoute, dans la continuité de la réflexion lancée entre 1997 et 2000 sur « kot legliz pou ale ? » Et ce, en écoutant et en laissant les autres parler pour comprendre avant toute prise de décision.

Un autre axe discuté dans cette nouvelle mission de marcher ensemble avec espérance était, par ailleurs, de voir comment diriger l’Église. « Est-ce qu’elle est en lien avec les catholiques de différentes réalités et missions ? », se demande-t-il.

Mgr Durhône concède que « ce n’est pas facile de changer de mentalité. Comment faire ? Nous devons nous adapter aux nouveaux défis, à la crise sociale, à l’écologie. D’ailleurs, la dimension écologique est une grande question. Il n’est pas nécessaire d’avoir un grand cyclone pour voir comment le temps a changé. Il y a aussi les défis des institutions, l’indépendance des institutions et de la gouvernance. » Il a aussi parlé des jeunes tombés dans le fléau de la drogue ou encore des situations de suicide en milieu scolaire et de déclarer : « comment l’Église peut-elle fermer les yeux sur cela ? »

S’engager pour écouter le cri des pauvres

L’évêque de Port-Louis a lancé un appel aux prêtres, laïcs et religieuses pour réfléchir sur comment intégrer davantage les femmes et les jeunes « dans la manière dont nous correspondons. » La lettre pastorale met aussi en lumière le souhait de l’Église catholique d’être plus inclusive, notamment envers les personnes porteuses de handicaps. « Quelle est leur place dans notre mission et leur intégration dans la société ? »

Suivant les paroles du Pape François, il a avancé que la mission de l’Église est de se rendre plus proche des gens « ek nou al ver zot san zizman, san prezize, san parol denigran ek kominal. Nous devrons ouvrir notre cœur et esprit. » Il a lancé un appel en faveur d’un engagement dans des actions sociales. « Servir la vie sociale, économique, politique pour écouter le cri des pauvres de la terre est très important. Ouvrons nos cœurs et engageons-nous », exhorte-t-il en faisant état de l’intégration des Agaléens et Chagossiens.

Trois principaux axes de la lettre

Quant aux trois principaux axes de la lettre pastorale, Mgr Durhône affirme qu’il s’agit de l’espérance dans l’église, l’espérance dans la conversion à vivre et l’espérance dans le marcher ensemble. Joyce Rouget, représentant du comité Église à-venir, s’est pour sa part confiée sur la mission commune. Depuis la fin de 2023, la mission du comité est de réfléchir sur l’Église de demain. « Nous avons parlé aux équipes d’animation pastorale (EAP) qui existent depuis 20 ans et nous avons mis en place un système d’écoute pour chaque paroisse pour comprendre ce que vit l’Église », explique Joyce Rouget.

Elle a également précisé que « les rêves pour cette église de demain ont été entendus et que les prêtres ont fait le même exercice séparément. » Une synthèse de toute cette réflexion a été remise à l’évêque. La deuxième phase de la mission a débuté cette année, et il s’agira de voir « comment réaliser tous ces rêves que nous avons écoutés pour ensuite venir avec des propositions et des recommandations. »

Abordant le deuxième axe de la lettre pastorale sur l’espérance dans la conversion, le Père Eddy Coosnapen a parlé de l’importance d’accueillir le changement. « La première résistance, c’est la personne elle-même. Nous nous disons mo abitie fer sa, mais pour passer cette étape, nous devons avoir un regard sur nous-mêmes. Par rapport à ce projet Église à-venir, nous avons vu comment accueillir ce projet. Pour cela, chacun d’entre nous doit faire une conversion relationnelle, et cela concerne toutes les formes de relations en dehors de l’église », poursuit-il. Il a expliqué qu’il faut passer à une relation d’attitude pour changer les choses. « Il faut une conversion. Le travail est long et difficile et délicat parce que nous sommes tous des humains », reconnaît-il.

Mgr Durhône a aussi abordé la place de la femme au sein de l’Église catholique et a invité sœur Angélique à parler du rôle de la femme « porteuse de vie et source de vie » qui a aujourd’hui une vie plus active au sein de l’Église et de la société.

Corinne Latreille, mère d’un enfant porteur d’un handicap, a remercié pour sa part l’évêque « de nous avoir invités à venir ensemble, vous nous prenez on board. Nous nous sommes sentis invisibles pendant longtemps et là vous nous rendez visibles. »

Finalement, Yasheen Sumun, qui assurait la traduction en langage des signes du point de presse, a lui également salué l’initiative de l’évêque d’avoir contacté l’Aurally handicapped Persons Sports Federation. « Les chefs religieux donnent des conseils aux jeunes que nous-mêmes ne pouvons donner et cela est très important d’inclure tout le monde dans cette réflexion », se félicite-t-il.

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