Réduit Triangle : La lumière au bout du tunnel !

Shakeel Mohamed : « We are returning those lands »

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« No retreat, no surrender », telle était leur devise. Et pour cause, les membres du mouvement de contestation Rann Nou Later n’ont pas une seule fois baissé les bras, jusqu’à finir par trouver, après un an, la lumière au bout du tunnel. Le ministre du Logement et des Terres, Shakeel Mohamed, a affirmé au Parlement durant la semaine que les terres du Réduit Triangle seront rendues aux deux associations socioculturelles, soit l’Indo Mauritian Catholic Association (IMCA) et le Mauritius Tamil Cultural Center Trust (MTCCT). Une victoire, après un combat mené son sans péril. À savoir que la rencontre prévue hier sur le Réduit Triangle avec les sympathisants de l’association a été reportée.

« We are sticking to our commitment and we are returning those lands », a déclaré Shakeel Mohamed, ministre du Logement et des Terres, au Parlement, durant la semaine. Une phrase qui vient enterrer la hache de guerre entre le mouvement contestataire Rann Nou Later et les autorités. « La restitution de nos terres au Reduit Triangle. Une grande victoire » a, à cet effet, publié le porte-parole du mouvement Rann Nou Later, Devarajen Kanaksabee, qui, aux côtés de ses alliés, n’ont eu de cesse de lutter pour retrouver leurs terres à Réduit.
Pour Gaëtan Aurokium, vice-président de l’IMCA, « c’est un très bon signe et nous sommes très heureux. Nous n’avons pas baissé les bras, malgré tout ce que nous avons subi, y compris des violences physiques. L’histoire reconnaîtra le combat de tous ces seniors du mouvement Rann Nou Later », nous a-t-il confié, hier, au téléphone. Les membres du groupe continuent de suivre de très près cette affaire et attendent d’autres rencontres avec les autorités pour décider de la marche à suivre. C’est d’ailleurs ce qu’a prévu le ministre du Logement et des Terres, qui a décidé de référer l’affaire au bureau de l’Attorney General (voir encadré). « Nous allons entamer des discussions afin de trouver la manière la plus pratique de le faire », a-t-il ainsi affirmé.
Tout est bien qui finit bien, dira-t-on, et pourtant, cette affaire est bien loin d’être gagnée d’avance. Pour rappel, le Réduit Triangle est en fait un vaste terrain de plus d’un arpent. La région, auparavant identifiée pour être un Cultural Hub, est devenue ces dernières années l’objet de convoitise de plusieurs promoteurs immobiliers. C’est en 2001, sous l’Illovo Deal, que l’État mauricien acquiert des terres de la Lonrho Sugar Corporation. Le gouvernement d’alors caressait l’idée de créer un Cultural Hub, juxtaposé à l’Education Hub de Réduit. Selon l’ancien ministre du Logement et des Terres Steve Obeegadoo, face à l’« enormous strategic importance » de la région depuis 2006, l’État avait décidé d’ouvrir la porte à d’autres types de développement, dont celui d’un Medical Hub, la « silver tourism » étant devenue entre-temps le nouveau marché niche.
Ainsi, sous l’ère MMM-MSM, le terrain avait été alloué, entre autres, à quatre centres socioculturels, soit la Hindi Speaking Union, l’Indo Mauritian Catholic Association (IMCA), le Mauritius Tamil Cultural Center Trust (MTCCT) et l’Urdu Speaking Union. Le MTCCT devait alors lui construire son immeuble sur le lot RT 12 du domaine domanial du Triangle de Réduit. Il y a un peu plus d’un an, l’État mauricien demande de reprendre ces terres qui leur avaient été allouées. Dans une lettre officielle du ministère du Logement, en date du 28 avril 2023, adressée au président du MTCCT, un délai de 48 heures à compter de la réception dudit courrier est donné. Et ce, afin de commencer la construction de l’immeuble sur le lot RT 12 du domaine domanial du Triangle de Réduit, faute de quoi le bail serait résilié « de plein droit ».
Commencent alors les hostilités. En 2023, deux questions parlementaires, dont une de Deven Nagalingum (PQ B/438) et une PNQ du leader de l’opposition d’alors, Xavier-Luc Duval, sont posées au Parlement. Le ministre du Logement et des Terres répond alors qu’aucune objection n’avait été enregistrée et que tout avait été fait selon les règles. Face à de telles déclarations des autorités de tutelle, un mouvement de contestation prend naissance sous la houlette de Devarajen Kanaksabee. Il est ensuite rejoint par d’autres associations, dont l’IMCA, qui a logé une plainte en Cour. Plusieurs actions citoyennes sont organisées, dans l’espoir de faire entendre raison aux autorités de tutelle qui campent sur leur position, tentant par tous les moyens de contenir la colère et la déception des contestataires.
En début de cette année, Steve Obeegadoo avait affirmé qu’en plus de proposer un nouveau terrain à Côte d’Or – après avoir proposé un terrain à la Vigie -, l’État prendrait en charge la construction des centres socioculturels. Que nenni ! D’ailleurs, à quelques mois des élections générales, à l’occasion de la cérémonie de remise de contrats de bail à la Hindi Speaking Union, au Mauritius Tamil Cultural Centre Trust et à l’Urdu Speaking Union, à Côte d’Or, une manifestation pacifique de quelques membres du mouvement Rann Nou Later a dégénéré en altercation avec les forces de l’ordre. Un des manifestants a été blessé et conduit à la clinique Welkin pour y recevoir des soins, tandis que les autres manifestants ont été embarqués par la police avant d’être conduits au poste de police de Moka.
Malgré cela, les membres et sympathisants de Rann Nou Later n’ont pas décoléré. Il aura fallu attendre un an et quelques mois pour obtenir gain de cause. Leur devise initiale de « No retreat, No surrender » aura ainsi porté ses fruits. Affaire à suivre.Le Luxury Retirement Village dans le viseur des autorités

Shakeel Mohamed a confirmé que « there was an application for state land on 22 June 2024 by Luxury Retirement Village Ltd », soit sur ledit Réduit Triangle où des terrains avaient été alloués à six associations socioculturelles. Des démarches seront entamées pour annuler la Letter of Reservation.
En effet, si la Mauritius Marathi Mandali Federation et la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation ont déjà construit leurs centres sur le terrain, les quatre autres, soit la Hindi Speaking Union, l’Indo-Mauritian Catholic Association, le Mauritius Tamil Cultural Centre Trust et la Urdu Speaking Union, n’ont, à ce jour, entamé aucune construction. Et si en début d’année deux des quatre associations ont accepté de céder leurs terrains à Réduit pour ceux à Côte d’Or, Shakeel Mohamed a relevé que « les parcelles de terrain récupérées auprès de la Hindi Speaking Union et de la Urdu Speaking Union sont actuellement clôturées », et ce, malgré le fait que Luxury Retirement Village n’ait obtenu qu’une Letter of Reservation en 2023. Pour lui, « the Luxury Retirement Village has fenced, in my view, wrongly the land allocated to it. »
Il a aussi indiqué que l’affaire sera référée au bureau de l’Attorney General, car selon ses informations, plusieurs clauses de la Letter of Reservation n’ont pas été respectées, notamment sur les intentions de Luxury Village concernant l’equity financing et sur les négociations entre la « MIC and the State Bank by that same company to the tune of several hundred million rupees without the authorisation being sought first. There is, therefore, potentially another violation of the letter of reservation. » Le gouvernement espère obtenir une annulation de la Letter of Reservation en bonne et due forme.

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