Rassemblement des ex-employés licenciés de la BCE : Sur le pavé et sans indemnités de licenciement…

Plus de deux ans se sont écoulés depuis que 500 employés, dont 308 Mauriciens, de Building and Civil Engineering Co Ltd (BCE), sise à Bambous, ont été licenciés dans des circonstances troubles. Après avoir joué leur va-tout dans une tentative désespérée de percevoir des indemnités financières de licenciement à travers le Redundancy Board et des actions légales, les ex-employés attendent avec impatience le verdict de la Cour suprême qui sera prononcé le 5 juillet. Ils étaient une dizaine de ceux-là à s’être déplacés hier au Jardin de la Compagnie pour participer à une manifestation pour réclamer que leurs droits et leur dignité soit respectés.

- Publicité -

Elle avait joué un rôle considérable dans le secteur de la construction à Maurice. Après 75 ans d’existence, BCE a fermé ses portes le 15 juillet 2022. Cette compagnie avait été placée en liquidation, sous l’Insolvency Act, et 500 employés se sont retrouvés sur le pavé. L’« impossibilité de trouver les fonds nécessaires pour maintenir nos activités » avait été mise en avant par la compagnie pour expliquer la fin de ses activités qui a eu l’effet d’une bombe du côté de ceux qui comptaient plus de 25 ans de bons et loyaux services dans les différents départements (maçonnerie, supervision, tourneur, attendant, chauffeur, multi-skill worker, laboureur, etc.) qui n’ont eu droit qu’à un mois de salaire au moment de leur licenciement. Aussi, les liquidateurs avaient opposé une fin de non-recevoir à leur requête pour que leurs années de service soient comptabilisées afin d’avoir droit à des indemnités raisonnables. Ils n’ont rien perçu et ça fait deux ans qu’ils se démènent comme de beaux diables pour que « justice nous soit rendue. »

Ce n’est pas faute d’avoir fait feu de tout bois, par le biais de leur avocat Me Shakeel Mohamed, qui avait soutenu que « les liquidateurs ont agi illégalement et auraient dû se tourner vers des institutions financières pour trouver des solutions au lieu de les mettre à la porte, alors que son ardoise financière semble favorable. ». L’avocat avait fait valoir qu’« il incombait au Redundancy Board d’autoriser un licenciement, et non pas aux liquidateurs. Or, il n’y a pas eu de consultation ni avant ni après le licenciement. » Après avoir obtenu le feu vert de la Cour suprême « to grant the applicants leave to initiate legal proceedings against Building and Civil Engineering Co Ltd before the Redundancy Board of Mauritius », les licenciés ont été frustrés d’assister à plusieurs renvois de séances durant ces deux dernières années. Ils espèrent que le couperet tombera enfin le 5 juillet en Cour.
Afin de mobiliser les troupes en vue de cette échéance, des ex-employés de BCE se sont réunis hier au Jardin de la Compagnie. Personne n’avait prédit qu’une compagnie qui a des racines qui remontent à plus de 70 ans aurait aussi rapidement mis la clé sous le paillasson. « Cela faisait 31 ans que j’y travaillais quand il y a eu la fermeture. Je pensais avoir trouvé une stabilité dans cette société, mais ça été un véritable coup de massue que j’ai reçu en retour », confie Jean-Paul Paulen, 60 ans, qui comme d’autres travailleurs de la BCE âgés de plus 55 ans avait opté, bon gré mal gré, pour la retraite au moment de son licenciement, sans toutefois pour jouir de son dur labeur comme il l’aurait souhaité.
Jean-Paul Paulen nous a raconté la genèse de ce triste épisode qui a débuté en 2018 : « Il faut comprendre que jusqu’à 2018, nous étions environ 200 personnes à travailler pour une autre compagnie de construction nommée COGIR. On nous a menés en bateau avant qu’on nous annonce que COGIR a fusionné avec BCE. Nos problèmes ont commencé à partir de là. Nos démarches auprès des autorités pour être fixés sur le maintien de nos conditions et nos droits acquis n’ont abouti à̀ rien. Nous ne touchions plus nos salaires à la quinzaine, comme c’était le cas auparavant. Ce qui pour nous représentait un manque à̀ gagner. J’ai été anéanti lorsqu’on m’a mis à la porte sous de prétextes fallacieux. Les actionnaires de la compagnie sont des menteurs. Je pèse mes mots. »

Louis Germain Bapomm, 50 ans, a eu toutes les peines du monde avant de trouver un autre emploi dans le domaine de la construction, après son licenciement qui a sonné la glas de 23 ans de service au sein de BCE et COGIR. « C’est difficile de trouver du travail à l’âge où nous sommes arrivés. Mo me travay avek enn kontrakter me li pa parey. Inn met nou deor san nanye. Nou espere zot pran nou kont aster et ki la zistiss triomfe. Bizin gete ki pou fer ar nou. Nou bizin viv. Nou ena proze pou fam ek zanfan. Je demande au gouvernement de considérer notre cas. La situation est en train de s’aggraver pour bon nombre d’ex-employés qui ont sombré dans la dépression », souligne l’ex-employé.

Manif du 6 juillet contre la main-d’œuvre 100% étrangère
Mobilisation dans le secteur du port franc
Le panel constitué de la General Workers Federation (GWF), du Joint Negociating Panel (JNP) et de la Private Sector Union (PSU) veut ratisser large en vue de la manifestation qui aura lieu le 6 juillet dans les rues de la capitale pour protester contre la décision du gouvernement de donner son feu vert à certains secteurs économiques pour recruter une main-d’œuvre 100% étrangère. Les membres des trois groupements syndicaux, avec Ashok Subron en première ligne, ont rencontré des dizaines de travailleurs opérant dans le secteur du port franc au cours de la semaine écoulée, qui ont favorablement répondu à l’appel à manifester. Les syndicalistes ont notamment rencontré les employés de Freeport (Operations) Mauritius et Froid des Mascareignes. Ils comptent rencontrer cette semaine d’autres travailleurs issus des secteurs de l’ICT-BPO, de la bijouterie et de la fabrication qui sont également concernés par cette libéralisation à outrance du marché du travail aux étrangers par le biais de l’abolition des quotas.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -