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Rapports internationaux sur les libertés d’expression et la bonne gouvernance : Le “feel good factor” inspiré par Maurice en chute libre !

Maurice se retrouve aujourd’hui à mi-chemin des États qui respectent le mieux les droits fondamentaux et ceux qui les bafouent le plus

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Le pays continue sa descente aux enfers en Afrique, ne prenant qu’une modeste 12e place loin derrière le Botswana (1er), la Namibie, le Sénégal, l’Afrique du Sud et pire, les Seychelles, sur le plan démocratique

Sur le plan des opportunités économiques, le rapport Mo Ibrahim est sans équivoque : « Mauritius has declined over the decade and is on a path of increasing deterioration »

En ce mois de janvier 2023, la publication de deux rapports internationaux qui communiquent des informations sur des éléments caractérisant l’état de la démocratie dans un pays, à savoir le Global Index of Free Expression et celui de la Bonne gouvernance de Mo Ibrahim, n’est guère réjouissantes dans l’ère post-Covid pour la réputation internationale de Maurice, qui continue à se détériorer, si l’on en croit les conclusions de ces deux études au point où Maurice, longtemps une référence en Afrique, semble avoir perdu le « feel good factor » démocratique qu’il dégageait à travers la continent.

D’abord, pour ce qui est du Global Index of Free Expression, Maurice est pointée du doigt en termes de pratiques démocratiques et de liberté d’expression comme étant « Significally Narrowed », selon un nouvel indice mondial de la liberté d’expression, dans les trois domaines, soit Media/Press Freedom, Digital Freedom et Academic Freedom. Sur le plan international global, Maurice se retrouve à une bien modeste 62e place avec une moyenne de 5 sur une échelle variant de 1 à 10 qui classe les États entre ceux qui respectent le mieux les droits fondamentaux et ceux qui les bafouent le plus. Maurice se trouve à mi-chemin de cette échelle avec un indice 5.

Mais c’est sur le plan démocratique en Afrique que le recul de Maurice est le plus significatif et devrait inquiéter les dirigeants du pays. Longtemps présenté comme l’un des meilleurs modèles de pratiques démocratiques sur le continent, Maurice continue sa descente aux enfers, ne prenant qu’une 12e place loin derrière le Botswana (1er), la Namibie, le Sénégal, l’Afrique du Sud et, pire, les Seychelles, considérés comme respectant mieux que nous le droit des individus. Cette tendance se confirme au niveau de l’index de la liberté d’expression où Maurice est devancée par le Ghana, la Sierra Leone, l’Angola, le Bénin, le Kenya, le Lesotho et le Malawi.

Ces indices sont basés sur des données compilées à partir d’un certain nombre d’études reconnues comme fiables, notamment l’Indice mondial de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières, V-Dem – qui a qualifié Maurice d’autocratie dans son dernier rapport –, le Comité de protection des journalistes, l’Observatoire des journalistes tués de l’Unesco, l’Indice mondial de la cybersécurité et le Netblocks’ Cost of Shutdown Tool.
Mo Ibrahim : Maurice toujours en tête de liste mais son image s’assombrit

À noter que pour les pays considérés les plus respectueux de la liberté d’expression dans le monde, on retrouve l’Australie, l’Autriche, la Belgique, la Finlande, l’Allemagne, l’Irlande, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et la Suisse, qui sont dans le peloton de tête pour chacune des libertés individuelles. Les pays les moins bien classés sont la Chine, la Biélorussie, la Birmanie /Myanmar, le Soudan du Sud, la Corée du Nord et l’Arabie saoudite, qui sont, depuis longtemps, pointés du doigt pour réprimer la liberté d’expression, selon le Global Index of Free Expression.

Pour ajouter à la perception ou réalité que l’étoile mauricienne pâlit sur le plan africain et dans le monde, le rapport Mo Ibrahim, qui a été publié cette semaine, montre que le pays enregistre un recul significatif sur le plan du respect des droits fondamentaux, de la bonne gouvernance et, plus encore, sur le plan démocratique, en phase avec , si ce n’est plus vite que – le déclin presque généralisé de ces indices en Afrique. Selon l’indice Mo Ibrahim, près de 70% de la population africaine est confrontée à l’insécurité depuis 2012. Coups d’États, conflits armés, régimes autoritaires…

Pour rappel, l’indice Mo Ibrahim classe les États du continent selon leurs efforts en matière de sécurité, de participation, de développement humain et d’opportunités économiques.
Si le pays conserve sa place sur la plus haute marche du podium dans le dernier rapport de Mo Ibrahim, force est de constater que son indice sur les trois dimensions sécurité /règle de droit, participation /inclusion et fondation des opportunités économiques continue de se détériorer rapidement depuis ces dix dernières années. Même sur le plan des opportunités économiques, le rapport Mo Ibrahim est sans équivoque : « Mauritius has declined over the decade (-0.5) and is on a path of increasing deterioration », alors que le pays avec lequel il partage la première place, la Tunisie, progresse de +7,9 pour cet indice.

Pour ce qui est de la bonne gouvernance, le score de Maurice en 2021 est le plus bas jamais enregistré jusqu’ici (74.9), mais il réussit à se maintenir en tête du classement, comme cela a été le cas lors de la dernière décade. Maurice fait néanmoins partie des 19 pays dont l’indice recule, alors que les 35 autres des 54 pays africains progressent à cet item. Ce recul de Maurice est, surtout, dû à l’insécurité et au recul démocratique dans un contexte où « les conditions de vie des Mauriciens se dégradent de plus en plus (RFI) » et « une détérioration de la dimension développement humain » caractérisée par « la baisse de l’efficacité de l’administration publique et de la capacité du système statistique » et « les déclins de l’environnement des entreprises et du travail entraînés par la détérioration des relations industrielles. »

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