Entre enlèvements, séquestrations et « chaos informationnel », la pratique du métier de journaliste est toujours difficile dans certains pays, selon le classement 2023 de Reporters sans Frontières (RSF) publié mercredi dernier 3 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, comme décrétée par les Nations Unies en 1993. Pour Maurice, Reporters sans Frontières déplore « l’existence des médias politisés, avec la station de radiotélévision nationale (MBC) et les médias proches du pouvoir qui font davantage de la propagande pro-gouvernementale »
Maurice a beau être cité en exemple au niveau du continent africain en termes de démocratie et d’économie, il lui reste des efforts à faire quant à la liberté de la presse, exhorte Reporters Sans Frontières. Le pays a, certes, progressé de la 64è à la 63è place sur 180 pays, mais la forte polarisation du paysage médiatique et les attaques en ligne contre des journalistes inquiètent. RSF déplore l’existence des médias politisés, avec la station de radiotélévision nationale et les médias proches du pouvoir qui font davantage de la propagande pro-gouvernementale.
Mais RSF ne voit pas, non plus, d’un bon œil, « les médias qui brossent l’opposition dans le sens du poil, ce qui les place au pied du mur : ils sont susceptibles d’être boycottés par le pouvoir ». RSF met aussi l’emphase sur des médias à la liberté de ton bien réelle, mais qui ont tendance à faire du sensationnalisme, ce qui peut nuire à la qualité de l’information et « dans ce paysage médiatique, les médias indépendants, sérieux et fiables peinent à trouver leur place ».
Les médias sérieux et fiables peinent à trouver leur place
Elle revient ainsi sur les sanctions contre les médias proches de l’opposition, en rappelant le cas d’une radio privée qui a écopé d’une interdiction de diffusion de 72 heures pour une déclaration de l’un de ses invités. RSF déplore aussi que le cadre légal ne protège pas les journalistes. Ainsi, la loi sur la régulation des médias, votée il y a deux ans, ne remet pas en cause seulement le secret des sources, tout en durcissant les conditions de fonctionnement des radios, mais elle renforce les sanctions contre les journalistes.
Idem pour une autre loi de 2018 sur l’information et les télécommunications qui prévoit des peines de prison pour les auteurs de contenu en ligne « contraignants » ou « dérangeants ».
MBC: manque d’indépendance
Enfin, RSF pointe du doigt ces lois héritées de la période coloniale comme l’Official Secrets Act qui sont toujours en vigueur, et qui pourraient sanctionner des fonctionnaires qui fourniraient des informations sensibles à des journalistes.
L’emprise du gouvernement sur le fonctionnement de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), dont le directeur général est nommé par nul autre que le Premier ministre, et le manque d’indépendance de l’organe de régulation ne contribuene pas à l’émergence d’un journalisme de qualité, explique RSF. Il est intéressant de placer ces observations de Reporters sans Frontières en parallèle avec celles du dernier rapport du département d’État Américain, récemment.
Au chapitre de la liberté d’expression, le Département d’État des USA se fait l’écho des protestations contre la mainmise du pouvoir sur la MBCTv : « The government owned the sole domestic television network, MBC TV.
Opposition parties and media commentators regularly criticized the station for its allegedly progovernment bias and unfair coverage of opposition parties, as well as alleged interference in the network’s daily operations by the senior adviser in the Prime Minister’s office. Stringent limitations in the law on foreign investment in local broadcast media deter the establishment of independent television stations ».